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Facebook a menacé mardi d’empêcher les utilisateurs et les médias australiens de partager des articles en cas d’adoption d’un projet de loi visant à contraindre les géants du numérique à rémunérer les contenus fournis par les organes de presse.
Les Australiens n’auraient ainsi plus le droit de relayer sur Facebook ou Instagram des informations nationales ou internationales, a indiqué la firme américaine, affirmant que cette décision est « la seule manière de se protéger contre une conséquence qui défie toute logique ».
Le secrétaire australien au Trésor Josh Frydenbergs a aussitôt rejeté les « lourdes menaces » que fait peser Facebook, parlant même de « coercition ».
Rod Sims, le directeur de la Commission australienne de la concurrence et de la consommation (ACCC) qui a élaboré ce projet de loi, a qualifié cette menace d’« inopportune et mal conçue ».
Code de conduite
Canberra a dévoilé fin juillet un projet de « code de conduite contraignant » qui obligerait les géants qui dominent l’internet, au premier rang desquels Google et Facebook, à rémunérer les médias australiens, en grande difficulté financière, pour leurs contenus.
Ce code prévoit la transparence des algorithmes utilisés pour élaborer l’ordre d’apparition des contenus ainsi que des pénalités atteignant plusieurs millions d’euros en cas d’infraction.
Cette proposition de loi « méconnaît la dynamique de l’internet et causera des dommages aux organes de presse que le gouvernement tente de protéger », a affirmé Will Easton, directeur général de Facebook dans la région.
« Le plus déroutant, c’est que cela obligerait Facebook à rémunérer les groupes de presse pour le contenu qu’ils placent volontairement sur nos plateformes et à un prix ignorant la valeur financière que nous leur apportons », a-t-il déploré dans un communiqué.
Il a également accusé l’ACCC d’avoir « ignoré des faits importants » lors du processus de consultation qui a pris fin lundi.
« L’ACCC suppose que c’est Facebook qui profite le plus de sa relation avec les groupes de presse alors qu’en réalité c’est l’inverse », a-t-il estimé.
« Les informations représentent une fraction de ce que les gens voient sur leur fil d’infos et ce n’est pas une importante source de revenus pour nous », a soutenu M. Easton.
« Facebook News »
Il a par ailleurs indiqué que la firme avait préparé le lancement en Australie de « Facebook News », un fil d’actualités alimenté par des journalistes professionnels.
« Au lieu de cela, on nous laisse le choix entre retirer complètement les informations ou accepter un système permettant aux groupes de presse de nous faire payer autant de contenu qu’ils le souhaitent à un prix sans limites précises », a-t-il ajouté.
Mardi, Facebook a informé les utilisateurs australiens d’une modification de ces conditions d’utilisation à compter du 1er octobre qui lui permettra de supprimer ou de retirer l’accès à des contenus « si cela s’avérait nécessaire pour éviter ou atténuer les conséquences juridiques ou réglementaires ».
Google a également contre-attaqué en créant des « pop-ups » sur les moteurs de recherche affirmant « que la manière dont les Australiens utilisent Google est menacée » et en incitant les « youtubers » du monde entier à se plaindre auprès des autorités australiennes.
Ce projet de loi, qui devrait être adopté cette année, vise dans un premier temps les deux plus riches et puissantes firmes de la techno, Facebook et Google,mais pourrait à long terme s’appliquer à n’importe quelle plateforme numérique.
Cette initiative est suivie de près à travers le monde à un moment où les médias souffrent dans une économie numérique où les revenus publicitaires sont de plus en plus captés par les géants du web.