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Le Web3, la nouvelle dimension prometteuse pour l’entrepreneuriat

François Remy|Publié le 23 mai 2022

Le Web3, la nouvelle dimension prometteuse pour l’entrepreneuriat

(Photo: 123RF)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Mais pourquoi cette troisième ère d’Internet nommée Web3 serait-elle à ce point essentielle? Car elle combinerait le meilleur des deux précédents mondes interconnectés. 

«Nous sommes maintenant au début de la troisième ère d’Internet qui combine le système de valeurs implicites de la première ère, décentralisation et gouvernance de la communauté, avec les fonctionnalités modernes et avancées de la seconde. Cela va générer une nouvelle vague de créativité et d’esprit d’entreprendre», assure l’équipe crypto de a16z, la société californienne de capital-risque Andreessen Horowitz, dans son tout premier rapport sur les tendances de l’industrie.

Entre 1990 et 2005, on a découvert un nombre croissant de sites, via les «autoroutes de l’information» auxquelles on accédait via Explorer, Netscape, Yahoo… Les protocoles ouverts, décentralisés et gérés par les communautés, ont vu la valeur s’accumuler aux extrémités du réseau, entre les développeurs et les visiteurs. C’était l’ère — encore officieuse — du Web1.  

Ensuite, et jusque grosso modo 2020, on a rejoint plus ou moins activement le mouvement des créateurs, via YouTube, WordPresse, Facebook… Des services en ligne centralisés, en silo. La valeur a pris ses distances avec la majorité des utilisateurs. «Pour revenir à une poignée de grandes entreprises technologiques, l’oligopole Big Tech», épingle-t-on chez a16z, pour décrire le Web2 et déplorer le fait « qu’Internet tel que nous le connaissons est défaillant ».

 

«La capacité de détenir une part d’Internet» 

Avec cette troisième version du web, les utilisateurs retrouveraient en quelque sorte des droits de propriété, la possibilité de posséder des parts d’Internet comme on possède des parts d’une coopérative. Car le principe désormais consiste à mettre les participants sur un pied d’égalité, pour que développeurs, créateurs, utilisateurs et investisseurs œuvrent tous ensemble afin d’atteindre un objectif commun: la croissance du réseau. 

«Le Web3 permet de privilégier un avenir collectif plutôt que celui d’une entreprise ou d’un gouvernement», insiste le rapport d’a16z. 

L’avènement de ce nouveau web, rendu possible lui-même grâce à l’émergence du bitcoin, semble chaotique vu de l’extérieur. Surtout lorsqu’on emploie les cours boursiers des cryptomonnaies comme seul indicateur du cycle d’innovation. 

Pourtant, le phénomène repose sur une dynamique bien ordonnée, expliquent les rapporteurs. « Le résultat est une croissance constante à long terme, grâce à une boucle de rétroaction entre l’intérêt et l’innovation. » Autrement dit, le fait que les utilisateurs trouvent leur intérêt dans les avancées technologiques devient la cause d’innovation, et ainsi de suite. 

Les développeurs Web3 ont dès lors l’embarras du choix pour bâtir ce nouvel Internet, entre les chaînes de blocs Ethereum, Solana, Avalanche, pour ne citer que ces trois exemples proposant des contrats intelligents. Sans oublier que sur ces chaînes de blocs «primaires» (image 1) d’autres peuvent venir se greffer pour profiter des fonctionnalités tout en augmentant les capacités (image 2). Nombre d’écosystèmes prometteurs émergent, visant des améliorations en termes de performance, mais aussi d’impact environnemental. 

 

Amélioration, fidélisation, monétisation 

Les détracteurs objecteront certainement que les prévisions de la société Andreessen Horowitz relèvent de la prophétie autoréalisatrice. Mais n’est-ce pas le propre des risqueurs de capitaux d’appeler de leurs bons vœux que leurs paris soient gagnants? a16z reste un acteur historique, de la première heure ou presque et, rien qu’à ce titre, sa vision demeure à tout le moins digne d’attention. 

Et cette vision se veut optimiste. «L’infrastructure Web3 va continuer à s’améliorer», affirme le rapport, prédisant une large adoption par les créateurs numériques des NFT (tokens non fongibles) pour leurs propres communautés. «Ils découvriront comment nettement mieux monétiser leurs activités par rapport aux pubs et autres méthodes du Web2, en vendant des créations directement à leurs fans». 

Il faut d’ailleurs se préparer à la sortie de de nouveaux «jeux vidéo Web3» développés par des studios majeurs. Ce qui amènera des joueurs d’un nouveau genre, récoltant des actifs cryptos au fil de leur jeu. «Ils pourront épargner ces tokens dans des protocoles DeFi qui offrent potentiellement de meilleurs taux d’intérêt et une meilleure expérience utilisateur que les services bancaires traditionnels.» 

Il faudrait encore s’attendre à l’émergence de nouvelles entreprises décentralisées (DAO), de nouveaux réseaux sociaux décentralisés, de nouveaux groupes média décentralisés. Bref, une nouvelle génération d’entrepreneurs de cet Internet décentralisé. «Nous n’en sommes qu’aux prémices», conclut ce premier rapport sur l’état de la crypto.