La montre Solios. (Image courtoisie)
Si vous suivez le marché de la montre autrement que comme un consommateur qui s’en magasine une, ou que comme un amateur de gadgets qui veut l’équivalent d’un téléphone intelligent allégé sur son poignet, vous avez sûrement remarqué ces dernières années une émergence de nouvelles marques et de nouveaux designs popularisés entre autres par les plateformes web participatives comme Kickstarter et Indiegogo.
Car entre l’Apple Watch et la plus récente Tag Heuer, il existe une industrie de la montre relativement stable, dont les revenus sont d’environ 63G$US par an. Outre la montre intelligente et sportive, c’est le créneau de la montre de luxe abordable, entre 100 et 500 dollars US, qui agit comme locomotive. Du lot, 40 à 45 % de ce marché est l’affaire de nouveaux entrants. Les marques de grand luxe, qui vendent des produits à 10 000 $US ou plus, sont eux-mêmes intrigués par le créneau des produits dont le prix est sous les quatre chiffres, comme on dit.
Deux jeunes entrepreneurs montréalais ont flairé la bonne affaire et ont mis en ligne un projet de montre solaire appelé Solios, qui a connu un succès inespéré, à la fin de l’an dernier. À tel point qu’ils ont surpris leur patron respectif lorsqu’il a fallu annoncer à leurs proches qu’ils quittaient leur emploi pour se lancer à temps plein dans la confection du produit promis aux internautes, et dans la création d’une nouvelle marque de produit de mode qu’ils comptent bien diversifier le plus rapidement possible.
Solios a récolté un total de 120 000 $ en prélancement, sur un objectif de 25 000 $. «Ça nous a permis de s’endetter plus! Il a évidemment fallu aller chercher d’autre financement pour assurer la production entière du produit», expliquent d’emblée Alexandre Desabrais et Samuel Leroux, les deux cofondateurs de Solios.
On l’a déjà entendu ailleurs, ces plateformes sont un tremplin inouï pour lancer une entreprise à l’international. «Un acheteur sur deux vit à l’extérieur du Québec», confirment d’ailleurs MM. Desabrais et Leroux.
Une montre écoresponsable inédite
Appelée Solios, la première offrande de l’entreprise éponyme est une montre tout aller de style minimaliste qui est animée par un capteur solaire unique, puisqu’il est totalement invisible. Contrairement à des montres Casio, Citizen ou autres, la Solios n’expose pas directement son capteur solaire sur son cadran. Ce dernier est plutôt capable de laisser filtrer la lumière suffisamment pour charger la pile, été comme hiver, évitant d’avoir à passer chez le bijoutier du coin pour la changer une fois toutes les deux ou trois ans.
Pour se démarquer un peu plus que ça, la montre Solios est conçue de manière à être écoresponsable. Son bracelet de cuir est en réalité un produit de synthèse évitant les produits chimiques généralement associés à ce type de matériau. La boîte dans laquelle elle est livrée est faite d’un carton sans plastique entièrement recyclable.
Bref, la marque Solios veut dégager cette image de luxe raffiné et subtil, responsable et durable. «C’est assez difficile à expliquer au public, alors on aura du travail à faire à ce niveau, mais c’est l’image qu’on veut dégager. Quand on y pense, si la montre solaire était plus répandue, c’est jusqu’à 300 millions de piles qu’on retirerait de la circulation à toutes les deux ou trois ans.»
Créer un tel produit n’a pas été une mince affaire. Trouver les fournisseurs dans cette industrie fortement mondialisée, faire le tour des foires spécialisées pour rencontrer les bons distributeurs, et développer une technologie banale, mais somme toute unique a permis aux deux Montréalais d’en apprendre beaucoup sur la façon de se lancer dans la manufacture d’un produit grand public.
Mais ça ne les a pas découragés pour autant, c’est même tout le contraire. «On veut élargir le catalogue pour offrir des montres plus raffinées encore, ou décliner nos matériaux, comme le cuir, dans d’autres créneaux de mode, comme les sacs à main ou les portefeuille. On se voit comme des spécialistes de l’accessoire de mode.»
Une spécialité qui pourrait déborder du côté techno, aussi. L’énergie tirée du soleil pourrait alimenter quelques circuits électroniques minimalistes mais rehaussant la valeur du produit. Pensons à un GPS pour ajuster l’heure selon le fuseau horaire où on se trouve, entre autres. Ou à une alarme vibrante, pourquoi pas.
Pour notre part, si on avait à leur suggérer une prochaine évolution pour leur montre: trouver une technologie qui laisse passer les rayons solaires jusque sur la peau, pour éviter la fameuse trace de bronzage (ou son absence…) au poignet gauche. On connait bien des gens d’affaires qui seraient prêts à payer cher pour une telle montre!
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