J'espère que vous ne le faites pas pour l'argent!

Publié le 18/04/2024 à 12:00

J'espère que vous ne le faites pas pour l'argent!

Publié le 18/04/2024 à 12:00

Photo: Ishan Seefromthesky pour Unsplash.com

EXPERT INVITÉ. Si vous lisez fréquemment mon blogue, vous savez qu’une grande partie de mes billets sont inspirés de discussions que j’ai avec d’autres entrepreneurs ou futurs entrepreneurs. C’est aussi le cas de ce billet: s’il vous plait, ne le faites pas pour l’argent! 

Dans les dernières années, en tant que mentor ou entrepreneur en résidence dans plusieurs incubateurs-accélérateurs, j’ai eu la chance de côtoyer des centaines d’entrepreneurs étant au balbutiement de leur projet entrepreneurial. Dans plusieurs cas, lorsque je leur demandais pourquoi il avait fait le choix de lancer leur projet, la réponse était soit liée à un véritable souhait de régler un problème ou encore différentes raisons telles que leur désir de liberté, de créer quelque chose, d’avoir leur destin en main.

En revanche, j’ai été étonné de voir combien de fois les entrepreneurs m’ont dit que leur objectif numéro un était d’être riches. Personnellement, je trouve cela alarmant!

Premièrement, c’est hautement improbable qu’ils le deviennent. Il est assez rare de même pouvoir bien gagner sa vie comme entrepreneur, et encore moins d’accumuler suffisamment d’argent qui changera une vie.

Deuxièmement, ils passent à côté de la véritable raison pour laquelle l’entrepreneuriat est si gratifiant: travailler avec des personnes intelligentes qui sont prêtes à tout ensemble pour résoudre des problèmes intéressants.

Mais le plus triste est que les raisons qui les poussent à vouloir devenir riches ne sont généralement pas les bonnes. Voici pourquoi.

 

L’expérience de la pauvreté

Je me considère aujourd’hui comme un privilégié et j’ai la chance, à ce stade de ma vie, de pouvoir me permettre la plupart des choses que je veux. Mais il y a eu des moments dans ma vie où je ne pouvais pas me permettre beaucoup, même pas grand-chose, et cela a façonné ma définition de ce qu’est la richesse, même aujourd’hui.

En fait, comme je le disais dans mon blogue «avoir connu la pauvreté: un avantage entrepreneurial», j’ai vécu la réalité de ne pas avoir grand-chose. Après mon échec entrepreneurial chez Piranha, j’en suis venu à faire une proposition de consommateur.

En seulement quelques mois, je suis passé d’un confort réel à un stress financier constant, me poussant à me demander comment j’allais réussir à boucler la fin du mois (et payer le montant entendu dans ma proposition). J’avais dressé une «liste de souhaits» qui était affichée sur le réfrigérateur. Il s’agissait de choses que nous achèterions — par ordre de priorité — si je réussissais à avoir la tête hors de l’eau à la fin du mois. Les deux premiers éléments de la liste étaient le remboursement des cartes de crédit et le paiement au syndic: rien de bien sexy!

Aujourd’hui, bien que j’aie gardé un certain «syndrome de choc post-traumatique» de cette période difficile, plus rien de tout cela n’est préoccupant et c’est là l’une des premières raisons de vouloir avoir de l’argent. Tout simplement ne pas avoir à se soucier de l’argent tout le temps. En fait, j’ai réalisé que le principal pouvoir de l’argent réside dans la liberté et qu’il est vrai que nous devenons souvent entrepreneurs, car nous avons envie d’être libres.

Il m’a toutefois fallu des années pour en arriver là: être en mesure de couvrir tous les besoins de bases pour moi et ma famille — nourriture, logement, etc. C'est aussi la sécurité et avoir des options. En fait, je pense souvent que la richesse est aussi simple que de décider d’emmener sa famille dîner au restaurant et de pouvoir le faire sans avoir la crainte que votre tour financière Jenga ne s’effondre.

Même aujourd’hui, la plupart des gens ne disposent pas d’un tel niveau de richesse, mais selon cette définition, il est plus à portée de main que beaucoup ne le pensent. Vous n’avez certainement pas besoin d’une introduction en bourse ou de la vente de votre entreprise à de grands multiples pour y parvenir.

 

Le bonheur est ailleurs

Vous savez quel est l’un des principaux mythes sur la richesse? C’est que la richesse dépend uniquement du solde de votre compte bancaire. En fait, elle réside surtout dans la perception que vous avez de ce solde. Quel que soit l’objectif que vous vous fixez, c’est tout simplement la nature humaine de vouloir toujours plus, de constamment déplacer les objectifs. Le désir de posséder une voiture fiable se transforme rapidement en celui d’avoir un avion fiable puis celui d’avoir un yacht fiable.

De nombreuses études ont montré qu’il existe un «effet de satiété» selon lequel, au-delà d’un certain seuil, les personnes ayant des emplois plus prestigieux et plus d’argent ne sont pas plus heureuses dans leur vie. Croire qu’un événement financier monumental déclenchera une transformation miraculeuse dans votre vie ne fait que repousser le bonheur dans un avenir incertain où il reste constamment hors de portée.

Par conséquent, une fois que vous aurez dépassé le niveau de la sécurité économique et que tous vos besoins de base seront plus que comblés, vous devrez vous demander quand cela sera suffisant. Pour moi cela se résume à un concept simple: la «valeur». Il s’agit de se poser constamment les bonnes questions: qu’est-ce qui compte réellement? Quelles sont mes véritables priorités? Quel bénéfice apporte réellement cet achat? Est-ce un caprice ou a-t-il une réelle utilité? Est-ce que le prix en vaut vraiment la chandelle?

Par exemple, pendant de nombreuses années, Bill Gates préférait voyager en classe économique non pas parce qu’il ne pouvait pas se permettre la première classe, mais parce qu’il ne trouvait pas cela valable.

Le surcoût ne se justifiait pas par rapport aux avantages minimes que cela offrait (après tout, tout le monde arrive à destination en même temps). Pour ma part, je me demande souvent si le 2000 $ supplémentaire pour me rendre à Paris en classe affaires vaut vraiment le coût en me disant que je pourrais tout aussi utiliser ce 2000 $ pour visiter des restaurants Michelin toute la semaine! La réponse est simple, surtout pour un fanatique de bonne nourriture comme moi.

Dans le même ordre d’idées, je pourrais me permettre une très belle voiture à ce stade, mais je n’ai jamais été un passionné de voitures et je n’ai pas besoin d’une Lamborghini ou d’une «Mazerati» (que je ne peux même pas épeler). Une Audi fait très bien l’affaire (et même plus), et je n’apprécierais pas vraiment la différence.

Je n’ai pas non plus besoin de dépenser 1000 $ pour une bouteille de vin lorsque je vais souper avec des amis, car je sais que j’obtiendrai en grande partie le même plaisir avec une bouteille de 50 $. Je n’ai pas non plus besoin de la plus grande maison du quartier. Je préfère une maison chaleureuse et plus elle est grande, plus elle nécessite de l’entretien. Nous ne sommes que quatre à l’habiter après tout!

Alors, une fois qu’on a atteint la sécurité, et s’il ne s’agit pas d’avoir plus de choses, à quoi sert la richesse?

Eh bien, la chose la plus importante que j’ai apprise à propos de l’argent, c’est qu’une fois que vous avez satisfait vos besoins fondamentaux, vous pouvez choisir d’en avoir moins en échange de choisir comment passer votre temps. Et passer votre temps à faire quelque chose de significatif pour vous… cela vaut bien plus qu'une voiture de luxe non?

À propos de ce blogue

L’innovation et l’entrepreneuriat sont deux sujets qui me touchent particulièrement. Depuis mon plus jeune âge, mon TDA/H m'a toujours donné l’impression d’être différent. Ce surplus d’énergie constant est devenu un véritable incubateur à idées. Je partagerai donc avec vous mes réflexions et des histoires inspirantes qui touchent l’innovation, mais aussi la santé mentale des entrepreneurs. Parfois provocant, je m’assurerai de vous sortir de votre zone de confort.

Dominic Gagnon

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