«L’IA générative offre une opportunité générationnelle de stimuler la productivité canadienne à une époque où nos résultats ne cessent de se détériorer», a dit Patrick Gill, directeur principal des opérations et des partenariats du Laboratoire de données sur les entreprises de la Chambre de commerce du Canada. (Crédit: Chambre de commerce du Canada)
L’intelligence artificielle générative est le remède tout indiqué pour stimuler la productivité au pays, selon un rapport du Laboratoire de données sur les entreprises de la Chambre de commerce du Canada, publié mercredi.
Le document estime que l’IA générative (IAg) pourrait accroitre de 1% à 6% la productivité au pays d’ici dix ans, un bond significatif sachant que le Canada est avant-dernier des pays du G7 en la matière. Rappelons que la productivité du travail au Canada n’a augmenté que de 0,9% en moyenne annuelle au cours de la dernière décennie, une problématique «urgente», a déclaré récemment la Banque du Canada.
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«L’IAg offre une opportunité générationnelle de stimuler la productivité canadienne à une époque où nos résultats ne cessent de se détériorer, a affirmé Patrick Gill, directeur principal des opérations et des partenariats du Laboratoire et auteur principal du rapport, par communiqué. Bien que l’adoption ait commencé dans tous les secteurs, elle n’est probablement pas assez rapide pour que le Canada soit compétitif sur la scène mondiale, d’autant plus que trois entreprises canadiennes sur quatre n’ont toujours pas essayé l’IAg.»
Il croit donc que le «moment est venu de stimuler la productivité et d’agir». Malheureusement, le rapport estime qu’en se fiant sur les tendances actuelles le point d’inflexion pour une percée majeure n’arrivera pas avant trois ans, vraisemblablement trop lentement pour suivre le rythme des concurrents mondiaux.
L’étude recommande ainsi aux entreprises canadiennes d’adopter rapidement l’IA générative en commençant par des projets pilotes à petite échelle. Ceci permet de valider la faisabilité et l’impact de l’IAg, tout en formant les employés à ces nouveaux outils. Les entreprises pourront s’attaquer ensuite à des initiatives plus complexes basées sur des preuves de concept réussies.
La confiance envers cette technologie sera cruciale pour son adoption, souligne le rapport. Il note que «l’intérêt et l’acceptation de l’IA par le public ont tendance à être positivement corrélés avec les taux d’adoption par les entreprises d’un pays».
Selon Google Trends, le Canada se classe actuellement au 23e rang sur 68 pays pour ce qui est de la curiosité envers l’IA par les internautes. «Les enquêtes mondiales menées par IPSOS révèlent que les Canadiens sont moins bien informés et plus nerveux à l’égard de l’IA que les citoyens de la plupart des autres pays», peut-on lire.
L’exemple de Singapour
Le document montre qu’environ une entreprise canadienne sur 7 (14%) a adopté de manière précoce l’IAg. Elles sont dans tous les domaines, mais on en retrouve proportionnellement davantage chez les exportateurs, les grandes sociétés, les entreprises émergentes et dans de secteurs où la main-d’oeuvre est très instruite.
Les grandes entreprises sont presque deux fois plus susceptibles d’utiliser l’IAg que les petites, ce qui n’est pas surprenant.
Le remplacement des employés est loin d’être la principale motivation pour se doter de l’IAg, car c’est seulement le cas de 13% des entreprises qui y a recours. Accélérer la création de contenu (69%) et automatiser le travail sans suppression d’emplois (46%) sont les deux prépondérants facteurs d’adoption.
Près du tiers des entreprises ont affirmé que l’embauche de personnel qualifié et l’accès au financement sont les principaux obstacles à l’adoption de ces nouveaux outils.
Pour stimuler la prolifération de l’IAg, le document cite l’exemple de Singapour qui a adopté l’IAg dans le secteur public et qui a lancé un programme pour que les PME s’en servent. Depuis le lancement de Go Digital, plus de 80 000 petites entreprises de Singapour ont ainsi adopté des solutions numériques. En vertu de cette initiative, les PME ont droit à une plateforme afin d’effectuer une auto-évaluation de leur préparation numérique, d’identifier leurs lacunes concernant la numérisation et d’accéder à des subventions.
Puisque 73% des entreprises canadiennes n’ont même pas encore envisagé d’utiliser l’IAg, le temps est à l’action, insiste le rapport. Il juge donc que le fédéral devrait se fixer une cible pour que la moitié des entreprises canadiennes adoptent l’IA générative d’ici 2030.