Il est plus difficile de faire briller «ses compétences et son leadership», constatent les jeunes répondants au sondage du Regroupement des Jeunes Chambres de commerce du Québec. (Photo: Windows pour Unsplash)
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RHÉVEIL-MATIN. N’en déplaise aux organisations qui sont de plus en plus nombreuses à rappeler aux bureaux les membres de leur équipe, il semble que les jeunes adeptes du télétravail n’ont aucune envie de cesser, et ce malgré les efforts supplémentaires qu’ils doivent déployer pour qu’ils soient reconnus.
En effet, 53% des 601 répondants à la quatrième édition de Travaillons ensemble, une étude commandée par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), disent en faire davantage que s’ils étaient au boulot pour que leur employeur les remarque.
Chez les 200 travailleurs de 36 à 64 ans questionnés, les personnes de cet avis représentent plutôt 41% de l’échantillon.
Plus de la moitié des jeunes sondés constatent qu’il est plus difficile de faire briller «ses compétences et son leadership en télétravail qu’en présentiel», des propos qui font écho aux détracteurs du travail à distance.
Néanmoins, 85% des télétravailleurs de 16 à 35 ans préfèrent bosser aussi souvent de la maison, voir le faire davantage.
Ça répond à leur grand besoin de flexibilité, estime Christian Bourque, le vice-président exécutif de Léger, la firme mandatée pour mener l’étude.
L’anxiété devient structurelle
Le PDG du RJCCQ, Pierre Graff, a pu constater que le stress vécu par les employés de 16 à 35 ans ne s’estompe pas, bien que la pandémie soit presque derrière nous. En effet, plus de la moitié des personnes sondées disent être «surchargées mentalement en raison de [leur] travail».
D’après Christian Bourque, ces derniers n’ont pas connu de répit entre la crise sanitaire et les pressions économiques qui plombent désormais leur pouvoir d’achat. «Elles arrivent à un moment critique de leur vie».
Une part importante de répondants ont même dû reporter différents projets majeurs, comme devenir propriétaire ou épargner pour la retraite.
Ce stress conjoncturel explique d’ailleurs pourquoi la vie personnelle a perdu quelques plumes au profit de la sécurité financière au palmarès des priorités des jeunes en un an. Toutefois, la réussite au travail, elle fait presque du sur-place.
«Ça confirme que les jeunes ne veulent pas se tuer à la tâche comme l’ont fait les générations précédentes», estime Elisabeth Starenkyj, co-présidente et associée principale du cabinet La Tête Chercheuse.
Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que le salaire soit «le facteur déterminant du choix d’un employeur» pour 56% des personnes sondées, en légère hausse par rapport à 2022. Les conditions de travail indirect sont le deuxième élément qui pèse le plus lourd dans la balance. «En 4e position, on retrouve les valeurs, et ce bien que les jeunes souhaitent avoir de l’impact», souligne avec surprise Pierre Graff.
La majorité des répondants (65%) ne comptent pas changer de poste au cours de la prochaine année. D’ici les cinq prochaines années, l’intention n’est pas aussi tranchée.
Coup de pouce de l’employeur
Bien que l’équilibre entre travail et vie personnelle fasse partie de leur priorité, un peu plus de la moitié des personnes sondées sont d’avis qu’elles doivent empiéter dessus pour faire progresser leur carrière. Près de 60% des jeunes hommes sont de cet avis, alors que 45% des femmes le sont.
Toutefois, trouver cet équilibre semble plus difficile pour elles, 38% ayant répondu par l’affirmative contre 28% de leurs comparses masculins d’après les chiffres collectés par Léger entre le 7 et le 14 mars 2023.
Quant à leur niveau de satisfaction à l’égard des mesures mises à leur disposition par leur patron pour bonifier leur santé mentale, les avis sont partagés, 47% des répondants estimant qu’elles sont au mieux insatisfaisantes (31%) au pire inexistantes (16%).
«Ça ne prend pas des solutions miracles, statue Pierre Graff. Ils ont besoin d’une personne-ressource dans l’entreprise, d’avoir accès à des spécialistes de la santé mentale, ou d’une formation sur la gestion du stress. […] Si l’employeur n’a réellement pas les moyens, écouter son employé ça ne coûte rien, et ça peut rapporter gros.»
«Le milieu du travail doit aujourd’hui se pencher davantage sur la gestion des employés, prendre soin d’eux de façon beaucoup plus proche et attentionné, alors qu’avant on se concentrait sur la production», ajoute Elisabeth Starenkyj.
Et ce seront les entreprises qui sauront s’adapter que parviendront à tirer leur épingle du jeu, souligne Christian Bourque.
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