«Notre premier marché, c’est le marché américain», soutient le confondateur de Collogh Cares, Collins Oghor. (Photo: courtoisie)
Une jeune pousse montréalaise vise à conquérir les États-Unis en misant sur des outils numériques et l’intelligence artificielle (IA) pour combattre l’insuffisance rénale chronique.
Collogh Cares a développé une application mobile qui recueille les signes vitaux du patient muni d’un bracelet connecté. Des données sont par exemple transmises concernant l’activité physique, du sommeil et de la pression sanguine qu’un médecin peut consulter. C’est un «coach de santé numérique» qui collectera ces informations afin de les interpréter pour offrir des conseils quotidiens. Ces recommandations toucheront notamment l’alimentation, l’exercice, le rappel de la prise de médicaments, etc.
«Si on peut contrôler la pression sanguine, la nourriture et le style de vie alors on peut contrôler cette maladie», explique le cofondateur Collins Oghor, en entrevue téléphonique.
La dernière composante de son écosystème est un portail de gestion des soins pour que les médecins puissent suivre l’évolution de leurs patients. «L’intelligence artificielle centrale dans cet élément est en train d’être mise au point pour être testé vers la fin de l’an prochain, poursuit le président-directeur général. Elle pourra dire aux médecins quels sont les patients les plus à risque de développer la pire forme d’insuffisance rénale. La machine pourra aussi faire des recommandations en se fiant sur différents critères comme l’âge, le genre, etc.»
Au sud de la frontière
Pour arriver à ce stade, la start-up créée en 2020 devra accumuler de nombreuses données. Une première étape a été de conclure récemment une entente avec des chercheurs de quatre États américains qui vont utiliser sa plateforme numérique pour les quatre prochaines années.
Il s’agit d’un choix logique puisque les États-Unis constituent la cible de l’entreprise. «Notre premier marché, c’est le marché américain, dit celui qui a étudié en médecine à McGill. Il y a beaucoup de besoins dans ce pays parce qu’il n’y a pas beaucoup d’accès pour les soins. Les maladies rénales coûtent 500 milliards de dollars par année au système de santé aux États-Unis. Le problème est particulièrement aigu chez les Afro-Américains qui sont cinq fois plus à risque que le reste de la population.»
Les compagnies d’assurance et les cliniques privées de néphrologie sont les clients ciblés par Collogh Cares. Ces institutions détiennent beaucoup de données qui pourraient servir pour améliorer les outils d’IA.
«Tueur silencieux»
L’insuffisance rénale chronique est décrite par l’homme originaire du Nigéria comme un «tueur silencieux», car souvent les personnes qui en sont atteintes l’ignorent. Ils le réalisent seulement lorsqu’ils tombent dans la phase la plus grave, qui nécessite des dialyses plusieurs fois par semaine.
«Aux États-Unis, 40% des patients qui sont diagnostiqués avec insuffisance rénale terminale ne savaient pas avant qu’ils souffraient d’insuffisance chronique, précise-t-il. Cette étape antérieure peut être identifiée par des tests de sang et d’urine, mais les Afro-Américains sont beaucoup moins suivis par leur médecin de famille.»
Collins Oghor espère néanmoins que sa solution technologique profitera à ceux qui obtiennent un diagnostic, car voir un médecin tous les trois mois est insuffisant selon lui. Il estime que son outil permettra aux patients de jouir d’un meilleur suivi et d’éviter que la maladie ne progresse. Son objectif: 100 000 usagers en 2025.