René Vézina : Irlande : la faute aux banques, pas au modèle

Publié le 25/11/2010 à 09:27

René Vézina : Irlande : la faute aux banques, pas au modèle

Publié le 25/11/2010 à 09:27

Blogue.

Le soutien que va offrir l’Union européenne à l’Irlande va atteindre 85 milliards (G) d’euros. La Grande-Bretagne et la Suède sont prêtes à en rajouter quelque 22 G supplémentaires, au besoin. En dollars canadiens, on parle d’une somme astronomique d’environ 150 G $.

L’Irlande compte 4,5 millions de citoyens. L’aide se monte donc, globalement, à plus de 33 000 $ par personne ! Invraisemblable.

La Terre ne s’entrouvrira pas à cause de la saignée irlandaise.  Mais le fric qu’il va falloir y engloutir va certainement ralentir, pour un temps, la croissance de l’économie européenne.

À qui la faute ? Dans certains textes – par exemple, j’en ai lu un sur Canoe l’autre jour - , on met en cause le fameux « modèle irlandais » et son faible taux de taxation. Le naufrage du pays montrerait qu’il a fait fausse route.

Non. L’Irlande était le parent (très) pauvre de l’Europe jusqu’à ce que les investissements étrangers lui permettent d’émerger vers la fin du XX e siècle. Intel, Google et cie sont venus s’installer près de Dublin, et ce n’est pas parce qu’ils étaient attirés par les palmiers. La stratégie s’est révélée payante.

Mais… les banquiers irlandais ont perdu la tête, comme leurs vis-à-vis américains, islandais, britanniques et autres. Ils se sont lancés dans une orgie de prêts douteux, tant à l’interne qu’à l’extérieur du pays. Ce sont eux les responsables, et le peuple irlandais va payer le prix de leurs folies. Aime ou aime pas, on ne peut pas laisser s’effondrer l’ensemble d’un système financier. L’essentiel de l’argent avancé à l’Irlande va servir à renflouer ces damnées banques ainsi que les finances publiques irlandaises mises à mal par les milliards d'euros qu’elles ont déjà dû leur consentir.

À cet égard, je vous invite à lire l’éditorial éclairant de mon collègue Jean-Paul Gagné, dans l’édition papier du journal Les Affaires, cette semaine. Il les passe à tabac, ces banques, et il fait bien.

Je me rappelle cette conclusion d’un précédent édito qu’il avait livré, en pleine récession : « Le crédit, c’est le sang de l’économie. On ne peut pas laisser le sang aux mains des vampires ».

Les vampires viennent encore de frapper. Pour réanimer la patient exsangue, le gouvernement irlandais va hausser la TVA (équivalent TPS-TVQ) à 23 % et diminuer le salaire minimum de 1 euro (1,40 $).

Ce n’est pas juste. Les Irlandais ont toutes les raisons d’être en furie. Et vous savez quoi ? Je vous gage qu’aucun de ces financiers irresponsables ne se retrouvera en prison. La sanction, ce sont les gens ordinaires qui vont la subir.

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