Le titre d'Alphabet prenait 3,65% dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. (Photo: 123RF)
Mountain View — Alphabet (GOOG, 104,61$ US), la maison mère de Google, a rassuré les marchés mardi avec des résultats trimestriels supérieurs aux attentes malgré la mauvaise situation économique, un plan social massif et la course aux investissements dans l’intelligence artificielle.
Son bénéfice net a un peu baissé sur un an à 15 milliards de dollars, d’après un communiqué de presse publié mardi. Les analystes tablaient sur moins de 14 milliards.
Et son chiffre d’affaires a augmenté à près de 70 milliards de dollars, soit un milliard de mieux qu’espéré, alors que le numéro un mondial de la publicité subit des coupes budgétaires de la part des annonceurs.
Google a en outre annoncé un plan de rachat d’actions de 70 milliards de dollars.
Son titre prenait 3,65% dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
Le géant des technologies fait face à une mauvaise conjoncture économique, entre inflation, hausse des taux d’intérêt et crise des banques, autant de facteurs synonymes de réductions des dépenses des marques.
Il a annoncé en janvier la suppression d’environ 12 000 postes, soit un peu plus de 6% de ses effectifs totaux. Ce plan social et la réduction de leurs implantations lui ont coûté 2,6 milliards de dollars au premier trimestre.
Ses recettes publicitaires ont à nouveau légèrement baissé sur un an, comme au dernier trimestre de 2022 et comme pour YouTube (6,7 milliards de dollars au lieu de 6,9 milliards en 2022 à la même période).
«Beaucoup d’efforts»
«Le premier trimestre a été plat pour YouTube. Il va falloir beaucoup d’efforts pour inverser la tendance du déclin des recettes de la plateforme», a noté Evelyn Mitchell d’Insider Intelligence.
Le service de vidéos, comme les autres acteurs du streaming (gratuits ou payants), pâtit de la concurrence de l’ultra populaire TikTok.
YouTube, à l’instar d’Instagram et de Snapchat, a copié des éléments du succès de l’application, notamment les «Shorts», un format de vidéos courtes et divertissantes, mais le service n’arrive pas encore à en tirer des revenus substantiels.
«Les retours initiaux que nous avons sur les compensations financières (…) pour les créateurs de +Shorts+ ont été décevants», a souligné l’analyste.
«Mais les annonceurs américains diversifient leurs investissements dans les réseaux sociaux en cas d’interdiction de TikTok, et la demande pour les espaces publicitaires adossés aux Shorts pourrait augmenter», selon lui.
Insider Intelligence table néanmoins sur 180,6 milliards de dollars de revenus publicitaires pour Google en 2023 (+7,2% sur an), soit 28% du marché mondial de la publicité numérique, devant Meta (20%).
La pression de la concurrence est montée brutalement en février, quand Microsoft a ajouté un outil d’intelligence artificielle (IA) générative à son moteur de recherche Bing, jusque-là un acteur minuscule du secteur.
Le groupe informatique a créé la surprise en intégrant la technologie de ChatGPT, le chatbot d’OpenAI capable de répondre aux questions des utilisateurs, mais aussi de générer différents textes sur commande.
Deuxième trimestre difficile
Pris de court, Google a présenté Bard, son concurrent à ChatGPT, la veille du lancement du nouveau Bing.
Alphabet a donc dû mettre le turbo dans ses recherches liées à l’IA, tout en licenciant des milliers de personnes, comme ses rivaux.
Il a aussi interrompu récemment la construction de son nouveau site à San José, dans la Silicon Valley, qui devait s’étaler sur 32 hectares avec des bureaux, parcs, commerces et logements, d’après la chaîne américaine CNBC.
Et le trimestre en cours s’annonce aussi mouvementé.
La banque centrale américaine prévoit de continuer à relever les taux pour faire effectivement ralentir l’activité économique et donc lutter contre l’inflation, et ce malgré le risque de récession.
Les investisseurs vont aussi surveiller les différentes batailles judiciaires en cours.
Le ministère américain de la Justice a porté plainte fin janvier contre Google pour son «monopole» sur le marché de la publicité sur internet. L’entreprise fait déjà face à d’autres poursuites liées au droit de la concurrence.
Une décision de la Cour suprême est attendue avant le 30 juin sur la «Section 230», une loi contestée protégeant les plateformes comme Google et YouTube de poursuites liées aux contenus publiés par les utilisateurs.
Et la Commission européenne a rappelé mardi que dix-neuf très grandes plateformes, dont cinq services de Google (moteur de recherche, Maps, YouTube, etc), seront soumises à des contrôles renforcés à partir de fin août dans le cadre de la loi sur les services numériques.
Elles doivent lutter efficacement contre la désinformation, les publications sur internet à caractère haineux ou les contrefaçons. Elles risquent des amendes pouvant atteindre 6% du chiffre d’affaires mondial de leur groupe en cas d’infraction.