Air Canada bat les attentes, mais prévoit des coûts plus élevés
Stéphane Rolland|Publié le 15 février 2019Air Canada tire plus de revenus de ses passagers en même temps que ses coûts augmentent.
Air Canada (AC) a dévoilé de meilleurs résultats que prévu au quatrième trimestre, mais le transporteur aérien montréalais anticipe une augmentation plus importante que prévu de ses coûts, en raison notamment de la nouvelle charte des voyageurs du gouvernement Trudeau.
Au quatrième trimestre, Air Canada a dévoilé un bénéfice par action ajusté de 0,20$ par rapport à 0,22$ à la même période l’an dernier. C’est plus que le consensus des analystes à 0,15$. Sans ajustements, la société a dévoilé une perte de 231 M$, ou 0,85$ par action, par rapport à un bénéfice de 8 M$ l’an dernier.
Après avoir hésité entre vert et rouge, le titre s’envole de 1,69% vers midi.
Dans les grandes lignes, la société est parvenue à tirer des revenus plus élevés de ses passagers, en même temps que ses coûts ont augmenté. Les revenus par siège-mille offerts ont augmenté de 5,2% par rapport à l’an dernier.
Les charges d’exploitation par siège-mille offert (CESMO), pour leur part, ont augmenté de 5,7%. Le prix du carburant a augmenté de près de 25%, ce qui a fait bondir les dépenses de près de 12% à 4,12 G$. Pour l’année 2018, les prix du carburant auront apporté des coûts supplémentaires de 1 G$.
La direction s’est dite satisfaite des résultats du trimestre et de l’exercice 2018. «Ces résultats trimestriels constituent une progression sur de nombreux plans – notamment les produits passages, le trafic et le rendement unitaire – en regard du quatrième trimestre de 2017 et viennent clore un excellent exercice, commente Calin Rovinescu, le PDG, dans un communiqué. Ils prouvent en outre la résilience de notre modèle d’entreprise, en plus de confirmer qu’Air Canada s’est résolument engagée dans la voie de la rentabilité à long terme. »
Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, juge que le verdict de la direction est le bon. Il pense que le trimestre est «solide». «Le trafic était robuste au-delà de nos prévisions, ce qui laisse croire que la demande est robuste.»
Des coûts à venir
Air Canada a réservé le dévoilement d’une bonne part de ses prévisions 2019 pour sa journée des investisseurs le 28 février prochain. Ses prévisions de coûts ont toutefois attiré l’attention des analystes.
En excluant le carburant, les CESMO devraient augmenter de 2% à 3% en 2019, prévoit la direction. «Nous pensons que le consensus anticipait des coûts stables», commente Doug Taylor, analyste de Canaccord Genuity, dans une note publiée immédiatement après les résultats.
En conférence avec les analystes, Michael Rousseau, le chef de la direction financière, a attribué cette hausse (excluant le carburant) à deux items principaux : le plus faible dollar canadien et la charte des voyageurs.
M. Rovinescu a réitéré ses critiques à l’endroit de la charte des voyageurs dans ses commentaires en conférence avec les analystes. Elle ajoutera de la complexité et des coûts à une industrie «qui doit vivre avec les plus élevés frais aéroportuaire, coûts de sécurité, taxes sur le carburant et frais d’amélioration des aéroports, sans atteindre les bienfaits ciblés pour les passagers», dénonce le dirigeant.
La charte des voyageurs permet entre autres une compensation pouvant aller jusqu’à 2400$ pour les passagers qui ne peuvent pas embarquer dans leur vol en raison d’une surréservation. Des organismes de défenses des consommateurs ont salué l’initiative. Certains ont même affirmé que la loi n’allait pas assez loin. Pour sa part, Marc Garneau, le ministre des Transports, a défendu son projet de loi comme étant un «juste équilibre» entre les intérêts des consommateurs et ceux des transporteurs.
Toujours en conférence avec les analystes, M. Rovinescu a répondu qu’une partie des hausses de coûts attendues par la charte des voyageurs pourraient être refilées aux consommateurs. «Une des conséquences pourrait être le transfert de certains de ces coûts aux passagers, car une conséquence non désirée de cette loi est qu’elle fera augmenter les prix. Nous l’avons clairement dit au gouvernement et je crois que les autres transporteurs aériens l’ont fait aussi. Nous avons vu ces conséquences dans d’autres juridictions où ce genre de loi a été adoptée en Europe et aux États-Unis.»
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Aéroplan
Au sujet d’Aéroplan, la direction devrait dévoiler davantage de détails sur le programme de fidélisation acquis d’Aimia le 28 février prochain. En attendant, M. Rousseau a dit aux analystes que les comportements des participants n’ont pas changé. «Nous espérons que les comportements changeront, mais ça prendra du temps. Nous pensons que le programme va croître. Nous allons lancer notre nouveau programme cet été et nous anticipons une intensification du marketing, également.»