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Pourquoi la plupart des start-ups échouent?

Dominic Gagnon|Publié le 15 septembre 2022

Pourquoi la plupart des start-ups échouent?

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Saviez-vous que la grande majorité des start-ups finissent tôt ou tard par échouer? Ce n’est pas réellement surprenant et il existe plusieurs raisons à cela.

Selon «Harvard Business Review», cinq des raisons du top 10 sont liées aux clients, soit principalement le fait de ne pas répondre à leurs besoins ou d’avoir mal conçu le produit en raison d’une mauvaise écoute. Parfois pire, en ignorant les clients et en développant un produit qui ne sert à rien d’autre que de nourrir l’égo (fréquent chez les inventeurs).

Parmi les autres raisons, il y a évidemment celle de ne pas avoir la bonne équipe ou encore de ne pas être en mesure de créer un MVP (produit minimum viable) et donc ne pas maîtriser l’approche produit.

Finalement, dans les autres raisons importantes expliquant l’échec des start-ups, il y a le manque d’alignement entre les fondateurs ou encore le manque de focalisation et de passion envers la problématique.

Pourtant, lorsque je regarde les histoires de succès et d’échec de start-ups dans des publications LinkedIn, la majorité semble expliquer autant leur succès que la fin de leur projet par « un manque de financement ». C’est encore plus explicite en ce moment avec la situation économique et la diminution du financement en capital de risque. Pourtant, selon une étude de CB Insight, parmi les 20 principales raisons pour lesquelles les startups échouent, seulement deux sont liées à l’argent. Il faudrait donc peut-être arrêter de donner l’impression que les capitaux sont le vrai problème.

Ce n’est pas surprenant, car une start-up est avant tout une entreprise humaine dont le succès dépend principalement de la manière dont les personnes dans l’organisation (les employés) et à l’extérieur (les clients) sont gérées.

Alors, que pouvez-vous faire pour que votre start-up ne rejoigne pas la cohorte de ceux qui font faillite au bout d’un an? Deux choses sont essentielles. Et elles sont inextricablement liées.

 

Faire de l’argent (et oui, c’est important!)

Vous n’avez pas idée du nombre de fois que j’ai parlé à des «startupers» et que lorsque je posais la simple question : mais comment allez-vous faire de l’argent, il me regardait comme si j’étais un extraterrestre. Faire l’argent n’était presque plus à la mode dans les deux dernières années où certaines valorisations d’entreprises étaient basées sur le « nombre de scientifiques de données avec un doctorat » dans la boite ou d’autres indicateurs superflus. 

La première étape est donc simple : avoir un modèle d’affaires qui répond à un vrai besoin et qui surtout, génère des revenus. Pas de revenus, pas d’entreprise. Pour avoir une idée d’un modèle d’affaires qui tient la route, la littérature est assez suffisante sur le sujet!

Pourtant, avoir un bon modèle ne suffit pas. Pour qu’une entreprise soit pérenne, elle doit non seulement répondre à un besoin, mais aussi avoir un sens, une raison d’être. 

C’est le deuxième élément.

 

L’argent sans « sens » ne vaut pas la peine!

On commence tout juste à en parler, notamment grâce à l’auteur Simon Sinek, qui l’a magistralement mis en lumière.

Le sens est la raison pour laquelle vous faites ce que vous faites. L’un ne va pas sans l’autre au point que générer des revenus, ou défendre une cause juste, ne suffit pas.

Les deux sont liés, car l’argent ne suffira pas à motiver ceux qui travaillent pour vous et ne parviendra pas à les encourager encore plus si vous manquez d’argent pendant les périodes difficiles. Si votre équipe est uniquement chez vous, car vous payez plus, vos chances de succès sont très minimes, car je ne connais pas une seule start-up qui n’a pas rencontré des difficultés. Pour prendre en exemple Connect&GO – nous avons été en situation de faillite technique au moins 3 ou 4 fois! Durant certaines périodes, des employés ont accepté des sacrifices, car notre ambition de transformer l’industrie avait du sens.

Vous aussi, vous ne serez plus motivé. Vous allez jeter l’éponge et passer à autre chose. En d’autres termes, l’argent ne rassemble pas les gens. Le sens, en revanche, le fait.

L’argent est le carburant qui vous amène d’un point A à un point B. Le sens est ce qui vous permettra, à vous et à votre équipe, d’y arriver.

C’est la même chose pour un investisseur. Imaginez que vous ayez investi quelques millions dans une start-up. Bien que votre objectif final soit évidemment de faire un maximum de rendement (et donc d’argent) avec une sortie éventuelle, si vous sentez que c’est la seule motivation des fondateurs, votre argent sera beaucoup plus à risque. Effectivement, lorsqu’un entrepreneur est motivé par une cause juste, il y a beaucoup plus de probabilités qu’il ait le courage de persévérer dans l’adversité.

Sans oublier qu’il sera plus susceptible de s’entourer des bonnes personnes que de quelqu’un dont le seul but est de faire le plus de profit possible. Parce que l’équipe du premier sera inspirée et motivée par le but qu’elle s’est fixé, c’est le sens qui rassemble, pas l’argent. Ou si c’est le cas, pas pour longtemps. Cultiver un sens du but fera que la start-up et son équipe feront tout pour réussir.

 

Pas toujours nécessaire d’avoir un sens?

Je m’attends déjà à recevoir des courriels de détracteur me disant que mon texte est réducteur et qu’il n’est pas toujours nécessaire d’avoir une entreprise avec un sens qui les transcende. Pour ma part, je n’en vois pas beaucoup qui durent!

Par exemple, un espace de travail partagé a un sens : celui de réunir des entrepreneurs et de leur permettre d’échanger. Tout comme un bar qui a pour effet de faciliter les interactions sociales et de divertir les gens. Pour le premier exemple, cela prouve toutefois que le sens sans l’argent n’est pas non plus garant de succès : pensons à WeWork. L’entreprise avait tout misé sur le sens, amenant l’équipe à se dépasser, mais en oubliant l’argent, l’entreprise à perdu son sens même!

Une boulangerie aussi à un sens. Que ce soit de donner du pain de qualité aux personnes qui en ont besoin ou de perpétuer une tradition artisanale.

Idem pour la librairie, le magasin de jouets, etc.

Je ne connais aucune entreprise qui ne serve à rien. Sauf peut-être la banque… (je plaisante).

C’est une question d’où vous placez le curseur. Autant une entreprise sociale sera plus soucieuse de générer de l’impact que des bénéfices, autant une start-up technologique visera le contraire. Mais tous deux auront l’ambition de servir un but et de faire des profits. Dans les deux cas, c’est ce qui les fera durer plus longtemps. Sans but, pas de réelle motivation, sans profit, pas de réels moyens!