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Quand la semaine de 4 jours tourne au vinaigre

Catherine Charron|Publié le 18 août 2022

Quand la semaine de 4 jours tourne au vinaigre

À l'issue de son projet pilote, cette entreprise n'a eu d'autre choix que d'y mettre un terme. (Photo: Bruno Emmanuelle pour Unsplash)

RHéveil-matin est une rubrique quotidienne où l’on présente aux gestionnaires et à leurs employés des solutions inspirantes pour bien commencer leur journée. En sirotant votre breuvage préféré, découvrez des astuces inédites pour rendre vos 9@5 productifs et stimulants.


RHÉVEIL-MATIN. La semaine de quatre jours a de nombreux avantages dont il a moult fois été question dans le cadre de cette rubrique.

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Or, ce n’est pas toujours synonyme de conte de fées. Parlez-en à Rebecca Brooks, la PDG de la firme californienne de services-conseils en marketing Alter Agents.

Elle a tenté de faire réduire de 40 à 32 le nombre d’heures travaillées par ses 23 employés dans le cadre d’un projet pilote qui s’est échelonné sur 10 semaines, a-t-elle raconté à Fast Company.

Afin de déterminer si l’initiative était bel et bien couronnée de succès, Alter Agents n’a pas mentionné à sa clientèle qu’elle adopterait un tel horaire: si elle n’y voyait que du feu, la partie serait gagnée.

Ses salariés avaient donc la responsabilité d’aménager leur feuille de temps afin d’éviter tout bris de services. De plus, seule une personne par équipe pouvait s’absenter chaque jour.

Au cours du projet pilote, cette asymétrie a généré des frustrations parmi ses employés, puisque tous n’avaient pas la même facilité à demeurer déconnecter.

Tandis que certains ne touchaient ni à leurs courriels ni à leur ordinateur, d’autres ne pouvaient s’empêcher d’y jeter un coup d’œil, voire d’accomplir certaines corvées. La PDG assure pourtant que l’organisation a mainte fois répété l’importance de ces journées de congé pour se ressourcer.

 

Résultats mi-figue, mi-raisin

Bien que certaines tâches aient glissé entre les mailles du filet à cause de certains soucis de communication, ses clients n’ont pas remarqué le changement, a-t-elle constaté à la fin du projet pilote.

Les conclusions du coup de sonde passé afin d’évaluer ses répercussions sur le moral de son équipe, elles, n’étaient pas aussi réjouissantes, l’expérience ayant eu l’effet inverse à celui escompté.

«L’adoption réussie de la semaine de quatre jours requiert un examen approfondi des conditions qui mènent à l’épuisement professionnel propre à son industrie», selon la psychologue et vice-présidente de la plateforme de santé mentale en entreprise Modern Health, Myra Altman.

Si le retour à la semaine de cinq jours et aux 40 heures de travail a été accueilli sans grogne par ses salariés, aux dires de la PDG, une telle décision, même dans le cadre d’un projet pilote, peut être mal reçue par certains qui peuvent y voir là la perte d’un privilège.

Il est donc primordial, pour en éviter les contrecoups, d’expliquer les raisons de ce «retour en arrière», sans pour autant pointer du doigt un employé ou un département dont la productivité a souffert de la semaine de quatre jours, prévient Netta Rotstein, consultant en gestion des ressources humaines chez Engage PEO.

Elle recommande d’offrir un autre avantage pour compenser ce retrait. Chez Alter Agents, ça s’est notamment traduit par l’ajout d’une journée de congé flottante par mois. Plus facile à intégrer à l’horaire, les membres de son équipe peuvent maintenant réellement déconnecter, assure Rachel Brooks.

 

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