Il y a de bonnes raisons de vouloir souligner cette Journée de la vérité et de la réconciliation. Mais il y en a aussi de mauvaises. (Photo: Getty Images)
EXPERT INVITÉ. À l’approche de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre, plusieurs se demandent comment la souligner sans tomber dans une simple opération de relations publiques.
Il y a de bonnes raisons de vouloir souligner cette Journée de la vérité et de la réconciliation. Mais il y en a aussi de mauvaises.
D’abord, bien que cette Journée nationale soit aussi connue comme celle du «chandail orange», il ne suffit pas de demander à ses employés de porter des vêtements orangés. La commémoration de cette Journée est principalement celle de la connaissance, de l’éducation. C’est l’opportunité de se renseigner, de se sensibiliser et aussi de prendre un leadership en tant que dirigeant d’une entreprise de faire de la sensibilisation dans l’entreprise.
Le guide à suivre est la Commission de vérité et de réconciliation et ses appels à l’action. L’appel 92 demande au secteur privé de fournir des opportunités aux Autochtones, d’éduquer le personnel sur l’histoire des peuples autochtones au Canada, de consulter les Autochtones avant de lancer des projets de développement économique et de garantir que les communautés autochtones bénéficient à long terme de ces projets.
Un rôle pour les entreprises
Au cours des dernières années, j’ai constaté de grands progrès. La plupart des entreprises privées reconnaissent désormais les injustices qu’ont subies et que continuent de subir les peuples autochtones. Je constate de plus en plus d’entreprises qui souhaitent construire des relations solides et de confiance avec les communautés autochtones. L’avenir est positif.
Pourtant, alors que nous traçons tous le chemin vers la réconciliation, nous devons continuellement nous rappeler la vérité. Avant de pouvoir vraiment progresser, nous devons reconnaître et en apprendre davantage sur l’histoire complexe des peuples autochtones au Canada. Si nous voulons vraiment souligner la Journée de la vérité et de la réconciliation, nous devons commencer par vouloir développer une compréhension plus profonde de notre histoire commune, et de l’impact durable des pensionnats par exemple.
Derrière le chandail ou l’épinglette orange, l’esprit de la réconciliation implique donc une action réelle. Ce n’est pas seulement une journée, après tout, mais un processus continu qui exige un changement fondamental. Pour une entreprise privée, cela signifie être mal à l’aise. Et, c’est normal.
Il n’est pas nécessaire de tout brasser. Comme pour bien d’autres choses, la modération a ici bien meilleur goût. Il peut s’agir par exemple d’un simple message du président au personnel de l’entreprise dans lequel on pourrait offrir des liens pour s’informer. Si on veut aller plus loin, on peut offrir un dîner-causerie en invitant un membre d’une Première Nation. Je crois que l’un des aspects importants de la réconciliation passe d’ailleurs par laisser la parole aux Autochtones pour les raconter leurs histoires, y compris les aspects positifs reflétant les réussites et la résilience de leurs communautés.
Je suis ravi de voir les entreprises prendre le temps de souligner cette Journée. Déjà, l’an passé, Minerai de Fer Québec avait pris les devants en la reconnaissant comme une journée fériée et en organisant des activités pour tous ses employés. Ce sont des Autochtones qui animaient les activités. Cette année, Aluminerie Alouette a pris la décision de reconnaître cette Journée et l’a annoncée lors du récent Cercle économique régional qui se tenait dans ma communauté, Uashat mak Mani-utenam.
La commémoration est importante et nous devons en voir davantage. C’est en le faisant dans la sincérité et un réel engagement de passer de la parole aux actes que votre entreprise a sa place dans cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.
À relire: Les autochtones aimeraient voir des efforts d’entreprises au-delà du 30 septembre
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