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Urgences-santé fait appel à l’IA pour optimiser les soins préhospitaliers

La Presse Canadienne|Publié à 15h22

Urgences-santé fait appel à l’IA pour optimiser les soins préhospitaliers

Urgences-santé fournit chaque année des soins paramédicaux à 2,5 millions de personnes à Montréal et Laval. (Photo: Ryan Remiorz La Presse Canadienne)

Urgences-santé et Airudi, une PME québécoise spécialisée en conception de solutions d’IA, ont annoncé jeudi un partenariat propulsé par l’intelligence artificielle qui vise à optimiser les soins préhospitaliers.

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«L’objectif est de doter l’équipe d’Urgences-santé de tableaux de bord intelligents qui vont lui donner accès à des données en temps réel et l’aider à prendre les meilleures décisions», a expliqué en primeur à La Presse Canadienne la cofondatrice et vice-présidente des opérations chez Airudi, Amanda Arciero.

Urgences-santé fournit chaque année des soins paramédicaux à 2,5 millions de personnes à Montréal et Laval. La société reçoit environ un millier d’appels par jour, soit environ 36% des demandes d’ambulance au Québec. 

On anticipe que cette demande bondira de 10 % de Montréal et Laval, ce qui ajoutera une pression additionnelle sur la charge de travail des ambulanciers paramédicaux.

Urgences-santé estime que son partenariat avec Airudi lui permettra de mieux prédire la demande, ce qui devrait mener à une meilleure planification et à une meilleure gestion des effectifs paramédicaux.

À cette fin, la plateforme MODUS analysera les données historiques, mais aussi des informations en temps réel et d’autres facteurs qui peuvent avoir un impact sur la demande, comme les données démographiques locales, la météo et les conditions routières.

Un algorithme sophistiqué d’apprentissage machine intégrera ces divers éléments pour développer un modèle de prédiction du volume d’appels, optimisant ainsi la planification des effectifs et proposant des scénarios de déploiement optimaux pour répondre au niveau de service attendu, a-t-on expliqué par voie de communiqué.

Mais il s’agira d’abord et avant tout de prédictions, a souligné Amanda Arciero.

«La comparaison qu’on utilise parfois est celle de la météo, donc l’utilisateur doit avoir un seuil de tolérance, a-t-elle dit. Les prévisions de la météo ne sont pas toujours parfaites, mais ça donne quand même un bon indicateur et on est en mesure de savoir si demain on amène un parapluie ou pas. Donc c’est vraiment la même dynamique qu’on vient mettre en place à travers l’utilisation de nos produits.»
Avec cette solution, Urgences-santé cherche à se munir d’une aide à la décision qui permettra «d’assurer une réponse immédiate ou quasi-immédiate à la population» en cas de besoin, a dit son directeur général adjoint – exécutif, Mathieu Campbell.

«Urgences-santé est présent au moment où (l’événement) survient ou encore en se basant sur les tendances des dernières années, a-t-il rappelé. Mais là, ce qu’on cherche à faire, c’est de se projeter en amont pour avoir une adéquation entre l’offre et la demande.»

Urgences-santé est évidemment doté de capacités qui lui permettent de répondre aux appels urgents, a dit M. Campbell, «mais c’est difficile de savoir que dans la prochaine heure ou dans les prochains jours si on va avoir une hausse marquée d’appels».

«C’est sûr que si annonce une tempête de verglas, on est capable de le savoir puis on se structure, a-t-il indiqué. Mais au-delà de ça, il y a d’autres facteurs, comme des facteurs démographiques, qui viennent vraiment influencer la capacité de réponse, et c’est là qu’on pense que cette solution va nous permettre de prendre de l’avance (…) et d’optimiser notre réponse.»

Les employés actuellement en poste sont des gens d’expérience qui sont en mesure, à partir de données comme les conditions actuelles ou les tendances des dernières années, de «bien gérer leurs effectifs», mais ils se fient aussi beaucoup à ce que M. Campbell appelle amicalement «leur pifomètre».

«Mais nous sommes dans un contexte social où il y aura plusieurs départs à la retraite, donc beaucoup de pertes de connaissances, a-t-il ajouté. Il y a aussi des tendances qui vont changer et qu’on n’avait pas vues avant.»

Mme Arciero et M. Campbell s’entendent d’ailleurs pour dire que l’intelligence artificielle ne vient «pas du tout» remplacer l’expertise humaine, mais surtout la complémenter.

Les employés en poste ont accès à une multitude d’informations, mais ils doivent les traiter et les analyser, et il y a une limite à ce qu’ils peuvent faire dans le cadre de la gestion quotidienne, a dit M. Campbell.

«Le tableau de bord va venir alimenter la prise de décision, a dit M. Campbell. Ça ne remplace pas l’humain, ça vient le soutenir dans ses opérations. La solution va donner un portrait complet pour prendre la bonne décision.»

On vise notamment à atteindre un juste milieu entre le nombre d’ambulances qui sont disponibles pour répondre aux urgences qui ne peuvent attendre et pour répondre aux autres priorités, a-t-il précisé.

Ce partenariat éveille la curiosité de plusieurs autres services ambulanciers, entre autres du côté de l’Alberta et de la Nouvelle-Écosse. On pourrait aussi envisager d’adapter la solution au milieu hospitalier, par exemple pour anticiper l’achalandage de l’urgence, a dit Mme Arciero.

«Ça pourrait être envisageable moyennant plusieurs conditions, notamment la disponibilité des données, a-t-elle expliqué. C’est souvent un défi dans certaines organisations d’avoir une maturité au niveau de la disponibilité des données. Mais oui, certainement, c’est quelque chose qui pourrait être transposé dans le secteur de la santé.»

MODUS sera déployé progressivement au cours des prochains mois, et un déploiement complet est prévu pour le deuxième trimestre de 2026.

Par Jean-Benoit Legault