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À surveiller: Dollarama, MTY et Magna

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Dollarama, MTY et Magna

Même si la proportion des articles à plus de 4$ chacun a augmenté depuis mai, un panier de 40 produits à ce prix reste de 50 à 60% moins cher. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Dollarama, MTY et Magna? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Dollarama (DOL, 56,53$): des prix plus élevés, mais plus d’aubaines

Dollarama est bien positionnée pour ravir encore plus de parts du portefeuille des dépenses des consommateurs tant que l’inflation les incitera à chercher de bons prix. Son titre devrait performer en conséquence, en Bourse.

Martin Landry de Stifel GMP arrive à cette conclusion après avoir réalisé une autre analyse comparative des prix. 

Même si la proportion des articles à plus de 4$ chacun a augmenté depuis mai, un panier de 40 produits à ce prix reste de 50 à 60% moins cher que les paniers d’articles comparables offerts en ligne par Walmart, Amazon.ca, Canadian Tire et Shoppers Drug Mart. Cela se compare aux rabais de 25 à 30% découverts en mai lorsque l’analyste avait mesuré un panier d’articles aux prix inférieurs à 4,25$ chacun.

«Ces rabais sont impressionnants, et atteignent parfois 79%. Nous avons trouvé des cas où les prix des rivaux étaient trois fois plus élevés que ceux de Dollarama», en précisant qu’il n’avait ni acheté ni testé les produits pour leur qualité, mais qu’il avait ajusté les prix en fonction des formats et du nombre d’items dans un paquet pour mieux comparer les prix.

Martin Landry donne en exemple une corbeille à 4,75$ chez Dollarama qui se vend 9,99$ chez Canadian Tire, 12,64$ chez Walmart ou encore un panier à linge au prix de 5$ chez Dollarama qui se vend 7,58$ chez Walmart et 12,79$ chez Canadian Tire.

Il en conclut que les nouveaux produits offerts par Dollarama depuis l’été offrent donc une «meilleure proposition de valeur aux clients qu’avant», évoque-t-il.

Son analyse révèle aussi que 128 articles ou 7,3% d’un échantillon de 1764 items offerts en ligne par Dollarama ont un prix supérieur à 4$. C’est signe que le lancement de nouveaux produits dans cette catégorie progresse rapidement, mais il tient à préciser que le prix moyen des 1764 articles est de 2,55$ alors que 36% des items ont un prix qui oscille entre 1 et 1,99$.

Dans le passé, l’instauration des trois dernières catégories de prix plus élevés avait ajouté 300 points de pourcentage à la croissance des ventes par magasins comparables, l’année suivante. Martin Landry ne prévoit pas que l’impact soit du même ordre parce que l’écart de prix a moins d’amplitude cette fois-ci. Néanmoins, la stratégie révèle tout le potentiel que représente l’offre élargie de produits que peut offrir Dollarama à 5$ et sa force d’attraction pour les consommateurs.

Parmi les titres de consommation dont il assure le suivi, l’analyste considère que Dollarama présente les attributs les plus «défensifs» et que le titre mérite un nouveau regard de la part des investisseurs.

Martin Landry réitère sa recommandation d’achat et son cours cible de 88,50$, soit 24 fois le bénéfice de 3,18$ qu’il prévoit en 2024.

Relisez Dollarama: les avantages (insoupçonnés) de l’ajout d’articles à 5$

Groupe d’alimentation MTY (MTY, 56,54$): reprise au Canada, léthargie aux États-Unis

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Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale s’attend à un troisième trimestre solide pour le franchiseur qui sera dévoilé le 7 octobre, bien que l’élan des ventes se modère depuis le moins de mai.

Les résultats refléteront les effets de la reprise au Canada après les restrictions pandémiques d’un an plus tôt tandis que la performance aux États-Unis risque d’être léthargique à cause du moins grand appétit qu’avant pour les pizzas maintenant que les consommateurs ont tous les menus à leur disposition.

Aux États-Unis, certains restaurateurs en Bourse font état d’un contexte plus promotionnel et d’un déclin de la fréquentation de la part des clients économes, en particulier dans les pizzérias.

Pour mettre le troisième trimestre en contexte, l’analyste note que la croissance des ventes de restaurants est passée d’un rythme de 55% en mai à un taux plus modéré de 19% en juillet, selon Statistiques Canada. La même dynamique s’observe aux États-Unis où la progression des ventes a diminué de 17,7% en mai à 10,6% en juillet.

Vishal Shreedhar mise donc sur une hausse de 6,7% des ventes totales du réseau des 6670 restaurants de MTY (à 1,08 milliard de dollars) et de 9,3 % des revenus du franchiseur (à 165 millions de dollars). Par contre, le bénéfice d’exploitation devrait rester stable à 49,4 M$ tandis que la marge devrait fléchir de 33 à 30% en raison de l’augmentation des salaires et des dépenses générales et administratives des deux côtés de la frontière.

Bien qu’il juge que le titre soit bon marché et que la société répartit toujours aussi bien son capital, la détérioration de la conjoncture, l’inflation et les contraintes de main-d’œuvre soulèvent de nouvelles inquiétudes.

Les acquisitions ont souvent servi de catalyseur au titre, mais l’achat de BBQ Holdings le 26 septembre enthousiasme peu l’analyste en raison de la proportion d’établissements non franchisés. Il prévoit néanmoins que cet achat de 200 M$ US ajoutera 8% au bénéfice par action.

De plus, MTY a payé 7,5 fois le bénéfice d’exploitation pour cette chaîne alors que ses propres actions se négocient à un multiple de 8,5 fois les siens.

Au final, l’analyste reste positif à l’égard de MTY parce que le franchiseur améliore sans cesse ses menus, sa mise en marché et l’usage des données-clients. Surtout, son titre est 22% moins chèrement évalué que le multiple moyen de 11 fois le bénéfice d’exploitation, des cinq dernières années.

Les incertitudes économiques sont aiguës, mais l’analyste considère que MTY ressort de la pandémie mieux outillée qu’avant grâce à l’implantation d’une série d’initiatives pour optimiser son efficacité et se donner les moyens d’améliorer les ventes par restaurants comparables et d’accroître le nombre de franchises.

Vishal Shreedhar renouvelle sa recommandation d’achat. Son cours cible inchangé de 68$ offre un rendement total potentiel de 22,6%, incluant le dividende.

Magna (MG, 50,04$ US): avec 43% des revenus en Europe, le constructeur automobile pâtit de la crise de l’énergie

Magna (MG, 50,04$ US): avec 43% des revenus en Europe, le constructeur automobile pâtit de la crise de l’énergie

La crise de l’énergie en Europe est bien connue comme en témoigne la chute de 38% de l’action du sous-traitant automobile à ce jour en 2022. Michael Glen de Raymond James fait néanmoins valoir que son impact n’a pas fini de se faire sentir sur les résultats de Magna.

Les investisseurs sous-estiment les répercussions du bond des coûts de l’énergie et du cours du gaz naturel ainsi que les problèmes d’approvisionnement en Europe, croit-il.

L’analyste juge bon d’abaisser ses prévisions pour les deux prochains trimestres et de réduire son cours cible de 68 à 60$ US.

Il rappelle que la multinationale ontarienne – qui fabrique des pièces et assemble des véhicules en entier – réalisait presque 43% de ses revenus en Europe en 2021 où ses deux principaux clients sont BMW et Daimler.

Au premier trimestre, Magna avait prévenu que ses coûts doubleraient à 565 millions de dollars américains en 2022, mais l’entreprise misait sur une modération de ces coûts au deuxième semestre qui risque de ne pas se produire.

Michael Glen mentionne que les prix du gaz naturel au comptant (spot) à ce jour au troisième trimestre ont doublé par rapport à ceux du premier semestre. Le prix des contrats à terme, qui anticipe les futurs prix, est aussi 60% plus élevé qu’au 30 juin.

«Magna tente d’obtenir des concessions de la part de ses clients afin de compenser pour cette inflation, mais les fabricants automobiles sont aussi aux prises avec la hausse des prix que leur demandent les fournisseurs secondaires de pièces. La crise a donc un impact direct et indirect pour Magna», explique-t-il.

Michael Glen estime que Magna devrait abaisser les objectifs de ses marges avant intérêts et impôts d’une fourchette de 5 à 5,4% à moins de 4,5%, en 2022.

L’analyste est aussi moins confiant que d’autres que les fabricants automobiles et les concessionnaires voudront regarnir leurs inventaires de véhicules. D’un côté, les coûts de production sont plus élevés qu’avant pour les constructeurs et leurs fournisseurs. De l’autre côté, les concessionnaires apprécient d’avoir moins de stocks à financer. «Cette conversation (entre les parties prenantes) au sujet des inventaires optimaux à constituer n’a pas encore eu lieu», dit-il.

En conséquence, ses prévisions de bénéfice pour le troisième trimestre baissent de 23% à 0,90 US par action, et celles pour le quatrième trimestre diminuent de 19% à 1,07$US par action. Ces estimations sont de 25% à 28% inférieures au consensus.

Pour 2022, le bénéfice prévu passe de 4,61 à 4,09$US, celui pour 2023, de 6,86 à 6$US.

Michael Glen est neutre à l’égard du titre auquel il attribue la mention «performance égale au marché».