Shaw veut-elle conquérir l'empire Canwest ?

Publié le 20/02/2010 à 00:00

Shaw veut-elle conquérir l'empire Canwest ?

Publié le 20/02/2010 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

L'achat de 20 % de Canwest Global (Tor-C., CGS, 0,17 $) par Shaw Communications (Tor., SJR.B, 19,60 $) n'est que le prélude à un investissement plus important qui vise à mettre la main sur l'ensemble des chaînes du télédiffuseur privé.

C'est du moins l'avis de Randal Rudniski, analyste chez Credit Suisse, qui avance que Shaw pourrait débourser jusqu'à 1,3 milliard de dollars pour devenir l'unique propriétaire de l'ensemble des chaînes de télé de Canwest.

La prise de participation de Shaw, annoncée le 12 février, n'était qu'un premier pas, dit M. Rudniski. Les analystes évaluent que Shaw injectera entre 100 et 200 millions de dollars (M$) pour aider le télédiffuseur à se libérer de la protection de la loi sur la faillite d'ici six mois.

Pour être l'unique propriétaire des chaînes de télé de Canwest, Shaw devra toutefois racheter la part de 65 % que détient Goldman Sachs dans Canwest Media Group, qui englobe le réseau Global et 23 chaînes spécialisées. Canwest Global chapeaute Canwest Media Group.

M. Rudniski évalue qu'il en coûterait au moins 750 M$ pour racheter la part de Goldman Sachs. Il est dans l'intérêt de Shaw d'agir rapidement, avance-t-il, car la convention d'actionnaires qui lie Canwest et la banque Goldman Sachs garantit à celle-ci un rendement sur son investissement d'au moins 17 %. Plus Shaw attend, plus l'achat de la participation de Goldman Sachs pourrait coûter cher.

Une transaction de cette ampleur serait rentable pour Shaw, juge M. Rudniski, car les chaînes de Canwest produiront un bénéfice d'exploitation de 274 M$ en 2010. Cela augmenterait de 0,10 à 0,15 $ le bénéfice par action de Shaw.

Shaw pourrait partager la facture avec Corus Entertainment (Tor., CJR.B, 18,25 $), le télédiffuseur que contrôle aussi la famille Shaw, avance Benjamin Mogil, analyste chez Thomas Weisel. Par exemple, Corus pourrait acquérir la part de Goldman Sachs ou les chaînes spécialisées qui l'intéresse, dit-il.

Une ombre d'incertitude en Bourse

Cependant, à court terme, l'incertitude qui entoure la nature de la transaction et la stratégie de Shaw nuiront à son titre, croit M. Rudniski, qui abaisse de 24 à 22 $ son cours cible d'un an sur l'action de Shaw.

Le titre risque de perdre l'évaluation supérieure que lui conféraient les marges et les dividendes élevés de Shaw, croit Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins.

Il faut dire que l'échec de l'union AOL-Time-Warner et les ratés de celle de Bell et CTVglobemedia ont discrédité la stratégie consistant à détenir à la fois le contenu média et des canaux de distribution. Certains analystes sont toutefois prêts à accorder le bénéfice du doute à Shaw, qui a montré son opportunisme dans le passé.

Un câblodistributeur qui possède du contenu différencié qu'il peut diffuser sur diverses plateformes bénéficiera d'un avantage à long terme, croit Tim Casey, analyste chez BMO Marchés des capitaux. Surtout que Shaw s'apprête à offrir un service sans fil, comme le font ses rivales Rogers et Vidéotron.

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