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La blockchain, votre rempart contre les cyberattaques

François Remy|Publié le 25 mars 2021

La blockchain, votre rempart contre les cyberattaques

Rencontre avec Pascal Leblanc, fondateur et PDG de cette start-up de Montréal. (Photo: courtoisie)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Face à la recrudescence des piratages mondiaux (SolarWinds, Microsoft Exchange, etc.), les gestionnaires TI cherchent la nouvelle solution pour renforcer durablement la protection de leurs systèmes informatiques. Le remède tiendrait en deux mots : blockchain et infonuagique, assure-t-on chez Mantle Technologie. Rencontre avec Pascal Leblanc, fondateur et PDG de cette start-up de Montréal.

Pour expliquer simplement la proposition de valeur de la jeune entreprise québécoise, Mantle Technologie empêche que des pirates informatiques dévoilent des secrets personnels ou industriels. « Car ça arrive à des milliers de personnes tous les jours. Le cas échéant, nous allons nous en rendre compte tout de suite et retrouver tous ceux qui auront eu accès à ces secrets pour les empêcher de les partager », nous explique Pascal Leblanc, qui a fondé cette start-up spécialisée en technologie cryptographique en 2017.

Actuellement, la plupart des entreprises font appel au cryptage pour la majeure partie de leurs systèmes de sécurité. Mais la technique déplore des vulnérabilités qui permettent à certains acteurs malveillants de les exploiter pour opérer des attaques avec demandes de rançon ou exfiltration de données. C’est là qu’intervient Mantle, en réagençant les infrastructures informatiques au renfort de chaîne de blocs et de « transinfonuagique » (cross-cloud).

 

Les vertus de la décentralisation

Plus exactement, la start-up montréalaise ne vient pas chambouler les processus de ses clients. Elle les aide à conserver leurs données autrement, toujours via les serveurs physiques dans les locaux des sociétés, mais en partie seulement. Mantle atomise les informations sensibles et les répartit sous forme de fragments sur plusieurs serveurs. Elle les distribue sur des solutions infonuagiques classiques telles que Google Drive, AWS ou Microsoft Azure, tout en y associant des accès renforcés.

« On peut penser à une déchiqueteuse numérique pour laquelle seul l’organisme avec le logiciel Mantle et les permissions aura la capacité de rassembler les fragments de données dans le bon ordre afin que le fichier soit lisible », illustre Pascal Leblanc.

La start-up inscrit ensuite des références auditables dans une chaîne de blocs, un registre réputé impossible à falsifier. « Selon le même principe que le registre distribué de Bitcoin sur lequel vous pouvez voir toutes les transactions depuis la création. C’est un attribut bien connu de la blockchain : transparence et auditabilité », insiste le PDG. La technologie Mantle sert de portail vers les divers réseaux blockchain tels que Bitcoin ou Ethereum, le tout, de façon clé en main.

Les avantages principaux tiennent donc au fait que si des pirates informatiques accèdent à l’un des serveurs, ils n’obtiennent que des bouts d’informations désordonnés et inexploitables en l’état. Et si ces cyberattaquants désirent malgré tout publier les données fragmentaires sur Internet, il serait alors techniquement possible de retrouver les auteurs et les utilisateurs.

 

Frilosité québécoise

Si les bénéfices sont aussi évidents, on se demande dès lors pourquoi, dans les circonstances actuelles, tout le monde ne recourt pas plus largement à cette solution mixte à base de chaîne de blocs et de cross-cloud.

« Ce sont des technologies émergentes qui sont cutting-edge, qui dépassent donc les standards basiques. Au Québec, les fonds d’investissement sont un peu frileux pour la deep tech, les deux fonds qui soutiennent Mantle sont de l’Ontario », fait remarquer Pascal Leblanc. « Au gouvernement, les mentalités évoluent lentement, on préfère faire affaire avec les mêmes firmes, qui préfèrent le statu quo, des bases de données traditionnelles. On a peur des technologies plus innovantes à moins qu’elles aient été testées largement dans le secteur privé. »

L’adoption de ces technologies émergentes semble par ailleurs freinée par un manque de sensibilité aux enjeux de la cybersécurité, qui demeure dans le monde de l’entreprise un poste associé plus souvent aux coûts qu’aux revenus.

« Tout de même, avec les mouvements de régulation autour des données privées, l’augmentation des cyberattaques et des échanges de données avec l’open banking, le big data, l’identité numérique, les décideurs commencent à comprendre qu’il faut investir en cybersécurité. C’est vraiment au niveau managérial le plus grand frein. Il faut prioriser les cyberrisques au sein de l’entreprise », conclut le PDG de Mantle Technologie.