Presque tous les Québécois veulent plus de transparence salariale. (Photo: Windows pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Notre PME peine à recruter, comme beaucoup d’autres ces temps-ci. C’est pourquoi je me pose une question: aurions-nous un avantage concurrentiel si nous dévoilions les salaires offerts pour les postes que nous voulons combler? J’y crois fermement, mais ce n’est là qu’une intuition…» – Jordan
R. – Cher Jordan, il est clair que la pénurie de main-d’œuvre actuelle oblige les entreprises canadiennes à réévaluer leurs pratiques d’embauche et de fidélisation des employés. Votre idée de miser sur la transparence salariale est intéressante, d’autant plus que la plateforme de recrutement Talent.com vient de dévoiler les résultats d’un sondage Léger sur ce point précis. Des résultats qui vont vous captiver…
– La transparence fait presque l’unanimité. 90% des Canadiens considèrent qu’il est «important» de connaître le salaire offert avant de postuler pour un emploi. Mieux, ils sont 57% à estimer que c’est «très important». Les plus désireux de cette transparence sont les 18-34 ans, les hommes et ceux qui ont un revenu élevé (100.000$ et plus).
– Un tabou qui l’est de moins en moins. Le tiers (32%) des Québécois se sentent à l’aise de discuter de leur salaire avec des collègues. Le niveau de confort est plus élevé chez les 18-34 ans et chez ceux qui ont un revenu élevé (100.000$ et plus).
– Une transparence bénéfique. 6 Québécois sur 10 pensent que la transparence salariale augmenterait l’équité salariale entre les races (56%) et les sexes (63%).
– Une petite gêne. Seuls 43% des Québécois se sentiraient à l’aise avec la mise à disposition de tous les employés des salaires des uns et des autres, et en particulier du leur.
– Une nécessaire législation. 76% des Québécois seraient carrément favorables à une loi sur la transparence salariale qui obligerait les employeurs à divulguer les échelles salariales dans les offres d’emploi.
Bref, la plupart des Québécois sont demandeurs d’une certaine transparence salariale. Leur seule crainte, c’est la manière dont celle-ci serait offerte: si jamais cela déclenchait des chicanes et autres mouvements de jalousie au sein de l’entreprise, alors là, non, ils n’en voudraient pas du tout. C’est donc un «oui, mais…»
Pour revenir à votre question, Jordan, le sondage Léger montre que jouer la transparence salariale dans vos offres d’emplois jouerait de toute évidence en votre faveur. Cela attirait l’attention, et mieux, cela contenterait tous ceux qui sont curieux de voir si l’herbe est plus verte ailleurs.
Maintenant, point important, il importe d’évaluer quel impact cette nouvelle politique de recrutement pourrait avoir… à l’interne. Par exemple, comment réagira un employé fidèle depuis de longues années en découvrant qu’un nouveau venu toucherait quasiment le même salaire que celui qu’il a aujourd’hui (je dis ça parce que je sais que nombre d’entreprises gonflent les salaires d’entrée pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre…)?
Autrement dit, il convient de mûrement réfléchir une telle stratégie de recrutement avant de vous lancer. Sans quoi, le boomerang risque de vous revenir en pleine face.