Une frange croissante de la population fuit le bruit, la pollution et la congestion pour les grands espaces. (Photo: 123RF)
BILLET. Ambition mondiale, ADN local. Ainsi pourrait-on résumer ce qui fait le succès des organisations que nous vous présentons dans ce numéro. Des grandes entreprises qui ont fait le choix, malgré leur expansion au fil des années, de maintenir leur siège social en région. Elles ont en commun d’être des employeurs de choix, de contribuer au succès d’entreprises plus petites, de redonner à leur communauté et d’exister depuis plusieurs générations. C’est pour nous l’occasion de souligner leur dynamisme et leur contribution économique.
Pourtant, ces entreprises ne manquent pas de défis supplémentaires ! La pénurie de main-d’œuvre, les besoins criants en infrastructures, le manque de places en garderie ou encore de logements sont des freins critiques à leur développement.
D’un autre côté, il semble que le contexte actuel leur soit de plus en plus bénéfique. La tendance centenaire d’un exode vers la ville s’inverse comme le confirme le bilan des migrations interrégionales de l’Institut de la statistique du Québec. Le plus récent date de 2020-2021 et il est éloquent: 50 000 départs de Montréal en un an. On pourrait penser que ce n’est que le reflet d’un contexte pandémique. Il n’en est rien. La pandémie n’a été tout au plus qu’un révélateur, et possiblement un accélérateur, d’une tendance de fond. En 20 ans, la région de Montréal a perdu près d’un demi-million d’habitants.
Une frange croissante de la population fuit le bruit, la pollution et la congestion pour les grands espaces et l’idéal d’une communauté tissée serrée. Les municipalités et les régions en sont d’ailleurs conscientes et travaillent sur leur image de marque, certaines investissant massivement dans leur attractivité. Le déficit de logements abordables en ville dans une période inflationniste pourrait encore accélérer les départs. Et bien sûr, il y a une nouvelle donne déterminante : la possibilité de travailler à distance.
Dans ce contexte, l’insistance de certaines entreprises à vouloir faire revenir leurs équipes le plus possible au bureau pourrait finir par leur nuire. Les employés déterminés à rester à la maison pourraient préférer se tourner vers un employeur plus conciliant ou ayant une plus grande proximité géographique.
Ces entreprises espèrent peut-être que le ralentissement économique leur permettra d’être de nouveau en mesure d’imposer leurs conditions à leur personnel. C’est un pari risqué. Ils sont 85 % des 16 à 35 ans à préférer travailler aussi souvent de la maison qu’actuellement, voire davantage, nous apprend la dernière étude «Travaillons ensemble» du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec. Et cette préférence n’est pas que l’apanage des travailleurs de cette tranche d’âge. Le taux record d’inoccupation des tours de bureaux nous le confirme, et ce malgré la multiplication des initiatives visant à attirer les travailleurs au centre-ville.
Personne ne nie que le travail hybride représente des défis, et chaque entreprise cherche encore la formule magique. Pendant les soirées de réseautage, il est d’ailleurs révélateur de constater le nombre élevé d’échanges qui portent sur les politiques de travail hybride, tout le monde souhaitant connaître quelle recette a été appliquée ailleurs et avec quel taux de succès.
Il est certes important de trouver des façons de faire vivre la culture d’entreprise et d’entretenir la collaboration entre les équipes. Attention cependant que le grand air des vacances à venir ne donne pas des envies d’évasion plus permanente à vos employés si vous leur tenez la bride trop serrée.