Le centre d’art immersif Oasis Immersion produit et présente des œuvres à la croisée des chemins entre l’art et la technologie. (Photo: Maxime Johnson)
TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.
TECHNO SANS ANGLES MORTS. Trois ans après son lancement, le centre de diffusion d’art immersif Oasis Immersion passe à une nouvelle étape: l’exportation de ses œuvres. Car Montréal n’est pas la seule ville à offrir un endroit pour déambuler dans des peintures de Van Gogh ou être submergé d’art génératif. Le genre est en expansion partout dans le monde, et Oasis Immersion compte bien en profiter.
La Grande Vague de Kanawaga du peintre japonais Hokusai mesure environ 26 cm sur 38 cm. Ici, au Palais des congrès de Montréal, elle fait plutôt plusieurs mètres de large, recouvrant tous les murs et le plancher de la plus grande des trois salles du centre Oasis Immersion.
«Avant ici, c’était un entrepôt. On a tout aménagé l’endroit pour faire nos expositions», explique le cofondateur de l’entreprise Nicolas Lassonde. L’espace a été divisé en trois salles distinctes, pour assurer un parcours dans les expositions, avec des murs optimisés pour le son et les projections. En tout, 110 projecteurs et 135 haut-parleurs permettent de faire vivre les expositions immersives présentées par ce centre à la croisée des chemins entre l’art et la technologie.
Depuis son lancement à la fin 2020, six expositions ont été présentées par Oasis Immersion, dont Rêver l’Asie, inspirée du patrimoine culturel de la Chine et du Japon. Une septième, Nature vive, produite en collaboration avec National Geographic, prendra l’affiche le 22 février.
Un nouveau format en pleine explosion
Paris, Londres, Tokyo, New York: de nombreuses villes sont désormais dotées de centres comme Oasis Immersion. «On a identifié plus d’une centaine de sites d’art immersif dans le monde, sans compter les sites temporaires», explique Nicolas Lassonde.
Des galeries d’art contemporain s’équipent aussi de plus en plus du matériel nécessaire pour projeter des œuvres immersives, et même des musées se dotent de salles dédiées à ces projections, selon le cofondateur d’Oasis Immersion.
Dire que ces expositions ont la cote est un euphémisme. Le musée d’art immersif Borderless de Tokyo a par exemple attiré à lui seul plus de 2,3 millions de visiteurs à son année d’ouverture, et le centre Outernet est désormais l’attraction la plus visitée à Londres, grâce à ses 6,25 millions de visiteurs à sa première année, surpassant même le British Museum.
Le genre a évidemment ses détracteurs. Plusieurs critiques se désolent par exemple de l’aspect commercial de ces expositions, tout comme du fait que plusieurs visiteurs semblent plus intéressés par partager leur expérience sur les réseaux sociaux que de profiter de l’art lui-même. «C’est vrai que ça passe bien sur Instagram», reconnait Nicolas Lassonde en riant (mea culpa: j’ai moi-même pris 68 photos et vidéos lors de mon passage la semaine dernière).
De Montréal à Paris (et plus)
Les affaires vont d’ailleurs bien pour Oasis Immersion, dont les présentations sont souvent à guichets fermés, surtout lors des périodes de pointe, comme pendant la semaine de relâche. «Nous avons aussi de plus en plus de partenariats avec des congrès, des agences de voyages et des écoles», note le cofondateur de l’entreprise.
Développer des expositions coûte toutefois cher. Oasis Immersion était d’ailleurs rentable à sa deuxième année d’opération, mais pas lors de la suivante, lorsqu’elle a beaucoup investi dans la production de contenu original.
Pour cette raison, Oasis Immersion voit la popularité grandissante des expositions immersives comme une excellente nouvelle, puisqu’elle lui permet d’exporter ses œuvres. Son exposition RECHARGER/Unwind, présentée à Montréal en 2021, vient d’ailleurs tout juste d’être diffusée pendant deux mois au Hangar Y, près de Paris, une première pour l’entreprise.
«Ce qu’on aimerait maintenant, c’est développer un bon réseau de distribution, et obtenir des avances de ceux qui vont projeter nos œuvres, comme ça se fait avec des diffuseurs télé, par exemple», poursuit le Nicolas Lassonde. L’exportation devrait aussi permettre à l’entreprise d’accéder à des crédits d’impôts de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).
«C’est vraiment ça la clé pour nous. Après tout, aucune salle de cinéma ne pourrait survivre en ne présentant que des films autoproduits», illustre Nicolas Lassonde.