Zero Latency Montréal: se lancer dans la réalité virtuelle
Pascal Forget|Publié le 04 septembre 2019(Photo: Courtoisie)
Cette semaine ouvre à Montréal le centre de réalité virtuelle Zero Latency, le 34e dans le monde. C’est un centre de divertissement où l’on se déplace librement dans un espace de la taille d’un entrepôt, en portant un casque qui nous plonge dans un univers virtuel, pour tirer sur des zombies ou des robots. Jusqu’à 8 joueurs peuvent participer en même temps; tout l’équipement est sans fil, pour une expérience plus immersive.
Corinne Beaudoin a découvert l’expérience en mars dernier, lors d’un voyage à Las Vegas avec son conjoint et un ami d’enfance. Ils ont eu un gros coup de cœur pour le concept : ils ont décidé de s’associer pour ouvrir le plus rapidement possible un centre à Montréal.
Même si tout s’est ensuite passé très vite, ils ont pris le temps de faire leurs devoirs et d’analyser les chiffres. Les représentants de Zero Latency les ont accompagnés pour établir les projections financières, le plan marketing, mais aussi comment éviter les erreurs des sites qui ont moins bien fonctionné.
«Ils nous ont confirmés que tous les sites ouverts depuis six mois étaient rentables, et qu’aucun n’avait fermé en 3 ans. Pour quelqu’un qui n’avait jamais fait ça avant, c’était rassurant», explique Mme Beaudoin, qui était gestionnaire en aéronautique avant de se lancer dans l’aventure. Ses associés n’avaient pas non plus d’expérience en lancement d’entreprise : l’un était salarié chez Sobeys, l’autre dans l’immobilier commercial.
Les entrepreneurs ont cherché longtemps le local nécessaire, qui devait faire au moins 10 mètres sur 20 mètres, sans colonne ni obstruction.
Le bail, rue Jean-Talon, a finalement été signé le 8 juillet, semant le doute sur leur capacité d’ouvrir le centre à temps. Mais le lancement s’est fait à la date prévue, même si l’équipe a passé les dernières semaines en mode résolution de problèmes.
«Ce fut très exigeant. Ce qui nous a fait un velours, ç’a été de voir nos premiers clients après l’expérience. À la préouverture, nous avons eu aussi beaucoup plus de clients que prévu. Ça nous a rappelé pourquoi on fait ça!», mentionne l’associée.
Le premier centre Zero Latency a ouvert ses portes à Melbourne en Australie, en 2015, avant de s’établir dans une trentaine de villes.
L’ouverture d’un centre demande l’achat d’une licence, le paiement de royautés sur chaque billet vendu et le respect de normes strictes, incluant le prix minimum du billet et des spécifications techniques pour assurer la qualité de l’expérience. Par exemple, on a choisi de couvrir les murs d’une peinture spéciale à 300$ le gallon pour éviter les interférences du signal wifi.
Expérience en français
Pour respecter les règles d’affichage, l’entreprise est devenue Réalité virtuelle Zero Latency Montréal. Les associés ont aussi demandé la traduction des directives vocales du jeu en français, ce qui a demandé des coûts significatifs. «Pour protéger leur technologie très confidentielle, la compagnie a engagé des comédiens québécois francophones… en Australie», explique Mme Beaudoin.
La page des réservations, la même pour tous les sites mondiaux, a aussi été traduite en français.
Au total, le montant nécessaire pour démarrer le projet, incluant la rénovation du local et l’ajout de jeux d’arcade, se situe entre 500 000$ et un million de dollars.
Pas que pour les gamers
Le centre souhaite accueillir autour de 400 clients par semaine. Le noyau de la clientèle, environ 70%, sont des hommes de 25 à 40 ans, passionnés de jeux vidéo, qui possèdent une console de jeu à la maison. Pas besoin de faire de grande campagne de publicité pour les rejoindre : la plupart vont découvrir Zero Latency par le biais du bouche-à-oreille.
Les activités promotionnelles vont surtout viser les PME, pour leurs activités de team building. Contrairement aux autres sites dans le monde, l’établissement de Montréal est situé en ville, ce qui le rend facilement accessible.
Le reste de la clientèle sera composée de curieux, qui pourront découvrir la nouvelle technologie sans avoir à investir dans tout l’équipement nécessaire.
«J’avais envie d’ouvrir une entreprise qui reflète mes valeurs, qui me ressemblait, qui ressemblait à Montréal. Que ça ne soit pas que pour notre compte en banque. Avoir un projet comme ça, c’est une chance», affirme Mme Beaudoin.
Elle admet toutefois que ce n’est pas un projet pour tout le monde, qui demande de l’énergie, mais aussi d’avoir les reins solides financièrement. C’est pourquoi elle a eu envie de donner au suivant. «Une partie de nos employés sont en programme de réinsertion sociale, pour offrir une occasion à tous ceux qui croient en notre projet de le vivre avec nous.»
Elle évoque même la possibilité d’ouvrir de nouveaux centres avec leur collaboration, peut-être au Dix30, ou à Québec. «Mais avant d’y penser, il faut d’abord que les mathématiques fonctionnent et que les clients soient au rendez-vous, que l’investissement se rembourse, et que la technologie reste d’actualité, indique Mme Beaudoin. La réalité virtuelle en mouvement, c’est la nouvelle chose, est-ce que ce sera pour 5 ans? Est-ce que Zero Latency pourra nous proposer la suite?»
Si ce n’est pas le cas, elle aimerait trouver une autre expérience de jeu, mais cette fois développée à Montréal. Une invitation aux développeurs intéressés?
Le centre Zero Latency de Montréal est le deuxième à ouvrir au Canada, après celui de Toronto.