Masse Critique souligne dans un communiqué que «91,3% des membres de l’industrie des communications considèrent que l’industrie dans son ensemble contribue à la dégradation de l’environnement.» (Photo: 123RF)
Adopter des pratiques de communication et de marketing responsables et durables: c’est le défi que lance l’organisme à but non lucratif Masse Critique à l’industrie québécoise, lors du coup d’envoi de ses activités, lundi matin.
Fruit d’une prise de conscience d’experts du milieu, le collectif a pour mission de réduire l’empreinte environnementale de pratiques qui contribuent à la surconsommation et, ultimement, à la progression des changements climatiques.
Animant l’atelier La publicité peut-elle sauver le monde? de C Montréal, Julien Galtier et Valérie Vedrines ont partagé devant la trentaine de convives présents la «dissonance cognitive» que tous deux ont éprouvée entre leurs valeurs personnelles et leur métier au cours des dernières années. «On a deux choix: on ferme les yeux, ou on se responsabilise», résume la présidente fondatrice de Masse Critique.
Son besoin de changer les choses devant l’urgence climatique a atteint son paroxysme en décembre 2021. Elle a alors lancé «un appel candide» à d’autres acteurs du milieu rencontrés au cours de ses plus de 20 ans de métier afin de mesurer l’importance de ce désalignement dans l’industrie.
Elle a constaté que le secteur pouvait agir sur trois fronts.
D’abord, les «rois du narratif» ont le pouvoir de changer les perspectives des consommateurs, de redéfinir ce que «vivre une belle vie» signifie en 2020-2030. En 30 ans, ce discours n’aurait pas changé selon Valérie Vedrines.
Ensuite, le choix du médium pour supporter ces campagnes peut être écoconçu, afin de réduire l’impact direct des réfections stratégiques sur l’environnement.
Finalement, les marketeurs et autres experts des communications peuvent amener les entreprises qui font appel à leurs services à revoir leur stratégie.
Sensibiliser, former et changer les mesures de performance
Le secteur n’est pas dupe. Masse Critique souligne dans un communiqué que «91,3% des membres de l’industrie des communications considèrent que l’industrie dans son ensemble contribue à la dégradation de l’environnement.»
Or, près des trois quarts des professionnels de la communication ne savent pas par quel bout prendre cette épineuse question. Masse Critique souhaite réduire rapidement ce nombre, affirme Benoit Chapelier, vice-président chez Cossette et administrateur de l’OBNL.
D’ici les trois à quatre prochains mois, la petite équipe souhaite sensibiliser et rallier le plus d’agences et d’acteurs du milieu de la communication au sens large derrière cette mission.
Sur son site web, elle créera un heureux «maillage entre environnement et marketing». En d’autres termes, elle mettra gratuitement à la disposition de l’industrie les ressources nécessaires afin qu’elle verdisse ses pratiques, à l’instar d’un outil qui devrait leur permettre de mesurer l’empreinte écologique de leurs campagnes publicitaires.
«Aujourd’hui, on est une trentaine, dans six mois on doit être 30 000, a martelé Valérie Vedrines lors du lancement de l’OBNL. On est les générateurs de consommation excessive. Mieux on fait notre métier, pire est notre impact sur la planète».
Masse Critique compte maintenant faire de Montréal et du Québec des leaders des pratiques de marketing et de communication écoresponsables. Cependant, elle n’y arrivera pas seule: l’OBNL «n’existe que si vous embarquez avec nous», prévient sa fondatrice.