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À surveiller: Banque Nationale, CIBC et Groupe d’Alimentation MTY

Les Affaires|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Banque Nationale, CIBC et Groupe d’Alimentation MTY

La baisse de 27% du bénéfice de la Banque Nationale sur les marchés financiers a particulièrement retenu l’attention. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de la Banque Nationale, CIBC et Groupe d’Alimentation MTY? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.


Banque Nationale (NA, 94,17$) : le titre écope après les résultats

Semaine difficile pour la Banque Nationale (BN) après l’annonce, mercredi, des résultats de son troisième trimestre de 2023 qui ont raté les principales cibles des analystes qui suivent ses activités.

D’abord, son bénéfice net de 790 M$ représente une baisse de 4% par rapport à la même période l’année dernière, qui se chiffrait plutôt à 826 M$. Cela représente un bénéfice par action ajusté de 2,21$, bien en deçà des 2,37$ auxquels s’attendaient les analystes. Doug Young, de Desjardins, s’attendait pour sa part à un bénéfice de 2,38 $ par action.

La baisse de 27% du bénéfice sur les marchés financiers a particulièrement retenu l’attention. De 279M$ au troisième trimestre de 2022, celui-ci est passé à 205M$, une baisse de 27%. Le consensus des analystes était de 258M$.

«Sur les marchés financiers, le revenu net avant provisions et avant impôts a été de 22% sous nos attentes en raison de la baisse de volume de transactions et la volatilité des marchés», explique Doug Young. «Cependant, poursuit-il, la direction de la Banque s’attend à une normalisation dans ce secteur.»

De plus, souligne les analystes, la Banque Nationale a inscrit des dotations aux pertes de crédit de 111M$. Elles étaient de 57M$ en 2022.

Par conséquent, Desjardins maintient sa recommandation de conserver le titre, mais réduit son cours cible sur un an qui passe de 105 $ à 103 $.

Les bénéfices avant provisions et impôts provenant des marchés internationaux semblent également être une cause de soucis pour les analystes. Pour la finance spécialisée aux États-Unis et ailleurs à l’international, ils se sont situés à 192M$, alors que Desjardins s’attendait à 15M$ de plus.

Ces bénéfices ajustés pour le troisième trimestre sont de 128 M$, cinq de moins que le consensus des analystes. Desjardins y voyait un potentiel de 142 M$.

« Les résultats dans ce secteur sont inférieur à nos attentes, explique Desjardins. La filiale cambodgienne ABA Bank, qui constitue une grande partie de ce secteur, continue de subir d’importantes pressions sur ses marges nettes d’intérêt. […] Cette détérioration s’explique par un ralentissement de l’économie du Cambodge. »

Rappelons qu’en 2019, la Banque Nationale a porté à 100 % sa participation dans ABA Bank (Advanced Bank of Asia Limited) qui, à ce moment, comptait des actifs de plus de 5,3 G$.

À la clôture des marchés, mardi, la valeur de l’action de la Banque était de 100,47$. Deux jours plus tard, elle avait reculé à 94,17$. Cependant, elle reste encore loin de son creux des 52 dernières semaines de 82,17$, atteint en octobre 2022.

 

Dominique Talbot


CIBC (CM, 54,04 $): Une hausse des pertes sur créances plombe un trimestre solide.

 

CIBC (CM, 54,04 $): Une hausse des pertes sur créances plombe un trimestre solide.

 

La Banque CIBC a annoncé que son bénéfice du troisième trimestre a chuté de plus de 10% par rapport à l’année précédente, principalement du a l’augmentation des prévisions pour pertes sur créances.

Les prévisions pour pertes sur créances se sont écartées des prévisions de près de 70% et ont causé une mauvaise surprise ce trimestre pour la Banque canadienne.

Un taux de perte dépréciée de 0,35%, supérieur à la fourchette prévisionnelle de la direction pour l’ensemble de l’exercice financier 2023, qui est de 0,25 à 0,30%, par contre le taux annuel est actuellement d’environ 28 points de base.

Une dépréciation de près de 300 millions de dollars des hypothèques commerciales a donné lieu à 152 millions de dollars de provisions, soit plus de 30% du total trimestriel. La direction indique s’attendre à des pertes de même ampleur au cours des prochains trimestres.

Par ailleurs, CIBC a également provisionné 258 millions de dollars, dont environ 75% étaient dédiés aux prêts à la consommation.

Gabriel Dechaine, analyste à la Financière Banque Nationale, estime que cette décision est conservatrice, mais il trouve difficile de concilier le résultat du trimestre avec les deux derniers alors que CIBC avait abaissé les fonds pour cette catégorie. Il prévoit des provisions plus modestes pour les périodes à venir.

La marge nette sur les intérêts de l’ensemble des secteurs, hors opérations sur le marché, a augmenté de 2 points de base sur le trimestre précédent, ce qui est conforme aux prévisions données par la direction lors du dernier rapport financier et plus élevé la moyenne de ses pairs.

Les secteurs de l’assurance au Canada, +7 points de base sur le trimestre et les activités bancaires américaines, +2 points de base, ont contribué à soutenir la performance.

Gabriel Dechaine s’attend à une marge nette sur les intérêts plus stables au cours du prochain trimestre, alors que les effets de certains éléments uniques s’estompent.

Les perspectives de la marge nette sur les intérêts de CIBC sont positives, la direction maintient sa fourchette de prévisions pour l’ensemble des secteurs allant de 165 à 170 points de base, avec des résultats pour le trimestre de 167 points de base.

Un autre aspect positif du trimestre de CIBC a été une croissance des dépenses autour de 4 à 6% alors que ses pairs ont enregistré une hausse moyenne des coûts de plus de 10%.

Étant donné que la phase d’investissements lourds de la banque est passée et que la discipline en matière de coûts est le mantra du jour, l’analyste de la Financière Banque Nationale pense que la banque peut maintenir son taux de croissance des dépenses actuel.

Gabriel Dechaine abaisse ses prévisions pour le titre de CIBC pour prendre en compte la hausse de prévisions pour pertes sur créances, malgré la hausse de marge nette sur les intérêts. Il réajuste son cours cible à 62 $, une baisse de 2 $, basé sur un ratio de 9 fois le ratio cours sur bénéfices pour l’exercice 2024 et maintient sa prévision de «performance égale au secteur».

 

Matthieu Hains

 

Groupe d’Alimentation MTY (MTY, 65,42$) : qu’y a-t-il au menu?

Groupe d’Alimentation MTY (MTY, 65,42$) : qu’y a-t-il au menu?

Les analystes de la Banque Scotia ont récemment pu discuter avec le PDG du Groupe d’Alimentation MTY, Eric Lefebvre, et en sont ressortis avec la conviction que l’entreprise avait un plan en place pour améliorer ses activités.

«Sans grade surprise, l’attention des investisseurs se porte sur la croissance organique, alors que les derniers trimestres ont montré une bonne croissance des ventes d’établissements comparables (ouverts depuis plus d’un an), grâce à une augmentation des prix, mais aussi, plus récemment, d’un meilleur achalandage», explique l’analyste George Doumet.

Selon la direction de l’entreprise, les dépenses de consommation gardent la forme tant aux États-Unis qu’au Canada. «Dieu merci, la pandémie et les jours où les confinements ont forcé la fermeture des restaurants sont chose du passé, tout comme la pénurie de personnel qui a forcé certains établissements à réduire leurs heures d’ouverture», note l’analyste.

Il ajoute que la direction de MTY concentre son attention sur la hausse de l’achalandage dans ses restaurants, alors que la montée de l’inflation et des taux d’intérêt affectent les dépenses discrétionnaires de sa clientèle. «La solution de l’entreprise passe par une augmentation de ses budgets promotionnels, mais aussi par une amélioration de son offre de produits. À plus long terme, la société souhaite que ses ventes de magasins comparables soient supérieures à l’inflation», raconte George Doumet.

Ce dernier s’attend aussi à ce que le taux de fermeture d’établissements de MTY soit d’environ 1% pour les exercices 2023 et 2024, ce qui serait une grande amélioration par rapport à ceux de 4% à 5% durant la pandémie et au taux prépandémique de 3% à 4%.

En ce qui concerne les fusions et acquisitions, qui sont au cœur de l’ADN de l’entreprise, la direction soutient qu’elle rembourse ses dettes après avoir réalisé des transactions totalisant 730 millions de dollars (M$) entre 2016 et 2019. «MTY a aussi dépensé 550M$ en seconde moitié de 2022 pour réaliser une série d’acquisitions, notamment celles de BBQ Holdings et Wetzel’s Pretzels», dit l’analyste.

Les taux d’intérêt plus élevés rendent aussi les acquisitions moins abordables.

«Nous prévoyons que MTY fera preuve de discipline financière, mais nous n’excluons pas une augmentation du programme de rachat d’actions ou une acquisition opportuniste», ajoute George Doumet.

L’analyste réitère sa recommandation de «performance égale au secteur» pour le titre de MTY, et son cours cible sur un an de 69,50$.

Denis Lalonde