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Prometic se recapitalise, ce qui charcute 91% de sa valeur

Dominique Beauchamp|Publié le 15 avril 2019

La famille Thomvest vient encore à la rescousse de Prometic qui attire aussi un fonds new-yorkais.

Moins de quinze jours après avoir annoncé être à court de liquidités, Prometic Sciences de la vie (PLI, 0,085$) se recapitalise, convertit sa dette en actions et nomme un nouveau président.

C’est dire à quel point les pourparlers étaient avancés lorsque les «graves difficultés financières» de Prometic (PLI, 0,085$) ont éclaté au grand jour, le 3 avril.

Comme lors de toute recapitalisation, l’avoir des actionnaires existants s’évapore, bien que leurs actions actuelles leur donneront le droit de souscrire de nouvelles actions ordinaires au prix de 0,0152$ chacune, soit 91% de moins que le cours actuel avant le refinancement.

Le nombre d’actions en circulation explosera en effet de 730 millions à 25,6 milliards, estime Endri Leno, de la Financière Banque Nationale, qui prévoit un futur regroupement des actions.

Ayant été incapable de réunir des capitaux propres malgré des «efforts considérables» depuis deux ans, le spécialiste des protéines dérivées du plasma sanguin est contraint de remanier sa structure de capital pour survivre, explique le communiqué de presse.

La famille Thomson, encore à la rescousse

Son principal créancier, la société d’investissement de la richissime famille Thomson, Thomvest Asset Management, deviendra le principal actionnaire (80,7%) en convertissant une dette de 229 millions de dollars en actions à 0,1521$ chacune, mais avant la conversion potentielle d’autres bons de souscription.

Cette conversion réduira la dette due à Thomvest de 229 à 10M$ et économisera 9 millions de dollars en intérêts par année.

Stefan Clulow, directeur général des placements de Thomvest, siège déjà au conseil de Prometic. Thomvest a ausi obtenu la réduction du prix d’exercice des quelque 148 millions bons de souscription qu’elle détenait déjà.

Prometic compte aussi récolter 75 M$ dans un placement privé de 4,9 milliards d’actions, dont 50 M$ auprès du fonds d’investissement newyorkais Consonance Capital Management, spécialisé dans le secteur de la santé.

Les courtiers Raymond James et Stifel, Nicolaus & Co. tenteront d’écouler 25M$ d’actions.

Avec 15,87% des actions, Consenance aura le droit de désigner un observateur au conseil jusqu’à l’inscription du titre au Nasdaq, après quoi il pourra nommer un candidat au poste d’administrateur.

On apprend également que le Dr Simon Best redevient administrateur principal et cède la présidence à un autre administrateur, Kenneth Galbraith, directeur général de Five Corners Capital depuis 2013.

M. Galbraith cumule 30 ans d’expérience à titre de haut dirigeant, d’administrateur, d’investisseur et de conseil de sociétés de biotechnologie et des soins de la santé. Il a notamment été cadre chez le spécialiste QLT des maladies oculaires jusqu’en 2000.

Encore plusieurs ficelles à attacher

Le placement privé de 75M$ devrait permettre à Prometic de terminer la mise au point de son traitement vedette, le Ryplazim et le PBI-4050 quant aux indications de maladies rares. Ce placement devrait se clore le 23 avril.

Le Ryplazim, qui vise à traiter les carences en plasminogène chez les patients atteints de déficience congénitale, attend l’approbation du gendarme américain des médicaments avant d’être commercialisé.

Le PBI-4050 est une petite molécule avec plusieurs indications potentielles donc la fibrose pulmonaire idiopathique et le syndrome de Alstrom, mais surtout pas les immunodeficiences. Sa mise au point a été mis sur la glace faute de fonds pour la recherche clinique.

 

 

La société espère que la recapitalisation, la nouvelle haute direction et l’élimination de la dette l’aideront à attirer des partenaires commerciaux pour atteindre ses objectifs cliniques et de commercialisation.

Le communiqué laisse entendre que des investisseurs américains seraient plus ouverts qu’avant à investir dans Prometic depuis que l’ex-PDG controversé Pierre Laurin a quitté, en décembre 2018.

Lazard Frères & Co. a toujours pour mandat de conclure un partenariat de licence pour le Ryplazim et la vente de certains actifs non essentiels.

Ces deux «opérations prometteuses» ne pourront être complétées avant le deuxième semestre, indique la société.

Si ses actionnaires ordinaires existants exerçaient tous leurs droits, 75M$ de plus entreraient dans les coffres.