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Communautés durables: plusieurs cerveaux valent mieux qu’un

Emilie Laperrière|Publié le 31 Décembre 2021

Communautés durables: plusieurs cerveaux valent mieux qu’un

Marie Plamondon, analyste à Nord Ouvert (Photo: Maxime Vernier)

SPÉCIAL INNOVATION. La communauté durable se fera à plusieurs ou ne se fera pas. C’est à tout le moins ce que l’on perçoit en observant les initiatives des villes, où résidents, organismes et acteurs municipaux unissent de plus en plus leurs forces. 

Produire des énergies renouvelables à petite échelle, accélérer la transition vers les véhicules électriques, repenser le rôle de la rue locale de l’avenir ou se tourner vers un secteur industriel zéro déchet : tels étaient les défis que se sont donnés les cinq régions canadiennes participant à la première édition de l’initiative ÉcoHack-ta-ville. 

L’idée de l’organisme Jour de la Terre Canada est venue du constat que les changements climatiques affectent aussi les villes, qui se retrouvent devant des défis complexes qu’elles ne peuvent pas résoudre seules. « Nous voulions faciliter la création d’un réseau d’acteurs locaux pouvant soutenir les villes vers un avenir plus durable », explique la chargée du projet, Emilie Fargeout. 

Celle-ci est convaincue de l’importance de mettre ses efforts en commun. « La collaboration et la solidarité entre les divers secteurs d’une municipalité, les entreprises et les OBNL sont nécessaires, avance-t-elle. En travaillant ensemble sur un même défi, ça leur fait découvrir de nouvelles perspectives et leur fait mieux comprendre comment un même problème les affecte différemment. Bref, ça permet de faire tomber les cloisons. »

Phédia Gottot, directrice par intérim du Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal, estime pour sa part que la collaboration est la clé des solutions qui répondent aux besoins des citoyens. « Plus on met les projets dans les mains des usagers rapidement, plus on collecte des informations pour ajuster les solutions tôt dans le processus et plus les chances de succès sont grandes », croit-elle.

L’administration lavalloise semble également penser que ses citoyens doivent être inclus dans les différents projets municipaux. La ville de près de 450 000 habitants réalisera d’ailleurs bientôt son premier budget collaboratif. « Les citoyens pourront proposer des idées pour utiliser les surplus », souligne Claudia P. Ortiz, cheffe stratégie, innovation et performance TI au Service de l’innovation et des technologies.  

À Trois-Rivières, huit organisations travaillent à mettre en place des pistes d’actions pour devenir une communauté intelligente. L’objectif principal est de connecter les citoyens et de les mettre en action afin de développer collectivement une ville où il fait bon vivre. Ensemble, les membres du réseau 3R communauté intelligente se penchent sur des questions comme la prévention de la dévitalisation des quartiers ou l’accès aux soins de santé et à l’alimentation.

 

Trouver ensemble des solutions

Cet esprit de collaboration se retrouve aussi dans le Réseau de solutions pour les communautés. Piloté par les organismes EverGreen, dédié au développement de villes prospères et florissantes, et Nord Ouvert, spécialisé en données et en technologie, ce regroupement offre un service de consultations gratuites aux communautés qui veulent mettre en œuvre des projets de ville intelligente ouverte. 

« C’est conçu pour aider les communautés à améliorer la qualité de vie des résidents en utilisant des approches basées sur les technologies et les données ouvertes, précise Marie Plamondon, analyste à Nord Ouvert. L’intelligence artificielle, la sécurité alimentaire, l’engagement du public en matière de ville ouverte… Il y a tellement de sujets à explorer ! Ça peut être déroutant pour les fonctionnaires. » 

Le Réseau les accompagne donc dans leur démarche, leur donne accès à des outils, à une plateforme d’apprentissage en ligne et à des experts de partout au pays. Les participants peuvent en outre entrer en contact avec d’autres dirigeants et voir des exemples pratiques.

 

Partager les expériences

Le partage de connaissances était au cœur d’Expérience Ville Intelligente, qui a réuni virtuellement plus de 40 experts et conférenciers, de même que 500 participants d’ici et d’ailleurs, en novembre 2020. 

« On voulait créer la ville du futur, affirme le cofondateur de l’événement, Noah Redler. Une ville basée sur l’humain, plus durable, plus éthique, plus sécuritaire, mais aussi plus participative, où les citoyens ont voix au chapitre pour les petites et grandes décisions. » 

Ce dernier constate qu’il y a une grande volonté de mettre l’épaule à la roue, mais que personne ne sait vraiment par où commencer. « C’est pour ça que c’est important de partager les bases et les fondations de la ville intelligente, et d’échanger sur plusieurs sujets », croit-il. 

Dans cette optique, les organisateurs ont travaillé avec les administrations municipales de Montréal, Dakar (Sénégal) et Innisfil (Ontario) sur des ateliers d’innovation urbaine. « Le groupe d’experts a passé une journée complète avec des dirigeants municipaux pour trouver des solutions à leurs problèmes et élaborer un plan d’action », rapporte Noah Redler.

Un an plus tard, certains projets, qui vont de dépôts alimentaires à une flotte de drones pour la sécurité routière, prennent leur envol ou sont déjà sur les rails. Comme quoi l’union fait la force.