SIGNAUX FORTS. La troisième vague est à peine dans notre rétroviseur que la propagation du variant Delta, beaucoup plus contagieux, entraîne une quatrième vague qui fait à nouveau peser des risques sur l’économie. Mais il n’y a pas lieu de craindre que cette nouvelle poussée du coronavirus fasse dérailler la reprise économique au pays.
Les répercussions économiques du virus sont en effet moins fortes aujourd’hui grâce à l’endiguement graduel de l’épidémie qui s’appuie désormais sur le succès de la campagne de vaccination. Le Canada affiche d’ailleurs un des meilleurs taux de vaccination parmi les pays du G7, les deux tiers de sa population étant totalement vaccinés au début de septembre.
On ne s’attend d’ailleurs pas à ce que le gouvernement renforce à nouveau les mesures sanitaires au cours des prochaines semaines. Les 18 derniers mois nous ont aussi démontré que les vagues se suivent, mais ne se ressemblent pas. Le ressac de chacune d’elles a toujours été de moins en moins ressenti, peut-on constater.
L’économie canadienne devrait d’autant plus s’en sortir sans trop de séquelles qu’elle profitera d’une plus grande richesse des consommateurs. A preuve : cette richesse a connu une forte croissance de 15% depuis le début de la pandémie, et ce, pour trois raisons principales.
L’augmentation effrénée du prix des maisons ces derniers mois a fait grimper les actifs immobiliers de 15% depuis le trimestre de 2020. Les actifs financiers des Canadiens ont également prospéré de 10 %. Malgré la forte dégringolade des marchés boursiers au début de la crise sanitaire et économique au printemps 2020, les rendements boursiers ont rapidement retrouvé leur niveau prépandémie et ont même fortement progressé depuis plus d’un an.
Enfin, les ménages ont également eu le plaisir de voir leur revenu disponible augmenter. Les différents programmes de soutien gouvernementaux, rappelons-le, ont dans l’ensemble largement compensé les pertes de revenus ou d’emplois occasionnés par la pandémie. Le soutien direct aux ménages s’est chiffré à environ 105 milliards de dollars (G$), soit 3400 $ par Canadien de 15 ans ou plus, selon la Banque du Canada. En tenant compte des pertes de revenus de travail, qui ont totalisé en moyenne 1600$, le revenu disponible moyen a ainsi augmenté de 1800$ en 2020. Les Canadiens, qui plus est, ont dépensé environ 4000$ de moins l’an dernier. Ces fortes variations des revenus et des dépenses ont ainsi entraîné une hausse inédite de l’épargne au Canada, d’environ 180 G$ ou 5 800$ par Canadien.
En clair, il y a beaucoup d’argent qui dort dans les coffres des consommateurs. La table est donc mise pour qu’ils soient les moteurs de la croissance au pays pour le reste de l’année et en 2022. Certes, le baromètre économique n’est plus tout à fait au beau fixe. L’économie canadienne se serait en effet contractée de 0,4% en juillet, selon les premières estimations de Statistique Canada, et ce, après une baisse surprise du PIB de 1,1% au deuxième trimestre. Mais la reprise économique se poursuit et devrait entraîner une croissance supérieure à 5% en 2021.