(Photo: courtoisie)
Un iPhone? Un iPad? Ça, c’est de l’innovation! Une Apple Watch? Des écouteurs Bluetooth? Peuh! Et pourtant, c’est exactement la même formule servie aux consommateurs, dans les quatre cas. Mine de rien, ça permet aujourd’hui à Apple d’être en tête des ventes de montres connectées, d’écouteurs sans fil, et même, assure-t-on à Cupertino, d’écouteurs tout court.
C’est la critique qui revient le plus souvent à propos d’Apple depuis quelques années. La même qu’on entendait au courant des années 90, alors que la société de Cupertino flirtait dangereusement avec le bas-fond financier et commercial: elle a perdu sa capacité à innover.
Même s’ils sont 60$ plus cher que leurs plus récents prédécesseurs (à 329 vs 269 dollars, donc 110$ plus cher que les AirPods sans recharge sans fil), les AirPods Pro, une évolution longuement anticipée introduisant, surtout, une insonorisation paramétrable qui permet de les utiliser là où ils n’étaient pas utilisables avant, vont quand même renforcer la position d’Apple en tête de l’électronique grand public.
Des écouteurs… professionnels?
Un nombre important de petits fabricants, surtout chinois, ont imité le design blanc et minimaliste d’Apple, et vendent leurs propres produits pour une fraction du prix des AirPods originaux. Résultat : partout où on croise des gens en transit, on a tôt fait d’arrêter de compter le nombre de personnes portant des écouteurs sans fil blancs aux oreilles. Ceux qui avaient l’air fous en arborant leur oreillette Bluetooth jusque dans l’avion, à une époque où il n’y avait aucun signal sans fil à bord, ont aujourd’hui l’air branchés où qu’ils soient, grâce à Apple.
Cela dit, les AirPods sont inutilisables en avion, vu le niveau sonore élevé à bord. C’est donc là où l’édition Pro entre en scène, elle qui risque de côtoyer plus tôt que tard les gros casques Bose, Sony et autres qu’on croise souvent en classe affaires.
Les AirPods Pro ont l’air un peu costauds, sur photo, mais en personne, ils sont étonnamment compacts. Ils intègrent une insonorisation active, qui réduit ostensiblement le bruit de fond, bien plus que les simples embouts en silicone livrés dans la boîte. Cette insonorisation s’active manuellement, sur son iPhone (ou iPad), ou via l’embout sensible à la pression des deux oreillettes. Pincer la petite tige permet aussi de commander la lecture de musique. Celle-ci améliore par ailleurs la captation de la voix, pour des appels mains libres, ou pour parler à Siri. Pour que tout ça soit entièrement fonctionnel, et affichable à l’écran d’un mobile d’Apple, il faut toutefois la plus récente version du système iOS, ce qui limite la liste d’appareils compatibles avec ces écouteurs.
Les AirPods Pro ne sont donc pas pour tout le monde. Mais observez, puisqu’on y est, la marque (et le prix) de tous ces casques d’écoute qui se côtoient dans les avions, dans les premières rangées à tout le moins. Est-ce qu’on y voit souvent des marques plus lifestyle comme Beats, qui appartient d’ailleurs à Apple? Non.
C’est là où les AirPods Pro pourront se tailler une niche sans nuire à leurs homologues signés Dr Dre. Apple semble vouloir limiter sa propre gamme d’écouteurs au format bouton, laissant Beats vendre les plus gros modèles. C’est d’ailleurs dans un de ces petits avions à hélice d’Air Canada, pas particulièrement silencieux, qu’on a pu les mettre à l’épreuve, et le résultat est convaincant: les voyageurs vont préférer ce nouveau modèle d’AirPods aux autres. Les agents de bord, eux, vont rager, avec encore moins de passagers qui vont les comprendre quand ils présentent les mesures de sécurité au décollage…
La valeur ajoutée d’Apple
On ne faisait pas grand cas des AirPods à leur lancement. À l’époque, on avait en poche des modèles de marques inconnues comme Bragi, ou Earin, ou autres. Il y a même eu une campagne Kickstarter qui a fait tout un tabac pour des oreillettes québécoises à la forme inusitée, qui ont ensuite disparu dans la brume (l’entreprise aurait été rachetée par un gros joueur, semble-t-il).
Encore aujourd’hui, les M-2 d’Earin sont parmi les petits écouteurs les plus attrayants sur le marché. Plein d’autres joueurs ont fait leur apparition, comme Samsung, et, le printemps prochain, Google et même Microsoft débouleront. Mais pour le moment, c’est vraiment Apple qui attire les feux de la rampe.
En plus de l’insonorisation, les AirPods Pro ont une mécanique assez complexe, pour de si petits appareils, et proposent un ajustement constant de leurs réglages sonores, à raison de 200 fois par seconde, pour garantir une « ambiance » convenant au contexte (et à toutes les oreilles). Ils sont par ailleurs résistants à la sueur et l’humidité (IPX4), et grâce à une mise à niveau d’iOS, certains produits Apple peuvent jumeler plus d’un casque Bluetooth à la fois. Pratique pour partager musique et vidéos sans déranger les voisins de sièges…
Leur boîtier-chargeur étire une autonomie plutôt courte, variant entre 3 et 5 heures, à tout près de 24 heures. D’autres produits du genre ont déjà essayé d’ajouter un stockage interne, pour lire de la musique localement, ou des capteurs de rythme cardiaque, pour ajouter des fonctions de mise en forme.
Peut-être qu’Apple aurait pu aller dans ce sens. Mais les AirPods, Pro ou pas, ne sont qu’un accessoire, pas un produit à part entière. Ça a pris quelques années pour que l’Apple Watch se crée un marché à elle seule avec ses applications de santé et de mise en forme. Même elle n’est pas encore entièrement autonome. Elle ne figure pas de façon isolée dans les rapports financiers d’Apple non plus, d’ailleurs, entremêlée avec d’autres produits comme, justement, les AirPods.
Mais parions que cette catégorie de produits est appelée à prendre du poids, au fil des prochaines années, des prochains mois. Et même des prochaines semaines, Apple ayant la capacité de mettre ses nouveaux écouteurs en marché dès maintenant, comparativement à certains de ses rivaux qui vont rater la lucrative période des Fêtes qui s’amorce sous peu.
Et ce qui distingue les AirPods Pro, et même Apple tout entière, de ses rivaux, aujourd’hui, c’est probablement ça : arriver à point dans un marché qui n’avait pas encore réellement pris son envol.
Ces AirPods Pro livrent un niveau sonore relevé par rapport aux modèles de base. Ce n’est pas encore au niveau d’un casque extra-auriculaire plus imposant, bien sûr. Mais ça risque de faire mouche, en plus de livrer une intéressante leçon d’histoire à propos d’Apple, à ceux qui doutent de l’attraction de la marque californienne au-delà du simple créneau informatique.
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