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L’occasion d’innover

Alexandre D’Astous|Édition de la mi‑novembre 2020

L’occasion d’innover

Les consommateurs se montrent intéressés par les nouveaux produits que les entreprises québécoises ont eu l’inventivité d’offrir dans les derniers mois. (Photo: 123RF)

TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. C’est souvent dans les moments difficiles que l’on voit des initiatives intéressantes émerger. Ainsi, si la pandémie de ­COVID-19 a frappé durement les marchés des hôtels, de la restauration et des institutions, certaines entreprises en transformation alimentaire en ont profité pour développer de nouveaux produits destinés  à des marchés inédits.

Le directeur général du ­Centre de développement bioalimentaire du ­Québec (CDBQ), ­Charles ­Lavigne, constate que les transformateurs veulent continuer de se développer malgré les difficultés rencontrées dans certains secteurs. « ­Comme ce sont des entrepreneurs, ils sont conscients que dans un contexte de diminution de marchés, seuls ceux qui innovent parviennent à tirer leur épingle du jeu », ­estime-t-il. Il ajoute que les distributeurs sont et seront toujours intéressés par de nouveaux produits qu’ils peuvent offrir en exclusivité.

 

Café sucré, kéfir et poudre de grillons

Parmi les produits développés localement depuis le début de la pandémie, notons ­Choco ­Crème, une boisson alcoolisée à la crème au chocolat née d’une collaboration entre des maîtres chocolatiers de ­Chocolats ­Favoris et l’équipe de ­Duvernois ­Esprits créatifs. Lancée début d’octobre, elle est la seule en son genre offerte au ­Québec.

Le ­CDBQ réalise en moyenne 80 projets de recherche et développement bioalimentaire par année grâce à son équipe de 18 personnes basée à ­La ­Pocatière, dans le ­Bas-Saint-Laurent. « ­Tout juste avant la pandémie, nous avons reçu un investissement de 6,1 millions de dollars du gouvernement du ­Québec pour développer et diversifier nos activités, précise son directeur général. Nous visions la réalisation d’une centaine de projets en 2020, mais le ralentissement que nous avons connu en mars et en avril fait que nous resterons dans notre moyenne annuelle. »

« ­Nous aidons les entreprises à déterminer les coûts de production des produits afin qu’ils puissent établir le prix de vente en tenant compte du bénéfice souhaité, ­poursuit-il. Nous suivons également les tendances du marché pour proposer des produits avec une meilleure qualité nutritive et une durée de conservation plus longue. »

Dans certains cas, les transformateurs recherchent les ingrédients à ajouter à un produit existant pour en faire un produit complètement différent et unique. Mareiwa ­Café colombien, de ­Saint-Hyacinthe, a par exemple remplacé le sucre dans son café par un produit typiquement québécois, le sirop d’érable.

Le ­CDBQ possède également les équipements nécessaires pour accompagner des microbrasseries et des distilleries dans le développement de nouveaux produits. « ­Au cours des dernières années, nous avons entre autres conçu une purée pour bébé biologique et une pâte à biscuit sans cuisson. Nous avons aussi développé des kombucha et des kéfirs, qui sont des produits recherchés par les consommateurs. Nous travaillons également 

ur l’utilisation d’insectes dans l’alimentation », énumère ­Charles ­Lavigne.

Être à l’affût de nouvelles idées, c’est ce qui a amené les propriétaires d’Entomo ­DSP, de Saint-Pascal-­de-Kamouraska, à se lancer dans la production de poudre de grillons, avec l’aide du ­CDBQ. « ­On voulait créer notre entreprise dans le domaine bioalimentaire, raconte l’un des propriétaires, ­Maxime ­Dionne. Nous avons regardé les tendances du marché mondial et nous avons opté pour les insectes, car leur consommation est en hausse partout dans le monde. » ­Depuis 2018, ­Entomo ­DSP propose des produits à base de grillons à partir d’élevage respectant les normes environnementales, assure son cofondateur.

 

Ventes de supermarchés

Selon une analyse réalisée en septembre dernier par la firme ­Nielsen, les marques québécoises, comme ­Lassonde et ­Loop, connaissent une croissance de leurs ventes dans les supermarchés, au détriment des grands transformateurs internationaux. Nielsen note entre autres que ­Le ­Miel d’Émilie, de ­Saint-

Sylvestre, dans la région de ­Chaudière-Appalaches, a doublé ses ventes depuis le début de la pandémie.

Des projets sont également lancés pour faire découvrir les produits alimentaires locaux aux consommateurs malgré les restrictions sanitaires. Celui des ­Virées gourmandes de la ­Montérégie – mis en place par l’organisme ­La ­Montérégie, le ­garde-manger du ­

Québec – en est un bon exemple. Depuis octobre et jusqu’à mars prochain, les intéressés peuvent réserver en ligne une « boîte découverte » mensuelle contenant une dizaine de produits régionaux qu’ils vont ensuite récupérer à un point de cueillette.

« ­Le concept des boîtes “découvertes” représente une belle vitrine sur tout ce que l’on peut découvrir et redécouvrir en ­Montérégie », indique ­Sébastien ­Dion, directeur général de ­La ­Ferme ­Guyon, à ­Chambly, qui participe au projet.