Qui est ce géant de la crypto qui courtise Hydro-Québec?

Publié le 04/06/2018 à 15:44

Qui est ce géant de la crypto qui courtise Hydro-Québec?

Publié le 04/06/2018 à 15:44

Par François Remy

(Photomontage/123rf)

Derrière les quelques employés officiels du chinois Bitmain au Québec se cache un empire controversé de la blockchain.

Le gouvernement Couillard va «bientôt» dévoiler une nouvelle politique d'approvisionnement en électricité pour les entreprises de minage de cryptomonnaies. Avec «des critères de sélection pour signer avec les plus sérieux, les plus durables et offrant le plus de retombées», comme on nous l'affirmait déjà en mars dernier chez Hydro-Québec.

Reste à voir si le cadre de référence gouvernemental à l'intérieur duquel le producteur d’électricité va devoir gérer ses nouveaux clients issus de la crypto ne risque pas de favoriser les gros joueurs étrangers. Ces derniers n’ont pas forcément pour habitude d’être «bons joueurs».

Une crainte légitime qu'éprouvent de plus en plus les entrepreneurs québécois de la blockchain.

«Je pense que le Chief Operating Officer a rencontré M. Martel la semaine passée», nous a indiqué un directeur d’une «mine» locale quelques jours après avoir reconnu «les gens de Bitmain» à C2 Montréal, la conférence qui «réinvente le réseautage».

Contacté la semaine dernière par Les Affaires, le fabricant chinois de l’incontournable gamme des AntMiner n’a toujours pas dissipé nos interrogations sur ses projets d’expansion officielle au pays.

Constituée au Québec en personne morale depuis janvier 2018, Technologies Bitmain emploierait actuellement moins de 5 personnes pour mener depuis ses bureaux montréalais des «services client et d’ingénierie en centre de données».

 

Pour les non-initiés à l’univers crypto, brossons un rapide portrait-robot de cette multinationale chinoise controversée car elle brasse des milliards de dollars grâce à des activités aussi complémentaires que conflictuelles pour le libre-marché:

- la fabrication de puces électroniques et de matériel dédiés au mining présentés comme les plus efficients actuellement sur le marché.

- l’exploitation de fermes de minage, de cloud mining avec Hashnet, et de «coopératives de mineurs» au travers de sa filiale historique Antpool (qui affichait 16% de part de marché du hashrate de Bitcoin sur la semaine écoulée) mais également depuis peu de BTC.com, «le premier fournisseur mondial de données, de pools et de wallets Bitcoin» (24,5%!).

- le capital-risque, avec une participation dans des dizaines de start-up assurant l’échange de cryptomonnaies contre devises à cours légal, à l’instar de la licorne Circle (fintech aussi soutenue par Goldman Sachs), ou proposant des solutions basées sur certaines chaînes de blocs.

Bitmain mène d'ailleurs des discussions avec divers niveaux de pouvoir québécois depuis le début de l’année dans le but vraisemblablement d’échapper aux pressions de Pékin. Assurant une gestion stricte de ses flux de capitaux, la Chine se montre particulièrement suspicieuse quant au détournement de ces technologies contre les institutions monétaires, aux menaces que ces activistes constituent pour la deuxième économie du monde.

Bitmain prospecte depuis lors, à la recherche de sites chez nous et poursuit même des négociations avec des sociétés dans l’industrie des papiers ou des textiles. Le mastodonte chinois du bitcoin leur proposant de partager le cas échéant des infrastructures sous-exploitées.

Accès privilégié?

Soudainement ravivée, la rumeur de «l’invasion de Bitmain» a rapidement circulé dans notre communauté blockchain et s’est intensifiée lorsque le Journal de Montréal a évoqué une «rencontre d’introduction» entre la direction chinoise et le PDG d’Hydro-Québec, mais également avec des représentants d’Investissement Québec.

Même si le quotidien ne pouvait pas caractériser la nature des discussions, les gens d'affaires déjà inquiétés par les signaux contradictoires du gouvernement Couillard craignent désormais les effets indésirables des réseaux d'influence et des nouvelles barrières d’entrée.

«On est outré que le Québec déroule le tapis rouge à un énorme monopole qui est en train de se faire mettre dehors de la Chine et qui va pouvoir étouffer ceux qui veulent innover au Québec comme il le fait déjà ailleurs dans le monde. La transparence, pourtant cruciale dans notre secteur, ne fait pas partie des méthodes de Bitmain», partage un intervenant du marché sous couvert d’anonymat, par peur de represailles commerciales de la part de l’omnipotent équipementier chinois. Avant d’ajouter que «les crypto-entrepreneurs québécois n’ont pas eu droit, eux, à leur rencontre avec le grand patron d’Hydro-Québec».

Doit-on blâmer nos concitoyens corporatifs qui ont foi en la blockchain de s’offusquer de la sorte, de déplorer le fait que nous ne soyons pas tous égaux devant l’appareil étatique? Ou au contraire ont-ils raison de soupçonner que nos dirigeants ne maîtrisent peut-être pas toutes les finesses de la crypto?

«Bitmain dispose d’une force de frappe industrielle démesurée qui n’est pas de bon augure pour l’innovation au Québec. Nos installations sont composées uniquement de leurs produits, nous sommes pour ainsi dire totalement dépendants. S’il venait à s’installer à Montréal et ses environs et à nous considérer comme des concurrents, il pourrait impunément retarder des livraisons, répondre aux commandes au compte-goutte, voire ne plus nous les vendre», se figure un autre observateur de la scène régionale crypto.

«Leurs pratiques commerciales ont tendance à être abusives, en gonflant les performances revendiquées par de nouvelles machines ou en organisant des pénuries», insiste-t-il.

Naturellement, le géant chinois pourrait sans grande difficulté suivre la recette gouvernementale pour maximiser les retombées économiques de ses mines cryptographiques au Québec. À savoir développer le volet équipement (fabrication, réparation, distribution), le volet recherche et développement ou encore l’implantation d’un centre de soutien informatique.

 

Manifestement soucieux d’honorer «les positions progressistes» que lui prête son nouveau directeur de campagne, le premier ministre avait exprimé une toute petite ouverture à l’industrie des jetons numériques.

Mais, quitte à ouvrir les portes de notre «paradis des serveurs» aux mineurs et les vannes des centrales hydroélectriques qu’il renferme, «que ce soit le plus possible des entreprises du Québec qui en bénéficient », avait pourtant déclaré Philippe Couillard devant les parlementaires.

Alors ce n’est pas un mineur de bitcoin monopolistique qui devrait hanter un petit échantillon du milieu d’affaires québécois, si?

Extrait de

«Québec déroule le tapis rouge à un monopole chinois du bitcoin»

 

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