La banque centrale a publié mercredi ses conclusions qui montrent que plus de 80% des personnes interrogées sont fermement opposées à ce que la Banque du Canada recherche et renforce la capacité d’émettre un dollar numérique. (Photo: La Presse Canadienne)
Les consultations publiques de la Banque du Canada sur la création d’un dollar canadien numérique révèlent que la plupart des répondants y sont opposés ou méfiants.
La banque centrale a publié mercredi ses conclusions qui montrent que plus de 80% des personnes interrogées sont fermement opposées à ce que la Banque du Canada recherche et renforce la capacité d’émettre un dollar numérique.
La grande majorité des répondants ont également déclaré ne pas faire confiance à la Banque du Canada pour émettre une monnaie numérique sécurisée.
L’une des principales préoccupations concernait la confidentialité: de nombreux répondants appréciant l’anonymat associé à l’argent liquide. De plus, le questionnaire a révélé de faibles niveaux de confiance dans les institutions chargées de protéger les données personnelles.
La banque centrale affirme qu’elle explorera les options pour un dollar numérique où l’identification n’est pas nécessaire pour les transactions de base, comme c’est le cas pour les espèces.
La Banque du Canada a souligné que les résultats ne reflètent pas nécessairement l’opinion du grand public, car les participants ont choisi eux−mêmes de répondre au questionnaire.
Alors que de plus en plus de personnes optent pour des paiements sans argent comptant, les banques centrales du monde entier étudient la possibilité de créer des versions numériques des monnaies.
Une monnaie numérique serait différente des cryptomonnaies, car elle serait soutenue par la banque centrale et sa valeur ne changerait pas, puisqu’elle ne serait qu’une autre forme de monnaie canadienne existante.
Une décision qui revient au Parlement
En 2020, la Banque du Canada a annoncé qu’elle élaborerait un plan d’urgence pour la création d’une monnaie numérique, si jamais le besoin s’en faisait sentir.
Alors que les consultations publiques visaient à évaluer l’intérêt pour une monnaie numérique, la banque centrale a déclaré que la décision de créer un dollar numérique appartenait au Parlement.
«Notre responsabilité est de veiller à ce que le système de paiement canadien soit prêt pour l’économie du futur», a déclaré Carolyn Rogers, première sous−gouverneure de la Banque du Canada, dans un communiqué.
«La façon dont les gens paient et utilisent l’argent change. Si les Canadiens décident qu’un dollar numérique est nécessaire, notre obligation est d’être prêts», a-t-elle poursuivi.
Le chef conservateur Pierre Poilievre s’est farouchement opposé à la création d’une monnaie numérique, proposant l’année dernière d’interdire à la Banque du Canada d’en créer une.
Cependant, il a déjà encouragé l’utilisation des crypto−monnaies et a suggéré que cela offrait aux Canadiens un moyen de se retirer de l’inflation, bien qu’il se soit éloigné du sujet plus récemment.
La banque centrale a également sollicité l’avis d’autres parties prenantes sur la création d’une monnaie numérique, notamment du secteur financier et des organisations de la société civile.
Les acteurs du secteur financier ont déclaré qu’ils souhaitaient plus d’informations sur le fonctionnement d’une monnaie numérique afin de mieux comprendre les implications pour leurs modèles économiques.
La banque centrale affirme qu’une monnaie numérique ne générerait pas d’intérêts, afin d’atténuer le risque potentiel qu’un dollar numérique remplace les dépôts des banques commerciales.
L’engagement de la Banque du Canada auprès des groupes de la société civile qui défendent les intérêts des Canadiens en situation de handicap, des consommateurs et des Canadiens à faible revenu a révélé que ces groupes soutenaient principalement une monnaie numérique si sa conception éliminait les obstacles existants.
Nojoud Al Mallees, La Presse Canadienne