(Photo: Catherine Charron)
WeWork, le pionnier américain des bureaux partagés qui a multiplié les déconvenues ces dernières semaines, a annoncé jeudi la suppression de quelque 2 400 emplois dans le monde – soit près de 20% de ses effectifs totaux – dans le cadre d’un plan de restructuration.
«Dans le cadre de notre (stratégie) de recentrage sur le coeur de métier de WeWork, et comme nous l’avions précédemment fait savoir aux employés, la société procède aux licenciements nécessaires pour créer une organisation plus efficace», a indiqué une porte-parole de l’entreprise.
Le plan social a commencé «il y a des semaines dans des régions du monde et s’est poursuivi cette semaine aux États-Unis. Cette réduction d’effectifs concerne environ 2 400 employés dans le monde», a-t-elle ajouté.
À la fin du mois de juin, l’entreprise comptait encore 12 500 personnes.
Les employés concernés par ce plan social recevront des indemnités de départ, des avantages et d’autres formes d’aide afin de les aider à trouver un autre emploi, a fait savoir la porte-parole infirmant des rumeurs selon lesquelles les personnes licenciées ne toucheraient pas d’indemnités.
«Ce sont des professionnels incroyablement talentueux et nous leur sommes reconnaissants du rôle important qu’ils ont joué dans la construction de WeWork au cours de la dernière décennie», a commenté la porte-parole.
Les déboires se sont accumulés récemment pour l’entreprise dite de «coworking», un mot entré cette année dans le Petit Robert.
WeWork avait prévu de faire une entrée en grande pompe à Wall Street cet automne. La société avait pour 2,5 milliards de dollars de trésorerie au 30 juin mais les coûts de construction et d’autres dépenses ont aspiré cet argent, avaient expliqué à l’AFP des sources bancaires.
Les interrogations se sont en outre multipliées sur sa capacité à gagner de l’argent et à faire face au ralentissement économique mondial, l’immobilier étant souvent l’un des premiers secteurs touchés.
Défiance des investisseurs
Et si ces bureaux partagés, souvent rassemblés dans des immeubles gigantesques, sont à la mode dans l’univers immobilier, leur modèle économique reste incertain.
Face à la défiance grandissante des investisseurs, WeWork a dû renoncer à cette entrée en Bourse. Quant à son patron et cofondateur Adam Neumann, 40 ans, il a fini par consentir à quitter ses fonctions.
L’entreprise présentée, il y a encore peu, comme une des étoiles de l’économie du partage s’est aussi résolue à être sauvée par son actionnaire, le géant japonais de l’investissement dans les technologies SoftBank, et à faire des économies drastiques.
Le plan de sauvetage de SoftBank a impliqué le départ définitif de l’ancien PDG, qui a quitté les instances dirigeantes avec des indemnités de départ d’1,7 milliard de dollars.
WeWork, dont la valeur de sa dette s’est effondrée, a perdu 1,25 milliard de dollars au troisième trimestre, d’après un document obtenu par des quotidiens américains et publié la semaine dernière.
Selon le Wall Street Journal, les revenus de la société américaine ont pourtant augmenté de 94% en un an, à 934 millions de dollars pour la période de juillet à septembre.
Au deuxième trimestre, la firme avait déjà enregistré 638 millions de dollars de pertes.
La débâcle de WeWork contribue par ailleurs aux difficultés de SoftBank, qui a annoncé plus tôt ce mois-ci sa plus grosse perte d’exploitation trimestrielle jamais enregistrée (6,4 milliards de dollars US).
Masayoshi Son, PDG de SoftBank, avait exprimé ses profonds remords et avait reconnu de mauvaises décisions d’investissement «à bien des égards» par rapport à WeWork et Uber.
«Les comptes sont minables, l’impact de WeWork est important, je le regrette profondément», avait-il admis.