Distillerie du St. Laurent (Photo: courtoisie)
TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. La pandémie a freiné l’avance de bien des entreprises, mais pas toutes. Certaines du secteur de la transformation alimentaire ont continué d’exécuter leurs plans d’agrandissement, alors que d’autres les ont carrément bonifiés.
La Distillerie du St. Laurent, basée à Rimouski, est l’une de ces audacieuses PME. La construction de sa nouvelle distillerie a commencé il y a quelques semaines à Pointe-au-Père, à une dizaine de kilomètres de là. Le projet était prévu depuis 2017, raconte le cofondateur, Joël Pelletier, qui s’est aussi attribué le titre d’Amiral de la marque.
« En mars, on était en Europe pour des foires commerciales et on a dû revenir plus tôt en raison de la cri se, raconte-t-il. C’est sûr qu’on paniquait comme tout le monde. Notre cœur s’est serré. » Finalement, la SAQ est demeurée ouverte et les consommateurs ont redécouvert l’achat local. Deux réalités possiblement salvatrices pour le projet de la distillerie.
« Si la SAQ avait fermé, je tiendrais peut-être un autre discours, reconnaît Joël Pelletier. En même temps, cet agrandissement, c’est un projet auquel on tenait. On avait une vision à long terme depuis des années, et la terre va recommencer à tourner un jour. Virus ou non, nous voulions donc aller de l’avant. »
La construction de cette nouvelle distillerie en bord de mer, un projet de 9,5 millions de dollars (M $), vise trois objectifs. Le premier est l’augmentation de la capacité de production de whisky et d’acerum, une eau-de-vie obtenue en distillant l’alcool issu de la fermentation de la sève d’érable. « On prévoit la tripler, même plus, calcule Joël Pelletier. On passe d’une capacité de 150 barils à 500 barils. »
Le second objectif est de permettre un meilleur accueil des visiteurs : en plus d’un chai de vieillissement, les nouvelles installations comprendront un café-bar avec terrasse, un espace dégustation et une boutique.
Finalement, Distillerie du St. Laurent vise à continuer d’améliorer la qualité de son offre. Puisque l’entrepôt de barils laissera entrer l’air extérieur, les spiritueux en vieillissement seront influencés par l’air salin et les variations de températures, ce qui donnera un goût particulier à ses produits.
Une expansion au goût sucré
Ludik, la société mère qui détient les boutiques de bonbons KandJu, avait, elle aussi, élaboré un plan d’expansion avant la crise sanitaire. Sauf que quand le virus a frappé et que l’économie s’est braquée, leurs ventes ont pris une trajectoire inattendue et inespérée : elles ont augmenté.
« Durant la première vague, nous avons fermé nos commerces volontairement, se souvient la cofondatrice, Marie-Ève Gladu. Du jour au lendemain, nos ventes web ont explosé. Ç’a été la folie ! Elles se sont multipliées par 100. »
L’autre cofondateur, François St-Laurent, ajoute que l’entreprise peine même à fournir à la demande. Depuis le début de la crise, la PME est passée de 85 à 105 employés. Elle n’arrive toutefois pas à embaucher comme elle le voudrait. « Avec la PCU, et maintenant la PCRE, c’est difficile de recruter depuis les derniers mois, note François St-Laurent. On est en période d’embauche intensive depuis trois semaines, et ça fait déjà trois fois que des employés sont embauchés et ne se présentent pas le lundi. Pour un poste, il faut faire 30 entrevues. »
Devant l’augmentation de la demande qu’a connue Ludik, qui désire devenir la plus grande chaîne de confiserie du pays, les dirigeants ont convenu qu’il serait approprié de saisir l’occasion pour revoir et renforcer ses plans d’agrandissement.
« Nous avions déjà des plans d’expansion, alors tant qu’à s’agrandir, aussi bien bonifier les plans tout de suite plutôt que de faire une deuxième phase plus tard, avec les coûts et les défis que cela implique », fait valoir François St-Laurent. L’augmentation projetée de 5000 à 6000 pieds carrés de surface de production et de stockage est ainsi devenue un agrandissement de 10 000 à 12 000 pieds carrés, faisant passer la surface totale du bâtiment à environ 25 000 pieds carrés.
Ludik compte aussi implanter un nouveau progiciel de gestion intégré en plus d’automatiser sa production, le tout au coût estimé d’environ 2 M $. Les travaux devraient débuter à l’automne 2021, voire au printemps 2022, parce que l’entreprise doit maintenant retourner à la planche à dessin. La bonification de son agrandissement l’oblige en effet à prévoir de nouvelles zones afin d’optimiser l’utilisation de tout cet espace. Elle doit également modifier l’orientation du bâtiment sur son terrain.
François St-Laurent est optimiste. « Je crois fermement que l’on va sortir de la crise plus fort qu’on y est entré. »