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Durabilité et technologie: un duo inséparable

Emilie Laperrière|Publié le 29 Décembre 2021

Durabilité et technologie: un duo inséparable

La Ville de Laval a conclu une entente avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour concevoir le « parc du futur ». (Photo: MIT)

 

Plus inclusive, plus égalitaire, plus verte, plus à l’écoute des citoyens : la ville de demain ne manque pas d’ambition. Et elle compte une arme redoutable dans son coffre à outils pour l’aider à tenir ses promesses : la technologie. 
Galvaudé, le terme de ville intelligente ? Si le concept existe déjà depuis des décennies, sa définition reste encore sujette à interprétation, et varie selon les interlocuteurs. Tous s’entendent néanmoins pour dire que les technologies en sont un élément indissociable. 
« Une ville intelligente utilise les données pour prendre de meilleures décisions et améliorer la qualité de vie de ses résidents », résume Marie Plamondon, analyste à Nord Ouvert, un organisme sans but lucratif spécialisé en données et en technologie.
À l’heure où les technologies sont plus avancées, où l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et l’apprentissage machine se trouvent à notre portée — et où on a la capacité de collecter les données à travers une multitude d’appareils connectés —, Noah Redler estime que nous pouvons enfin penser nos milieux de vie autrement. 
« Les technologies nous apportent des solutions auxquelles on n’aurait jamais pensé, croit le PDG d’Arche Innovation et cofondateur de l’événement Expérience Ville Intelligente. On peut revoir toutes les sphères qui touchent les citoyens pour rendre l’expérience plus personnalisée et plus proactive. Aujourd’hui, on peut construire des villes empathiques, responsables, éthiques et durables. »
Les Nations unies, qui ont inclus les villes dans leurs Objectifs de développement durable, préfèrent d’ailleurs l’expression communauté durable. Pour l’organisation mondiale, celle-ci implique « des investissements dans les transports en commun, la création d’espaces publics verts et l’amélioration de la planification et de la gestion urbaines de manière participative et inclusive ».
Montréal en commun
Montréal a remporté en 2019 le Défi des villes intelligentes, une compétition pancanadienne d’Infrastructure Canada. Elle s’est alors mérité un prix de 50 millions de dollars, dont elle se servira pour améliorer la mobilité et l’accès à l’alimentation saine et abordable dans ses quartiers.
« Dans un désir de repenser la métropole, nous avons instauré “Montréal en commun”, qui est une communauté d’innovation pilotée par la Ville, explique Phédia Gottot, directrice par intérim du Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal (LIUM). Les partenaires y testent des solutions en accès à l’alimentation, en mobilité et en matière de données et d’expérimentation réglementaire. » 
Les 13 projets actuels de Montréal en commun sont variés. Ils incluent par exemple des navettes autonomes, des véhicules zéro carbone en libre-service, une plateforme numérique de partage d’équipements de production et de distribution alimentaires sous-utilisés et des serres urbaines en économie circulaire. Sans oublier l’analyse de données en vue de mieux appréhender les réalités et les besoins de la communauté autochtone de Montréal. 
Plusieurs initiatives à Laval
Même si elle s’est inclinée devant Montréal au Défi des villes intelligentes, Laval n’a pas baissé les bras en matière de services bonifiés par la technologie. « L’exercice nous a permis de réfléchir au genre de ville à laquelle on aspirait, remarque Claudia P. Ortiz, cheffe stratégie, innovation et performance TI au Service de l’innovation et des technologies. Plus qu’une ville intelligente, nous voulons être une ville apprenante. »
Cette volonté d’être à l’écoute des citoyens lavallois et de leurs besoins se traduit par de nombreuses initiatives. La Ville a par exemple mis sur pied une cour numérique durant la pandémie, qui a par la bande permis une certaine justice de proximité. Elle a également conclu une entente avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour concevoir le « parc du futur ». Les citoyens pouvaient donner leur avis sur les six aménagements proposés. 
« Par l’application mobile, un citoyen peut savoir quand aura lieu le déneigement, mais aussi précisément quand ça commence sur sa rue et quand c’est terminé », ajoute Claudia Ortiz. 
Laval a également commencé à déployer des lampadaires à diodes électroluminescentes (DEL) intelligents afin de réduire la pollution lumineuse sur l’île Jésus. Les agents du 311 peuvent de leur côté compter sur l’intelligence artificielle pour la transcription automatique de leurs conversations avec les citoyens. 
Pas seulement les grands centres
L’innovation urbaine ne se limite pas qu’aux grands centres. Pour une ville de quelque 3000 habitants, Percé ne donne pas sa place. La municipalité gaspésienne a notamment adopté un logiciel d’intelligence artificielle qui détecte automatiquement les nids-de-poule. 
« À l’heure où je vous parle, il n’y a pas un seul nid-de-poule à Percé dont je ne connais pas l’emplacement », affirme son directeur général, Jean-François Kacou. L’outil contient une carte qui permet d’agir en amont des plaintes des citoyens. 
Jean-François Kacou pense qu’une ville intelligente se base en partie sur l’économie circulaire et l’environnement. « C’est pour ça qu’on finance la recherche et le développement d’une formule d’asphalte contenant des sacs de plastique recyclés », illustre-t-il. Le pavage d’une première rue est prévue en 2022. 
Si la technologie n’est pas une fin en soi, il reste que les quartiers, villages et villes sont de mieux en mieux outillés pour répondre aux différents problèmes auxquelles ils font face. Ce qui est déjà un bond en avant.

 

SPÉCIAL INNOVATION. Plus inclusive, plus égalitaire, plus verte, plus à l’écoute des citoyens : la ville de demain ne manque pas d’ambition. Et elle compte une arme redoutable dans son coffre à outils pour l’aider à tenir ses promesses : la technologie. 

Galvaudé, le terme de ville intelligente ? Si le concept existe déjà depuis des décennies, sa définition reste encore sujette à interprétation, et varie selon les interlocuteurs. Tous s’entendent néanmoins pour dire que les technologies en sont un élément indissociable. 

« Une ville intelligente ouverte est un lieu où tous les secteurs et les résidents collaborent afin que les données et les technologies soient utilisées pour développer la communauté d’une manière juste, éthique et transparente qui concilie le développement économique, le progrès social et la responsabilité à l’égard de l’environnement », résume Marie Plamondon, analyste à Nord Ouvert, un organisme sans but lucratif spécialisé en données et en technologie.

À l’heure où les technologies sont plus avancées, où l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et l’apprentissage machine se trouvent à notre portée — et où on a la capacité de collecter les données à travers une multitude d’appareils connectés —, Noah Redler estime que nous pouvons enfin penser nos milieux de vie autrement. 

« Les technologies nous apportent des solutions auxquelles on n’aurait jamais pensé, croit le PDG d’Arche Innovation et cofondateur de l’événement Expérience Ville Intelligente. On peut revoir toutes les sphères qui touchent les citoyens pour rendre l’expérience plus personnalisée et plus proactive. Aujourd’hui, on peut construire des villes empathiques, responsables, éthiques et durables. »

Les Nations unies, qui ont inclus les villes dans leurs Objectifs de développement durable, préfèrent d’ailleurs l’expression communauté durable. Pour l’organisation mondiale, celle-ci implique « des investissements dans les transports en commun, la création d’espaces publics verts et l’amélioration de la planification et de la gestion urbaines de manière participative et inclusive ».

 

Montréal en commun

Montréal a remporté en 2019 le Défi des villes intelligentes, une compétition pancanadienne d’Infrastructure Canada. Elle s’est alors mérité un prix de 50 millions de dollars, dont elle se servira pour améliorer la mobilité et l’accès à l’alimentation saine et abordable dans ses quartiers.

« Dans un désir de repenser la métropole, nous avons instauré “Montréal en commun”, qui est une communauté d’innovation pilotée par la Ville, explique Phédia Gottot, directrice par intérim du Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal (LIUM). Les partenaires y testent des solutions en accès à l’alimentation, en mobilité et en matière de données et d’expérimentation réglementaire. » 

Les 13 projets actuels de Montréal en commun sont variés. Ils incluent par exemple des navettes autonomes, des véhicules zéro carbone en libre-service, une plateforme numérique de partage d’équipements de production et de distribution alimentaires sous-utilisés et des serres urbaines en économie circulaire. Sans oublier l’analyse de données en vue de mieux appréhender les réalités et les besoins de la communauté autochtone de Montréal. 

 

Plusieurs initiatives à Laval

Même si elle s’est inclinée devant Montréal au Défi des villes intelligentes, Laval n’a pas baissé les bras en matière de services bonifiés par la technologie. « L’exercice nous a permis de réfléchir au genre de ville à laquelle on aspirait, remarque Claudia P. Ortiz, cheffe stratégie, innovation et performance TI au Service de l’innovation et des technologies. Plus qu’une ville intelligente, nous voulons être une ville apprenante. »

Cette volonté d’être à l’écoute des citoyens lavallois et de leurs besoins se traduit par de nombreuses initiatives. La Ville a par exemple mis sur pied une cour numérique durant la pandémie, qui a par la bande permis une certaine justice de proximité. Elle a également conclu une entente avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour concevoir le « parc du futur ». Les citoyens pouvaient donner leur avis sur les six aménagements proposés. 

« Par l’application mobile, un citoyen peut savoir quand aura lieu le déneigement, mais aussi précisément quand ça commence sur sa rue et quand c’est terminé », ajoute Claudia Ortiz. 

Laval a également commencé à déployer des lampadaires à diodes électroluminescentes (DEL) intelligents afin de réduire la pollution lumineuse sur l’île Jésus. Les agents du 311 peuvent de leur côté compter sur l’intelligence artificielle pour la transcription automatique de leurs conversations avec les citoyens. 

 

Pas seulement les grands centres

L’innovation urbaine ne se limite pas qu’aux grands centres. Pour une ville de quelque 3000 habitants, Percé ne donne pas sa place. La municipalité gaspésienne a notamment adopté un logiciel d’intelligence artificielle qui détecte automatiquement les nids-de-poule. 

« À l’heure où je vous parle, il n’y a pas un seul nid-de-poule à Percé dont je ne connais pas l’emplacement », affirme son directeur général, Jean-François Kacou. L’outil contient une carte qui permet d’agir en amont des plaintes des citoyens. 

Jean-François Kacou pense qu’une ville intelligente se base en partie sur l’économie circulaire et l’environnement. « C’est pour ça qu’on finance la recherche et le développement d’une formule d’asphalte contenant des sacs de plastique recyclés », illustre-t-il. Le pavage d’une première rue est prévue en 2022. 

Si la technologie n’est pas une fin en soi, il reste que les quartiers, villages et villes sont de mieux en mieux outillés pour répondre aux différents problèmes auxquelles ils font face. Ce qui est déjà un bond en avant.