Des économistes voient l'avenir en noir

Publié le 24/08/2010 à 15:45, mis à jour le 26/08/2010 à 16:29

Des économistes voient l'avenir en noir

Publié le 24/08/2010 à 15:45, mis à jour le 26/08/2010 à 16:29

Par Olivier Schmouker

Bob Doll est très pessimiste pour l'avenir. Photo : Bloomberg.

«Ces 10 prochaines années, les récessions surviendront plus fréquemment que lors de la décennie passée.» Qui fait une telle prophétie ? Nul autre que Bob Doll, le «gourou des marchés» et stratège en chef du fonds d’investissement américain BlackRock.

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Pas de doute, après avoir connu la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis et les pays développés vont souffrir pendant encore de longues années, selon lui. «Les consommateurs américains croulent encore sous les dettes, le système bancaire des pays développés demeure fragile et le monde entier est globalement en butte à des problèmes de désendettement», a-t-il écrit dans une récente tribune sur MarketWatch.

Bob Doll n’est pas le seul à être inquiet pour l’avenir. L'économiste Lakshman Achuthan, directeur de l’Economic Cycle Research Institute, tremble en constatant l’effondrement de l’immobilier aux Etats-Unis ainsi que d’autres indicateurs économiques qui ont récemment viré au rouge chez nos voisins du Sud. Résultat : lui aussi estime que, durant les dix prochaines années, «nous sommes quasiment certains que les récessions surviendront plus souvent».

«Quand vous volez en rase-mottes, vous avez plus de chances de vous écraser que si vous volez en altitude», illustre Lakshman Achuthan. Ainsi, plus le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) d’un pays est faible, plus le risque de retomber en récession est grand. Quand l'activité progresse de 1% par an, il suffit d’un rien pour revenir dans le rouge, à -0,5%, par exemple. Il faut en revanche un grand choc pour qu'une économie progressant à un rythme de 3% rechute.

«Beaucoup de chemin à parcourir»

Les deux éminents économistes américains se rejoignent sur plusieurs plans : la reprise actuelle est laborieuse, tant aux Etats-Unis que dans nombre de pays développés ; le chômage est partout élevé, en particulier aux Etats-Unis ; etc. En conséquence, «les économies occidentales vont mettre de nombreuses années à se redresser», selon M. Doll.

Du côté canadien, de plus en plus d’économistes redoublent de prudence quant aux évolutions futures des économies des Etats-Unis et du Canada. Ceux qui claironnaient, il y a de cela quelques mois, que l’Amérique du Nord était bel et bien sortie de la récession en 2009 se font maintenant plus discrets…

«Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir», dit Craig Wright, économiste en chef, services économiques et recherche, de RBC, en indiquant, entre autres, que les importantes pertes d’emploi durant la récession ont ouvert la voie à une longue période de taux de chômage élevé pour l'économie américaine.

«La baisse de la dette des ménages a aussi réduit les fonds accessibles pour la consommation; les dépenses de consommation seront donc plus faibles que durant les dernières périodes de reprise», précise d’ailleurs un récent bulletin prévisionnel du service de recherche de la RBC.

Plus tôt dans l’année, la firme Towers Watson avait compilé les projections d’une cinquantaine d’économistes, de stratèges et de gestionnaires de portefeuille de premier plan. Il en résultait qu’aucun d’entre eux ne prévoyait un nouveau creux en 2010 pour l’économie canadienne, mais «une croissance modérée des années durant», au moins «jusqu’en 2014», et certainement pas «un rebondissement en V».

Ces experts soulignaient que l’évolution à long terme de l’économie canadienne dépendait surtout de deux facteurs : l’économie américaine et la vigueur du dollar canadien face à la devise américaine. Du coup, ils misaient sur une progression médiane annuelle du PIB canadien de 2,5%, semblable à celle que le pays a connu au début des années 1980, après le choc pétrolier. Une progression «inférieure de peu à celle des Etats-Unis»…

Plus : La tribune de Bob Doll

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