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L’industrie métallurgique tente de séduire les femmes

Catherine Charron|Mis à jour le 13 juin 2024

L’industrie métallurgique tente de séduire les femmes

À bord de son petit autobus métallique, le Comité sectorielle de la main-d'oeuvre en métallurgie du Québec sillonnera au cours des deux prochaines années les routes de la province afin de déboulonner les mythes sur ce milieu et de le rendre attractif, dit sa directrice générale, Marie-France Charbonneau. (Photo: courtoisie)

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RHÉVEIL-MATIN. Dominée par les hommes, l’industrie métallurgique prend les grands moyens pour renverser la vapeur en brisant barrières et tabous qui rebutent les femmes à s’y tailler une place.

En 2022, celles-ci ne représentaient qu’un maigre 9% des travailleurs de ce secteur d’activité, occupant bien plus de postes administratifs que terrain, révélait une étude menée par Raymond Chabot Grant Thornton pour le compte du Comité sectoriel de la main-d’œuvre de la métallurgie au Québec.

Après une première initiative de recrutement, de formation et d’intégration en entreprise couronnée de succès il y a deux ans, il entame dès mai 2024 un nouveau chapitre de cette campagne de séduction, a annoncé sa directrice générale Marie-France Charbonneau le 13 mars 2024 au Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville.

Sa stratégie se décline en plusieurs axes.

À bord de son petit autobus métallique, l’organisation sillonnera au cours des deux prochaines années les routes du Québec afin de déboulonner les mythes sur ce milieu et de le rendre attractif.

Les Industrielles, le nom donné à cette «campagne de sensibilisation», emmènera notamment ses ambassadrices dans les festivals de musique comme le Festival d’été de Québec et Osheaga, dans les salons de l’emploi, mais aussi auprès des milieux scolaires.

L’un des principaux facteurs qui plombent la présence de femmes dans ce secteur, c’est qu’elles sont peu nombreuses à emprunter «cette voie de formation, souligne Marie-France Charbonneau. Elles ont tendance à croire que ce sont des carrières destinées aux hommes, et elles connaissent peu les opportunités qui s’offrent à elles.»

Afin de semer un intérêt pour les sciences et cette industrie chez les petites filles, l’organisation développe même une trousse pédagogique pour les écoles primaires dans laquelle des modèles féminins sont présentés. «On ne s’est pas attardé suffisamment à ça en tant que société», déplore la directrice générale de l’organisation des 12 dernières années.

Forte de son expérience avec ABI, le Comité sectoriel de la main-d’œuvre entend nouer d’autres partenariats entre des experts et les entreprises afin de faciliter l’intégration des femmes dans leur milieu de travail. Et ça commence dès la rédaction d’une offre d’emploi, rappelle la dirigeante.

«Il n’y a pas de solutions toutes faites, c’est un bouquet de mesures qui doivent être implantées» pour changer la donne.

 

Un alliage d’effort

S’il y a toujours aussi peu de travailleuses dans le milieu, croit Marie-France Charbonneau, c’est en partie parce que le secteur a les yeux rivés sur ses opérations. «On est souvent dans l’urgence, et même si on veut embaucher des femmes, on ne sait pas comment», observe-t-elle.

D’après les études et les tables de concertation que le Comité a menées, employeurs et syndicats souhaitent être davantage accueillants. Nombreuses d’ailleurs sont les entreprises qui s’attèlent à la tâche.

Là où ça coince, la plupart du temps, c’est au niveau de la communication, remarque la directrice générale.

Les conditions de travail doivent aussi être revues afin de s’assurer de créer des environnements inclusifs.

«Ce qui manque très souvent aux petites entreprises, c’est le temps. Pourtant, il existe les comités sectoriels, les organisations affiliées à Service Québec, les groupes d’employabilité. Tout un réseau est déployé et leur offre gratuitement du soutien. On doit plus le mettre en valeur», rappelle la dirigeante.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, le Comité sectoriel a maillé quatre grandes sociétés avec un groupe d’employabilité qui «forme et dénoue les obstacles lorsqu’ils se présentent. On veut mettre cette formule au profit non seulement du secteur métallurgique, mais aussi à l’ensemble du secteur industriel. Comme disait mon grand-père: ce qui est bon pour pitou est bon pour minou.»

 

Des retombées plus larges

Le Comité sectoriel de la main-d’œuvre de la métallurgie espère notamment mener «10 000 interactions directes» dans au moins sept régions différentes au cours des deux prochaines années.

Il ne se base toutefois pas que sur le nombre de femmes et de filles rencontrées et touchées sur les réseaux sociaux ou sur le terrain dans les prochains mois pour conclure si Les industrielles a rempli sa mission ou pas. Il serait par exemple difficile de déterminer si c’est cette initiative en particulier qui aura permis d’augmenter les taux d’inscription dans les écoles de génie, souligne Marie-France Charbonneau.

En fait, la directrice générale espère que cette campagne de sensibilisation ne servira pas qu’à l’industrie métallurgique, mais bien à l’ensemble du secteur industriel. C’est d’ailleurs pourquoi ils sont allés chercher des partenaires tel le Comité sectoriel de la main-d’oeuvre dans la fabrication métallique industrielle.

«On souhaite que le secteur industriel ne paraisse plus cerné d’une frontière imperméable aux femmes, et qu’elles envisagent les sciences comme une voie de formation.»

 

 

 

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