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Nouveau variant de la COVID: le monde se ferme à l’Afrique du Sud

AFP|Publié le 26 novembre 2021

Nouveau variant de la COVID: le monde se ferme à l’Afrique du Sud

À ce stade, les scientifiques sud-africains ne sont pas certains de l'efficacité des vaccins existants contre la nouvelle forme du virus. (Photo: 123RF)

Bruxelles — Un nouveau variant de la COVID-19 en Afrique du Sud et les frontières se referment: plusieurs pays européens ont décidé vendredi de suspendre les vols en provenance d’Afrique australe, d’autres nations, comme le Japon instaurant une quarantaine.

Potentiellement très contagieux et aux mutations multiples, la détection de ce nouveau variant de la COVID-19 a été annoncée jeudi en Afrique du Sud.

En dépit des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a déconseillé de prendre des mesures de restriction aux voyages, la Grande-Bretagne, la France et les Pays-Bas ont interdit les vols en provenance d’Afrique du Sud et cinq pays voisins à compter de vendredi midi.

Des décisions jugées «hâtives» par le gouvernement sud-africain, et qui constituent un nouveau coup dur pour le tourisme, juste avant l’été austral quand les parcs animaliers et hôtels font normalement le plein.

«Notre préoccupation immédiate est le préjudice que cette décision va causer aux industries du tourisme et aux entreprises», a expliqué la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Naledi Pandor dans un communiqué.

La Commission européenne doit proposer dans l’après-midi aux États membres d’activer le frein d’urgence pour interrompre les voyages aériens en provenance de l’Afrique australe.

 

Chute des bourses mondiales

Des équipes européennes de l’United Rugby Championship veulent quitter l’Afrique du Sud, où elles devaient disputer la 6e journée du championnat qui réunit des clubs écossais, gallois, italiens, irlandais et sud-africains.

Et une quinzaine de joueurs britanniques et irlandais ont déclaré forfait pour la suite de l’Open de Johannesburg, comptant pour le circuit européen de golf, qui a débuté jeudi.

Les craintes liées à ce nouveau variant, décelé à un moment où les restrictions sanitaires suscitent des tensions sociales et où la défiance envers la vaccination persiste, ont fait chuter les prix du pétrole et entraîné de fortes baisses des bourses mondiales.

L’Italie a déjà interdit vendredi son territoire à toute personne ayant séjourné en Afrique australe «au cours des 14 derniers jours». En Asie, Singapour a annoncé une interdiction similaire à compter de dimanche, sauf pour ses ressortissants et résidents.

En Allemagne, où la barre des 100 000 décès imputés à la COVID-19 a été franchie jeudi, seuls les citoyens allemands seront autorisés à rentrer d’Afrique du Sud à partir de vendredi soir, et à condition de respecter une quarantaine de 14 jours, même s’ils sont vaccinés, a annoncé le ministre sortant allemand de la Santé Jens Spahn.

«La dernière chose dont nous avons besoin maintenant, c’est l’introduction d’un nouveau variant qui cause encore plus de problèmes», a justifié le ministre allemand. Certains hôpitaux allemands sont saturés et le débat sur une obligation vaccinale pour tous en Allemagne, comme vient de le décider l’Autriche, est sur la table.

 

«Potentiel de propagation très rapide»

Il faudra «plusieurs semaines» pour comprendre le niveau de transmissibilité et de virulence du nouveau variant détecté en Afrique du Sud et nommé B.1.1.529, a indiqué un porte-parole de l’OMS vendredi.

À ce jour, 22 cas ont été signalés, touchant principalement des jeunes, selon l’Institut national sud-africain des maladies transmissibles (NICD). Des cas ont également été signalés au Botswana voisin et à Hong Kong, sur une personne de retour d’un voyage en Afrique du Sud. 

Israël a également annoncé un cas de ce nouveau variant: «Il s’agit d’une personne revenue du Malawi», a indiqué le ministère israélien de la Santé disant craindre «deux cas supplémentaires de personnes revenues de l’étranger» et placées en confinement.

Ces trois personnes étaient vaccinées contre la COVID-19, a précisé dans son communiqué le ministère de la Santé sans toutefois préciser le nombre de doses ou le type de vaccin.

À ce stade, les scientifiques sud-africains ne sont pas certains de l’efficacité des vaccins existants contre la nouvelle forme du virus. 

Le nouveau variant présente un nombre «extrêmement élevé» de mutations et «nous pouvons voir qu’il a un potentiel de propagation très rapide», a expliqué jeudi le virologue Tulio de Oliveira, lors d’un point presse du ministère sud-africain de la Santé.

 

«Système immunitaire»

Son équipe de l’institut de recherche KRISP, adossé à l’Université du Kwazulu-Natal, avait déjà découvert l’année dernière le variant Beta, très contagieux.

En Afrique du Sud, officiellement le pays le plus touché du continent par le virus, 23,8% des habitants sont complètement vaccinés.

Les métamorphoses du virus initial peuvent potentiellement le rendre plus transmissible, jusqu’à rendre le variant dominant. «Ce qui nous préoccupe, c’est que ce variant pourrait non seulement avoir une capacité de transmission accrue, mais aussi être capable de contourner certaines parties de notre système immunitaire», a déclaré un autre chercheur, le professeur Richard Lessells.

À l’OMS, les experts chargés du suivi de l’évolution du virus donnant la COVID-19 doivent se réunir vendredi à la mi-journée pour déterminer la dangerosité du nouveau variant.

Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, a expliqué attendre «au plus tard dans deux semaines» les premiers résultats d’études qui permettront de déterminer si le nouveau variant détecté en Afrique du Sud est capable d’échapper à la protection vaccinale.

La pandémie du nouveau coronavirus a fait plus de 5,180 millions de morts dans le monde depuis la détection de la maladie en Chine fin décembre 2019, selon des chiffres officiels. L’OMS estime, en prenant en compte la surmortalité directement et indirectement liée à la COVID-19, que le bilan pourrait être deux à trois fois plus élevé.