(Photo: Elisa Ventur pour Unsplash.com)
BLOGUE INVITÉ. Lorsqu’on s’apprête à lancer une nouvelle entreprise, il existe de nombreuses occasions de se faire accompagner: incubateurs, subvention, mentorat, programmes gouvernementaux. On est à la fois encouragé, entouré et appuyé. Lorsque l’entreprise grandit et rentre dans une phase de croissance, nous avons à la fois les moyens financiers pour mieux s’entourer (comité consultatif, consultant avec des expertises pointues, etc.) et accès à différents programmes dont de nombreux accélérateurs qui vous accompagnent dans ce projet de croissance.
Mais lorsque ça va mal? Quel appui offrons-nous aux entrepreneurs? Être transféré au département des comptes spéciaux de la banque peut-être? (Prendre note ici que cela ne veut vraiment pas dire être spécial!) Appelez un syndic de faillite? La vérité est simple, lorsque ça va bien, vous serez entouré, appuyé, encouragé. Mais lorsque ça va mal et lorsque vous auriez encore plus besoin d’aide, vous découvrez un aspect très réel de l’entrepreneuriat: la solitude.
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C’est encore plus surprenant lorsque l’on sait qu’en plus, selon le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, seulement 35,3% des entreprises de la province poursuivent leurs activités cinq ans après leur création. Cela veut donc dire que 65% des entreprises vont fermer dans les 5 premières années.
Effectivement, certaines de ses entreprises n’ont pas su créer suffisamment de valeur pour survivre et ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. En revanche, plusieurs PME ont peut-être aussi vécu des difficultés circonstancielles (la pandémie par exemple) ou auraient pu devenir de grandes entreprises si elles avaient eu l’accompagnement pour traverser une tempête (une récession par exemple).
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Enfin un programme pour les entrepreneurs en difficulté
Lorsque Nathaly Riverain, une figure reconnue dans le monde de l’entrepreneuriat qui a autrefois été à la Fondation de l’Entrepreneurship pour ensuite cofonder et diriger l’École d’Entrepreneurship de Beauce pendant 6 ans m’a approché pour participer au programme «Persévérance entrepreneurial» en tant que GRANDS PERSÉVÉRANTS au côté de Marcel Dutil (Canam), Jean Laflamme (South Shore), Serge Beauchemin (Anges Quebec Capital), Louis Garneau et Nadia Bourgeois (ORÄ Partenaires), je n’ai pas hésité une seule seconde à accepter.
Après plus de deux ans de pandémie, bien des entreprises se trouvent dans une situation précaire. Les ventes ont repris, mais pas forcément au même rythme qu’avant, les coûts d’exploitation ont explosé. Résultat: plusieurs entrepreneurs jonglent avec l’idée de fermer leur entreprise ou se retrouvent en situation de faillite. Bonne nouvelle! Ils auront maintenant accès à de l’aide pour passer à travers ces moments difficiles grâce au Programme Persévérance entrepreneuriale qui sera lancé dès janvier 2023.
Persévérance entrepreneuriale, c’est quoi?
Il s’agit d’un programme personnalisé de formation et d’accompagnement unique en son genre qui s’adresse d’abord et avant tout à l’humain derrière l’entreprise pour lui offrir le soutien dont il a besoin et l’aider à éviter l’échec de son entreprise. Ce programme vient combler un vide pour les entrepreneurs.
Comme l’explique Nathaly Riverin, présidente fondatrice du Think tank en entrepreneuriat, l’organisme qui a conçu le programme, «il existe peu d’aide pour les entrepreneurs qui vivent ces difficultés».
«Quand les choses tournent mal, ils passent par de grands moments d’incertitude et d’anxiété et ont tendance à s’isoler, ajoute-t-elle sur son site internet. Un grand vide se crée autour d’eux. Leur vision devient floue. Après deux ans de pandémie et de main-d’œuvre limitée, l’énergie des entrepreneurs est au plus bas, certains perdent le goût de se battre pour sauver leur entreprise. Le programme priorise l’entrepreneur pour l’aider à rebondir et ne pas décrocher de l’entrepreneuriat. Et si la faillite est inévitable, on pourra aussi l’aider à y faire face. C’est un long tunnel avant de voir la lumière. Plusieurs nous disent: on ne s’en remet jamais complètement.»
Le programme s’adresse aux entrepreneurs de partout au Québec qui vivent de grandes difficultés financières ou dont la santé physique et mentale est affectée par la situation. Le programme est ouvert aux entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activités. Ceux-ci pourront bénéficier d’une foule d’avantages tels que 25 heures de coaching personnalisé, l’accès à un réseau d’entrepreneurs qui traversent la même situation, 30 heures de formation, l’accès privilégié à l’un des grands persévérants, un séjour à l’École d’Entrepreneurship de Beauce et jusqu’à 10 000$ de services professionnels spécialisés pour se doter de moyens de traverser la tempête.
J’en aurai eu besoin!
Il y a environ huit ans, j’étais l’un de ces entrepreneurs. De retour d’un séjour de l’École d’Entrepreneurship de Beauce sur le sujet des finances, je revenais à mon agence motivé à m’impliquer plus activement dans la gestion financière de celle-ci. Une phrase mentionnée par l’entrepreneur-coach présent m’avait personnellement marqué: «un PDG qui ne s’occupe pas de ses finances, ce n’est pas un bon PDG». À ce moment, je considérais que de regarder les états financiers chaque mois était suffisant. De retour au bureau, j’étais fermement motivé à développer mes compétences en finance et m’y impliquer. Cela aura été le début d’un des pires moments de ma vie!
Rapidement, je découvrais que des centaines de milliers de dollars étaient détournés. Pire encore, pour avoir suffisamment de liquidités pour détourner les fonds, la personne responsable n’avait pas réglé les paiements de cotisations TPS/TVQ depuis des mois et s’assurait de cacher les avis. J’étais évidemment le seul administrateur et donc, responsable face à ces paiements au sens de la loi.
Je suis rapidement passé du jeune entrepreneur de l’année chez Desjardins, aux comptes spéciaux au même endroit. En l’espace de quelques semaines, j’ai appris ce qu’était vraiment l’adversité. Cette histoire se terminera environ un an plus tard par la vente de l’entreprise et une proposition de consommateur. Ouf, j’ai l’impression de faire mon coming-out ici. Eh oui, j’ai fait une proposition de consommateur!
D’entrepreneur de l’année aux comptes spéciaux!
Durant cette année, au-delà de l’adversité, j’ai découvert à quel point il n’existe rien pour aider les entrepreneurs qui se retrouvent en difficulté. Cette période fut celle durant laquelle je me suis senti le plus isolé, le plus seul au monde. Avec la pression financière, impossible pour moi de sortir et de réseauter. En prime, je me sentais comme un échec sur deux pattes et j’étais gêné. Dès que je sortais, j’avais l’impression d’avoir l’étiquette «perdant» dans le front.
N’ayant presque plus d’argent, difficile à ce moment de me faire accompagner pour faire un plan de redressement. Les consultants que j’approchais voulaient évidemment tous être payés d’avance avec des taux horaires exorbitants pour cette période où chaque dollar comptait. Pire encore, l’école entrepreneuriale dans laquelle j’étais inscrit m’a même informé que si je n’étais pas en mesure de faire le paiement dû, il serait fort possible que je ne sois plus le bienvenu. Quand même paradoxal lorsqu’on parle d’une école d’entrepreneur. J’ai compris que c’était «pour ceux qui vont bien».
Dès que je tentais de parler de la situation avec des gens près de moi, on me lançait des «t’avais juste à mieux t’occuper de tes finances» ou encore, «tu devrais être réaliste, c’est déjà fini!» Merci pour les encouragements tout le monde!
J’ai alors maintes fois pensé tout abandonner. J’ai aussi eu des années noires. Tsé, lorsque tu te dis que la pression serait moins forte si le lendemain matin tu n’ouvrais pas les yeux. Je me suis dit que j’aurai mieux fait de me trouver un emploi comme tout le monde. J’étais qui pour avoir pensé que j’avais le talent de lancer une entreprise?
Malgré tout, j’ai persévéré. Probablement parce que cela fait partie de ma personnalité. On m’a dit non dans tous les programmes d’études dans lesquels je voulais étudier lorsque j’étais plus jeune. Pourtant, j’ai fini par enseigner dans la majorité de ces universités ou y être invité comme conférencier. Le directeur de mon école secondaire m’avait dit que je ne ferais jamais rien de bon dans la vie: pourtant, je crois que je ne m’en suis pas trop mal sorti.
Mon histoire ne s’est pas terminée de manière joyeuse. Mais grâce à l’appui financier de mon père, qui n’avait pourtant pas grand-chose, j’ai réussi à traverser la tempête, vendre l’entreprise (aux mauvaises personnes, c’est une autre histoire), payé une grande partie de l’argent dû et fait une proposition de consommateur plutôt qu’une faillite personnelle. Merci papa de m’avoir prêté une somme importante, dans la pire période. Sans le savoir, ce geste m’a donné beaucoup de courage et de confiance pour continuer.
Depuis, j’ai réussi à reprendre confiance en moi, relancer une nouvelle entreprise (Connect&GO) qui a récemment levé plus de 17 millions de dollars et suis impliqué dans une multitude de projets entrepreneuriaux. À la fin de ma période de «punition» de ma proposition de consommateur, je suis passé en quelques jours d’un refus catégorique à tout crédit personnel, à un appel de ma banque qui m’offrait les services d’un banquier privé pour s’occuper de moi. J’avoue que ça m’a fait sourire.
Laisse-toi aider!
Trop souvent, par orgueil, peur ou égo, nous, les entrepreneurs, ne savons pas demander d’aide. Nous craignons de décevoir: notre famille, nos employés, nos partenaires, nos investisseurs et nos clients. Malheureusement, nous allons souvent attendre trop longtemps et il sera de moins en moins possible de redresser la situation.
Alors à toi dont la peur de tout perdre et l’immense sentiment de solitude t’empêchent de dormir. À toi qui sens que tu l’échappes, mais tu ne sais pas par où commencer pour demander de l’aide. À toi qui crains de contacter ton banquier qui court après tes chiffres et qui est fatigué d’essayer, mais qui y crois encore, s’il te plaît, n’attends pas plus? Pour une fois, il y a quelque chose qui s’offre à toi.
Dès le 9 janvier, appelle au programme de persévérance entrepreneurial. Si tu as besoin d’aide avant, écris-moi. T’inquiète, je vais répondre, je l’ai vécu moi aussi d’être ignoré — et même si je ne peux pas garantir pouvoir t’aider, je m’assurerais de te diriger vers les bonnes ressources.
Et si tu as des idées plus noires: 1-866-APPELLE. Il existe souvent mille solutions que tu ne vois pas en ce moment!
Et à tous les entrepreneurs qui vont bien: partagez le message et n’oubliez pas que malheureusement, ce sera peut-être vous qui aurez besoin d’aide un jour.
J’en profite pour vous souhaiter un super temps des Fêtes!