Les consommateurs se montrent intéressés par les nouveaux produits que les entreprises québécoises ont eu l’inventivité d’offrir dans les derniers mois. (Photo: 123RF)
TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. C’est souvent dans les moments difficiles que l’on voit des initiatives intéressantes émerger. Ainsi, si la pandémie de COVID-19 a frappé durement les marchés des hôtels, de la restauration et des institutions, certaines entreprises en transformation alimentaire en ont profité pour développer de nouveaux produits destinés à des marchés inédits.
Le directeur général du Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ), Charles Lavigne, constate que les transformateurs veulent continuer de se développer malgré les difficultés rencontrées dans certains secteurs. « Comme ce sont des entrepreneurs, ils sont conscients que dans un contexte de diminution de marchés, seuls ceux qui innovent parviennent à tirer leur épingle du jeu », estime-t-il. Il ajoute que les distributeurs sont et seront toujours intéressés par de nouveaux produits qu’ils peuvent offrir en exclusivité.
Café sucré, kéfir et poudre de grillons
Parmi les produits développés localement depuis le début de la pandémie, notons Choco Crème, une boisson alcoolisée à la crème au chocolat née d’une collaboration entre des maîtres chocolatiers de Chocolats Favoris et l’équipe de Duvernois Esprits créatifs. Lancée début d’octobre, elle est la seule en son genre offerte au Québec.
Le CDBQ réalise en moyenne 80 projets de recherche et développement bioalimentaire par année grâce à son équipe de 18 personnes basée à La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent. « Tout juste avant la pandémie, nous avons reçu un investissement de 6,1 millions de dollars du gouvernement du Québec pour développer et diversifier nos activités, précise son directeur général. Nous visions la réalisation d’une centaine de projets en 2020, mais le ralentissement que nous avons connu en mars et en avril fait que nous resterons dans notre moyenne annuelle. »
« Nous aidons les entreprises à déterminer les coûts de production des produits afin qu’ils puissent établir le prix de vente en tenant compte du bénéfice souhaité, poursuit-il. Nous suivons également les tendances du marché pour proposer des produits avec une meilleure qualité nutritive et une durée de conservation plus longue. »
Dans certains cas, les transformateurs recherchent les ingrédients à ajouter à un produit existant pour en faire un produit complètement différent et unique. Mareiwa Café colombien, de Saint-Hyacinthe, a par exemple remplacé le sucre dans son café par un produit typiquement québécois, le sirop d’érable.
Le CDBQ possède également les équipements nécessaires pour accompagner des microbrasseries et des distilleries dans le développement de nouveaux produits. « Au cours des dernières années, nous avons entre autres conçu une purée pour bébé biologique et une pâte à biscuit sans cuisson. Nous avons aussi développé des kombucha et des kéfirs, qui sont des produits recherchés par les consommateurs. Nous travaillons également
ur l’utilisation d’insectes dans l’alimentation », énumère Charles Lavigne.
Être à l’affût de nouvelles idées, c’est ce qui a amené les propriétaires d’Entomo DSP, de Saint-Pascal-de-Kamouraska, à se lancer dans la production de poudre de grillons, avec l’aide du CDBQ. « On voulait créer notre entreprise dans le domaine bioalimentaire, raconte l’un des propriétaires, Maxime Dionne. Nous avons regardé les tendances du marché mondial et nous avons opté pour les insectes, car leur consommation est en hausse partout dans le monde. » Depuis 2018, Entomo DSP propose des produits à base de grillons à partir d’élevage respectant les normes environnementales, assure son cofondateur.
Ventes de supermarchés
Selon une analyse réalisée en septembre dernier par la firme Nielsen, les marques québécoises, comme Lassonde et Loop, connaissent une croissance de leurs ventes dans les supermarchés, au détriment des grands transformateurs internationaux. Nielsen note entre autres que Le Miel d’Émilie, de Saint-
Sylvestre, dans la région de Chaudière-Appalaches, a doublé ses ventes depuis le début de la pandémie.
Des projets sont également lancés pour faire découvrir les produits alimentaires locaux aux consommateurs malgré les restrictions sanitaires. Celui des Virées gourmandes de la Montérégie – mis en place par l’organisme La Montérégie, le garde-manger du
Québec – en est un bon exemple. Depuis octobre et jusqu’à mars prochain, les intéressés peuvent réserver en ligne une « boîte découverte » mensuelle contenant une dizaine de produits régionaux qu’ils vont ensuite récupérer à un point de cueillette.
« Le concept des boîtes “découvertes” représente une belle vitrine sur tout ce que l’on peut découvrir et redécouvrir en Montérégie », indique Sébastien Dion, directeur général de La Ferme Guyon, à Chambly, qui participe au projet.