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La Caisse largue (encore) Gildan

Dominique Talbot|Mis à jour le 18 juin 2024

La Caisse largue (encore) Gildan

L’entreprise est dans une querelle avec certains de ses principaux actionnaires pour savoir qui devrait diriger Gildan. (Photo: Christinne Muschi / La Presse Canadienne)

L’investissement de 200 millions de dollars de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Gildan ne tient plus. 

La haute direction du bas de laine des Québécois et l’entreprise en ont « convenu d’un commun accord » mardi à la suite d’une assemblée générale des actionnaires qui a officialisé le retour de Glenn Chamandy au poste de PDG, en plus de l’élection d’un tout nouveau conseil d’administration.  

C’est le PDG de la Caisse, Charles Emond, qui en a fait l’annonce mercredi après-midi en marge d’un événement organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain auquel il participait.   

«Les actionnaires se sont prononcés. M. Chamandy avait construit une bonne entreprise. De notre côté, nous avons décidé d’un commun accord, que la transaction que nous avions mise de l’avant, ni un ni l’autre allait procéder. Nous allons continuer de regarder la situation et nous sommes bien contents que l’entreprise soit encore ici», a commenté Charles Emond.  

Il y a trois semaines, la Caisse avait conclu une entente avec Vince Tyra, le PDG qui avait remplacé Glenn Chamandy après que ce dernier eût été subitement remercié par l’ancien C.A. de Gildan à la fin de 2023, premier chapitre d’une guerre par procuration qui a connu de multiples rebondissements et qui a coûté plus de 60 millions de dollars américains à l’entreprise.   

L’entente prévoyait que la Caisse investisse 200 millions de dollars dans Gildan sous forme de billets de premier rang non garantis dans le cadre d’un placement privé. Celle-ci avait été perçue comme une prise de position de la Caisse en faveur de Vince Tyra et de l’ancien C.A. 

Celle-ci était conditionnelle à ce que Gildan paie un taux d’imposition minimal de 15% et s’engage à conserver le siège social de l’entreprise au Québec pour au moins sept années. 

En 2022, le bas de laine des Québécois avait vendu toutes ses actions de l’entreprise, d’une valeur de près d’un demi-milliard de dollars, notamment parce qu’il considérait qu’elle ne payait pas suffisamment d’impôts. Cette année-là, rapportait La Presse dans son édition de mercredi, son taux d’imposition effectif moyen était de 4,4%. Ce même taux était de 2,8% en 2021 et de 1,8% en 2020. 

À l’époque, la Caisse avait exprimé publiquement son mécontentement envers cette situation qui va à l’encontre de sa politique de fiscalité équitable, laquelle constitue un de ses piliers d’investissement.  

Même si elle ne ferme pas complètement la porte à un retour dans l’actionnariat, la Caisse prendra d’abord le temps d’analyser si Gildan se conformera à payer ce minimum de 15% d’impôts.  

«C’est une question théorique. À ce moment on regardera ce qu’il en est en temps et lieu. Mais nous, nos conditions étaient vraiment que l’entreprise reste ici et qu’elle paie ses impôts. En temps et lieu on regardera où nous en sommes», a dit Charles Emond à cet effet.  

Pourtant, pas plus tard que vendredi dernier, la Caisse avait confié à La Presse, alors qu’il était pratiquement assuré que Glenn Chamandy et un nouveau C.A. reprendraient le contrôle de Gildan, «qu’elle était toujours disposée à agir comme prêteur et à redevenir actionnaire de Gildan dans la mesure où les conditions sur la fiscalité équitable et la présence au Québec étaient respectées». 

Tout semble donc s’être joué mardi en après-midi, après la conférence de presse organisée par Glenn Chamandy, le nouveau président du C.A. Michael Kneeland, et Peter Lee, dirigeant de Browning West, un actionnaire important de Gildan qui milite en faveur de M. Chamandy depuis le début du conflit entre lui et l’ancien C.A.  

«Je n’ai pas encore eu la chance d’analyse l’offre de la Caisse. Mais clairement, nous souhaitons que la Caisse soit un investisseur à long terme dans notre entreprise», a affirmé Glenn Chamandy, disant ne pas croire que la CDPQ avait pris position en signant une entente avec l’ancienne administration.  

Interrogé par Les Affaires à ce sujet, Charles Emond a confirmé que c’est à la suite de cette conférence de presse, mardi après-midi, qu’il a été décidé de ne pas aller plus loin avec la transaction de 200 millions, qui devait être clôturée au début de mois de juin après «vérification diligente de confirmation et d’autres exigences de clôture habituelles». 

Au moment d’écrire ces lignes, Gildan n’avait pas répondu à la demande d’entrevue de Les Affaires.

 

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