Conciliation travail-famille: les entreprises doivent s’adapter
Le courrier des lecteurs|Publié le 21 novembre 2019COURRIER DES LECTEURS. Le niveau de stress observé chez les parents a considérablement augmenté depuis 2012.
COURRIER DES LECTEURS. Le plus récent portrait de l’Observatoire des tout-petits démontre que le niveau de stress observé chez les parents a considérablement augmenté depuis 2012: près de 40% des mères de tout-petits présentent un niveau élevé de stress lié à la conciliation des obligations familiales et extrafamiliales. Ce constat est préoccupant, dans la mesure où le stress parental peut avoir un impact important sur la qualité de vie des familles et par conséquent, nuire au bon développement des tout-petits. Par ailleurs, le stress peut aussi influencer la santé et la productivité de la main-d’œuvre. Repenser les mesures de conciliation travail-famille est donc devenu une nécessité pour toutes les entreprises.
Une dépense ou un investissement ?
De plus, ces mesures ne devraient pas être considérées comme des dépenses ou des contraintes pour les employeurs, mais plutôt comme un investissement et une solution viable à la pénurie de main-d’œuvre. De nombreuses organisations à travers le monde ont déjà constaté les avantages concrets d’offrir des mesures de conciliation travail-famille, notamment à leurs jeunes travailleurs : rétention de la main d’œuvre, augmentation de la productivité, diminution des taux d’absentéisme, etc. Ce ne sont pas des paroles en l’air! À titre d’exemple, les 7 000 employés de la compagnie British Telecommunications ont augmenté leur productivité de 31 % en travaillant de la maison (Hughes, 2007). De son côté, la Banque Royale du Canada a constaté que 70 % de ses employés qui utilisent les arrangements flexibles de travail rapportaient un niveau de stress plus bas et que 65 % d’entre eux avaient plus d’énergie.
En tant qu’employeur, il nous faut aller au-delà de la simple proposition de mesures de conciliation. À l’heure actuelle, tout près de la moitié des parents du Québec n’utilise pas plus que quelques fois par année ou moins les mesures de conciliation travail-famille qui leur sont offertes. Nous devons faire nos devoirs et admettre que ces statistiques démontrent l’importance de nous montrer à l’écoute de nos employés, pour ainsi identifier les mesures qui répondent le mieux à leurs différents besoins.
En route vers une culture de conciliation
Il est aussi de notre responsabilité de favoriser la mise en place d’une culture de conciliation afin que les employés se sentent à l’aise de se prévaloir des mesures qui leur sont offertes. Pour ce faire, en tant que gestionnaire ou dirigeant, il faut communiquer clairement aux employés les mesures et politiques de conciliation travail-famille qui s’offrent à eux et donner l’exemple en les utilisant ouvertement.
La réalité du monde du travail a changé, c’est un fait. En tant qu’employeur, pourquoi ne pas changer nos façons d’évaluer le travail afin de s’adapter à ce nouveau modèle? Certaines entreprises comme Google Canada mettent l’accent sur les objectifs d’affaires à atteindre plutôt que sur la présence des employés au bureau à heures fixes. Plusieurs organisations du Québec pourraient certainement s’en inspirer…
Dans le cadre de la Grande semaine des tout-petits, mobilisons-nous afin de sensibiliser le plus grand nombre d’entreprises possible à l’importance de mettre en place des mesures et une culture de conciliation travail-famille. Elles influencent à la fois la rentabilité des entreprises, la santé mentale des parents et le bien-être de nos tout-petits. Il est temps que la société québécoise aborde de front cette question, afin que l’équilibre travail-famille devienne une véritable norme sociale à la fois pour les travailleurs, les employeurs et les élus.
Signée par:
Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec
Maximilien Roy, président-directeur général, Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec
Marie Rhéaume, directrice générale, Réseau pour un Québec Famille
Manon Poirier, directrice générale, Ordre des conseillers en ressources humaines agréés