Une Première Nation exige l’arrêt de l’exploitation minière au Yukon
La Presse Canadienne|Publié le 03 juillet 2024Une Première Nation du centre du Yukon exige l'arrêt immédiat de toute activité minière sur son territoire traditionnel et une enquête indépendante sur la récente panne d'équipement dans une mine d'or qui, selon elle, pourrait être catastrophique. Le drapeau territorial du Yukon flotte à Ottawa, le 6 juillet 2020. (Photo: La Presse Canadienne)
Vancouver — Une Première Nation du centre du Yukon exige l’arrêt immédiat de toute activité minière sur son territoire traditionnel et une enquête indépendante sur la récente panne d’équipement dans une mine d’or qui, selon elle, pourrait être catastrophique.
La cheffe Dawna Hope, de la Première Nation de Nacho Nyak Dun, affirme dans un communiqué que la gravité de la contamination environnementale par le cyanure et d’autres produits chimiques après la défaillance d’une plateforme de lixiviation en tas à la mine Eagle de Victoria Gold n’a pas été révélée publiquement. Cependant, la Première Nation et les experts qu’elle a embauchés pensent que l’environnement a été endommagé.
«Toute activité minière doit être suspendue jusqu’à ce qu’il y ait un plan d’aménagement du territoire qui limite le développement et comprenne une surveillance et une application rigoureuses des opérations minières et industrielles sur notre territoire», a-t-elle déclaré.
«Nous utiliserons toutes les voies disponibles, y compris les options juridiques, pour protéger et préserver nos droits et pour garantir que cette catastrophe environnementale soit résolue et que les terres et les eaux de notre territoire soient sans danger pour les poissons, la faune et les personnes qui en dépendent», a-t-elle prévenu.
Mme Hope a avancé qu’environ 40% de l’activité minière autorisée au Yukon se déroule sur le territoire traditionnel des Nacho Nyak Dun.
Les travaux ont été volontairement interrompus à la mine Eagle, au nord de Mayo, après que la société a annoncé la défaillance de sa plateforme de lixiviation en tas, qui fait partie du système qui utilise une solution de cyanure pour extraire l’or du minerai, et un glissement ultérieur.
Des responsables du gouvernement du Yukon ont déclaré lors d’une conférence de presse la semaine dernière que des informations étaient toujours en cours de collecte sur la quantité de minerai déplacée dans le glissement, la quantité de cyanure présente dans l’installation, la cause de l’effondrement et la contamination éventuelle de l’eau.
Ils ont déclaré que Victoria Gold avait construit des barrages pour retenir l’eau contaminée, qui était pompée dans des étangs de stockage.
À la fin de la conférence de presse, Cord Hamilton, un ingénieur travaillant avec la Première Nation, a déclaré qu’il ne faisait aucun doute qu’une solution de cyanure avait été rejetée dans l’environnement.
Il a ajouté que les meilleures informations disponibles suggéraient qu’il y avait entre 800 000 et un million de mètres cubes de solution dans l’installation.
Un rapport technique publié sur le site Web de Victoria Gold indique que la plateforme de lixiviation en tas principale peut contenir jusqu’à 92 millions de tonnes de minerai et que la solution de cyanure peut circuler dans l’installation à un rythme de deux millions de litres par heure.
La société n’a pas fait le point sur la situation depuis l’annonce de l’échec et le PDG John McConnell n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
La sécurité des eaux souterraines
Mme Hope a souligné que la Première Nation est particulièrement préoccupée par la sécurité des eaux souterraines.
Elle a mentionné que le personnel des Premières Nations visitant le site prend lui-même des photos et des échantillons d’eau et que les photos aériennes montrent qu’environ les deux tiers du minerai se trouvent à l’extérieur du confinement et qu’une infrastructure importante est enfouie.
Le gouvernement du Yukon a indiqué qu’il avait prélevé ses propres échantillons d’eau autour de la mine et qu’il attendait les résultats des tests cette semaine. Il a précisé que le risque pour la santé publique était considéré comme «très faible».
Mme Hope a rappelé qu’à la suite du désastre de 2014 à la mine Mount Polley en Colombie-Britannique, qui a envoyé des millions de mètres cubes de déchets miniers dans les cours d’eau à proximité, une commission d’examen indépendante a été mise en place en deux semaines.
«Nous voulons simplement nous assurer que tous les freins et contrepoids sont en place pour protéger nos terres, nos eaux, notre faune et nos populations et faire en sorte que cela ne se reproduise plus», a-t-elle soutenu.
«Nous pensons qu’actuellement, ce qui est en place est insuffisant. Et cela n’est ni surveillé ni appliqué. Et tout cela a contribué à cet événement», a-t-elle renchéri.
Dans un communiqué publié mercredi, la porte-parole du gouvernement du Yukon, Laura Seeley, a déclaré que le ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources, John Streicker, participerait à une deuxième séance d’information technique prévue jeudi et que le gouvernement restait déterminé à travailler avec la Première nation «pour déterminer la voie à suivre».
«Notre priorité absolue dans l’immédiat est de sauvegarder la santé et le bien-être des personnes et de l’environnement», a-t-elle affirmé.
Le territoire traditionnel de la Première Nation des Nacho Nyak Dun couvre plus de 160 000 kilomètres carrés, principalement au Yukon, et s’étend de Fort McPherson, dans les Territoires du Nord-Ouest, au nord jusqu’aux rivières South MacMillan et Pelly au sud, et de la route Dempster à l’ouest jusqu’au-delà de la frontière avec les Territoires du Nord-Ouest.
Par Ashley Joannou, La Presse Canadienne