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Voici le PC à l’intelligence artificielle

Maxime Johnson|Publié le 02 octobre 2023

Voici le PC à l’intelligence artificielle

La puce Intel Core Ultra, qui équipera la prochaine génération d’ordinateurs portatifs dotés du système d’exploitation Windows, est dotée de circuits optimisés pour l’intelligence artificielle. (Photo: Intel)

Techno sans angles morts décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.

TECHNO SANS ANGLES MORTS. D’ici quelques mois, les fabricants de PC devraient tous se mettre à vendre des «PC à l’intelligence artificielle», un nouveau terme pour décrire la génération à venir d’ordinateurs dotés de puces optimisées pour les algorithmes d’apprentissage automatique. Techno sans angles morts vous dit tout ce qu’il faut savoir sur le sujet.

Qu’est-ce qu’un PC à l’intelligence artificielle?

L’«AI PC», ou PC à l’IA, est un terme imaginé par le fabricant de puces Intel pour classer les ordinateurs optimisés pour l’intelligence artificielle grâce à l’ajout d’une «unité de traitement neuronal» (NPU, pour Neural Processing Unit).

En pratique, un ordinateur doté d’une NPU peut effectuer certaines tâches, comme flouer l’arrière-plan lors d’un appel vidéo ou réduire le bruit ambiant dans une vidéoconférence, d’une façon beaucoup plus efficace que si le processeur central de l’ordinateur s’en était chargé ou que si le traitement avait été effectué dans le nuage.

«Nous croyons que l’ère du PC à l’IA entraînera une transformation profonde et stimulera l’innovation technologique», a récemment lancé le PDG d’Intel Pat Gelsinger, lors de la conférence pour développeurs Intel Innovation 2023 à San José, à laquelle Les Affaires était invité.

L’entreprise a annoncé lors de la conférence l’arrivée en décembre de sa prochaine génération de puces Intel Core Ultra (connue jusqu’ici sous le nom de code Meteor Lake), qui sera justement dotée d’une NPU. Les ordinateurs qui en seront équipés n’ont pas encore été dévoilés, mais le fabricant prévoit que plus de 100 millions de PC à l’IA trouveront preneurs d’ici 2025.

 

Est-ce une nouvelle technologie?

Le concept d’une NPU n’est pas nouveau. Apple offre même cette technologie sous le nom Neural Engine depuis 2017 dans ses iPhone et depuis 2020 dans ses ordinateurs Mac. Les téléphones dotés de puces de Google et de Qualcomm offrent aussi une technologie similaire. 

Pour Pat Gelsinger, le PC à l’IA n’est toutefois pas que relié à l’arrivée des NPU, mais aussi l’évolution du marché en général, avec le développement de nouveaux outils d’intelligence artificielle, comme des grands modèles de langage — la technologie derrière ChatGPT, notamment — assez petits pour fonctionner sur un ordinateur plutôt que dans un centre de données. Autrement dit, tous les astres sont maintenant alignés pour entraîner «une nouvelle ère de l’informatique», prédit le PDG d’Intel.

 

Quelles sont les possibilités d’un tel PC? 

Le plus grand avantage d’un PC doté d’une NPU est de pouvoir effectuer des tâches d’intelligence artificielle localement, sans que ses données personnelles soient téléversées dans le nuage. Le traitement est donc privé, plus rapide, plus sécuritaire et il peut être fait sans connexion Internet.

Lors de la conférence Intel Innovation, plusieurs solutions profitant de cette technologie ont été présentées. La plus intéressante était sans aucun doute Rewind.AI, une intelligence artificielle personnalisée qui agit en quelque sorte comme un disque dur pour notre cerveau.

«C’est une intelligence artificielle qui s’abreuve de tout ce que vous avez dit, lu ou entendu», résume le fondateur de l’entreprise Dan Siroker. Le logiciel capture tout ce qui se passe à l’écran de votre ordinateur, et enregistre les conversations que vous avez, ce qui permet ensuite de lui demander un résumé d’une conversation que vous avez eu avec quelqu’un, ou de retrouver le rapport où était inscrite une statistique d’intérêt.

 

Certains logiciels utilisant des outils d’intelligence artificielle poussés, comme Rewind.AI, pourront fonctionner localement, sans passer par le nuage informatique, grâce aux PC à l’IA. (Photo: Rewind.AI)

À l’heure actuelle, l’outil doit envoyer des informations à ChatGPT dans le nuage pour permettre certaines fonctionnalités, mais l’arrivée de modèles de langage plus petits (Llama 2 de Meta) et de NPU sur Windows permettra de faire fonctionner le logiciel localement, sans accès à l’Internet.

La jeune entreprise britannique Deep Render a quant à elle présenté une technologie utilisant l’intelligence artificielle pour améliorer de cinq fois la compression vidéo par rapport aux technologies actuelles. «Et nous croyons que nous pouvons l’améliorer jusqu’à 50 fois», estime Chri Besenbruch, cofondateur de l’entreprise.

Notons que cette technologie, qui devrait arriver sur le marché l’an prochain, peut aussi fonctionner sur un PC sans NPU, à condition qu’il soit doté d’une carte graphique. «Mais nous sommes alors limités à une résolution vidéo de 1080 p. Pour diffuser en 4K de cette façon, ça prend une NPU», explique-t-il.

 

L’IA générative locale remplacera-t-elle l’IA générative dans le nuage?

Certaines tâches qui étaient réservées aux centres de données ou aux PC dotés d’une carte graphique puissante pourront être réalisées localement avec une NPU.

Ça ne sera toutefois pas le cas pour tout. Du moins, pas à court terme.

Microsoft a d’ailleurs aussi lancé la semaine dernière de multiples fonctionnalités d’intelligence artificielle pour Windows 11. Certaines, comme le floutage de l’arrière-plan Windows Studio, sont traitées sur l’ordinateur et nécessitent une NPU. Mais la plupart, comme les fonctionnalités d’IA générative Copilot, qui permettent notamment de poser des questions complexes à Windows, sont toutefois traitées dans le nuage.

 

Est-ce une nouveauté technologique ou un concept marketing? 

Le concept de PC à l’IA est lié à des fonctionnalités technologiques bien réelles. Mais c’est aussi une façon beaucoup plus simple de vulgariser la nouvelle génération d’ordinateurs que d’annoncer l’arrivée d’«unités de traitement neuronal».

«C’est un peu des deux», confirme Greg Ernst, le vice-président d’Intel qui chapeaute les ventes et le marketing dans les Amériques. «On veut tout d’abord annoncer l’arrivée du PC à l’IA aux entreprises, pour qu’elles puissent se préparer à ces technologies. Puis, c’est le message que nous présenterons aux consommateurs par la suite, lorsqu’ils iront dans les magasins d’électronique l’année prochaine, par exemple», ajoute-t-il.

Autrement dit, le PC à l’IA est un concept dont on risque d’entendre beaucoup parler.