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Les chroniques d’une intrapreneuse

Catherine Charron|Édition de la mi‑juin 2023

Les chroniques d’une intrapreneuse

L’intrapreneuriat n’est pas pour tout le monde, a pu constater notre journaliste. C’est l’apanage des gens qui aiment les choses difficiles. (123RF)

Le parcours parsemé d’embûches de l’intrapreneuriat, votre humble journaliste a pu l’apprécier de très près en se mettant au défi de «changer le monde, sans changer de job».

Ce slogan coloré, c’est un peu le mantra de Génération d’impact, un programme d’intrapreneuriat lancé conjointement par la Jeune chambre de commerce de Montréal (JCCM) et de Fondaction auquel j’ai été invitée à participer.

J’ai été témoin de l’essor d’une vingtaine d’autres initiatives d’impact portées par des employés, surtout de grandes sociétés, qui n’occupent pas nécessairement des postes de haute direction. De jeunes professionnels inspirés qui souhaitent transformer leur entreprise afin qu’elle en fasse davantage sur les plans environnemental ou social. 

Tout comme les autres membres de ma cohorte, trouver le défi que je souhaitais relever m’a causé quelques vertiges. Qui suis-je, moi, journaliste de 27 ans, pour dire à mon employeur d’apporter d’importants changements à son entreprise? Comment puis-je le convaincre de l’importance de mon projet ? Comment rallier mes collègues à ma cause pour que tous la portent un peu en eux?

Partir à la recherche de ce «feu sacré», comme le décrit si bien Habi Gerba, présidente et porte-parole de la JCCM, m’a permis de mettre le doigt sur le mien.

Suivant les précieux conseils de Nathalie Ouellet, consultante en développement durable qui a accompagné Génération d’impact, j’ai présenté les grandes lignes de mon projet à mon réseau, que ce soit au sein de mon organisation ou en dehors, ce qui m’a aidée à mieux le cerner.

Je me garde encore quelques réserves avant d’en dire davantage, ayant à faire mon pitch officiel au président de mon entreprise. En effet, bien que mon idée ait germé il y a quatre mois, je n’ai toujours pas été en mesure de lui vendre ma salade.

 

Le temps de le faire

C’est que, voyez-vous, être une intrapreneuse demande du temps, une denrée dont je dispose très peu, comme bien d’autres personnes d’ailleurs. La pression de mener à bien ce dossier, de même que toutes mes autres responsabilités professionnelles dans une période plutôt chargée sur le plan personnel, a nui à ma santé mentale. Et je n’en suis qu’à l’idéation et à la planification de ma démarche!

Or, c’est le lot de bien des personnes qui portent des initiatives intrapreneuriales à bout de bras, si je me fie aux échanges que j’ai eus avec des experts dans la cadre de la rédaction de cette manchette.

Être entourée des membres de cette cohorte et le cadre de ce programme m’ont toutefois permis de me sentir moins seule et illégitime dans ma démarche.

Nombre de mes collègues ont fait un constat similaire: ils n’auraient pas eu le courage de faire ce qu’ils ont fait sans l’effet d’entraînement de voir d’autres personnes se mouiller et faire preuve de l’audace nécessaire pour mener à bien une telle initiative. 

L’intrapreneuriat n’est pas pour tout le monde, m’a-t-on répété à maintes reprises. C’est l’apanage des gens qui aiment les choses difficiles, m’a même glissé en fin d’entretien Véronique Bouchard, fondatrice de l’Institut de l’intrapreneuriat. Ainsi, certains membres de la cohorte ont tiré leur révérence pour différentes raisons, allant du manque de temps au manque d’appui de leurs supérieurs.

D’autres, toutefois, ont grandement progressé pendant les sept mois qu’a duré l’accompagnement de Génération d’impact.

Tina Sebti, directrice de comptes à la BDC, est parvenue à réunir les différentes chambres de commerce maghrébines de Montréal dans un événement que son employeur a hébergé et commandité pour créer des maillages entre ces communautés d’affaires et l’institution financière.

Christophe Aura, conseiller principal aux Affaires gouvernementales et aux projets à ArcelorMittal Canada, s’est entouré des joueurs clés de l’organisation afin de lancer un projet pilote pour revaloriser les rebus de la production métallurgique.

Audrey-Sokunthevy Nut, conseillère en investissement durable à Fondaction, a créé tout un programme de formation pour que ses collègues maîtrisent les différents concepts de la finance durable.

Ces quelques exemples montrent qu’avec une bonne dose de volonté et avec la confiance de ses patrons, la petite pousse entretenue par un employé peut avoir de grandes retombées sur son organisation. La deuxième édition de Génération d’impact ayant été confirmée, c’est peut-être votre chance de vous lancer.