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Eva prend son envol à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau

Pascal Forget|Publié le 09 octobre 2019

Le service de covoiturage québecois Eva a une porte d’embarquement réservée à l’aéroport international Trudeau.

Après quatre mois d’activité, le service de covoiturage québécois Eva a une porte d’embarquement réservée à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal.

«Aéroport de Montréal a été extrêmement collaboratif. C’est une manière d’évaluer une nouvelle innovation», explique Dardan Isufi, chef d’orchestre opérationnel et cofondateur d’Eva.

Le service se veut complémentaire des transports en commun: en attendant le REM, l’aéroport de Montréal est un des seuls qui dépend uniquement du transport routier.

À chaque embarquement ou débarquement, 3,75$ est versé à l’aéroport, une somme équivalente à celle versée par le concurrent Uber, qui partage l’espace.

Pour en assurer la sécurité et empêcher les fuites de données, l’application utilise la technologie de la chaîne de blocs (blockchain).

«La chaîne de blocs, c’est une base de données distribuée, qui confirme chaque transaction. Les données bancaires des utilisateurs sont encryptées dans leur téléphone, nous n’y avons pas accès», explique M. Isufi.

Eva serait une des premières entreprises à utiliser la technologie dans un produit grand public. Des bogues arrivent encore régulièrement. «C’est la réalité d’une entreprise en technologie. Des cas nouveaux se présentent chaque jour, qui demandent de s’ajuster. On demande la compréhension de nos membres.»

Autre façon de se distinguer, Eva est basée sur le modèle de franchise sociale. C’est une coopérative qui appartient autant aux chauffeurs qu’à ses 15 000 membres-utilisateurs. «Dans la loi, on indique qu’une part minimale doit être de 10$ pour faire partie d’une coopérative. Dans notre cas, c’est la coopérative qui paie la cotisation des utilisateurs, qui est amortie sur 20 courses», mentionne M. Isufi.

Après quatre mois de fonctionnement, la coopérative compte 450 membres-chauffeurs, et plus de 500 qui sont en attente d’approbation. La jeune entreprise doit s’astreindre aux mêmes critères que ceux d’Uber: leur dossier est vérifié, et une formation de 35 heures est nécessaire.

Même si la franchise est locale, l’application Eva est exportable. On pourra bientôt l’utiliser à Dhaka, au Bangladesh, où elle servira aussi à réserver des motocyclettes. Elle est aussi en attente d’approbation pour un déploiement à Calgary, et des pourparlers sont en cours avec d’autres villes. Raphaël Gaudreault, l’autre cofondateur d’Eva, présente en ce moment l’application au salon Sharing Cities Seoul 2019, en Corée du Sud.

L’expansion du service à l’étranger est importante. «C’est la loi de Metcalfe: plus ton réseau est grand, mieux ça marche. C’est avec le nombre de chauffeurs et d’utilisateurs que l’application devient plus utile», explique le cofondateur, qui ajoute qu’une bonne partie des clients d’Uber sont des touristes qui utilisent l’application déjà installée dans leur appareil.

Pour en savoir plus: Ce service d’autopartage montréalais a un plan pour doubler Uber

La coopérative est financée à hauteur de 700 000$ par plusieurs partenaires, incluant Investissement Québec, le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ), Caisse d’économie solidaire Desjardins, le Gouvernement du Canada, et PME Montréal. La technologie est développée par Eva Global Corp, en ronde de financement en ce moment.