Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour se lancer en affaires
Alain McKenna|Publié le 22 novembre 2019(Courtoisie)
On a parlé l’été dernier de la montre solaire québécoise Solios. À l’aube de la saison des Fêtes, elle a commencé à commercialiser ses produits. Le succès de l’entreprise est remarquable, d’abord parce que les start-up manufacturières sont un phénomène plutôt rare, au Québec, mais aussi parce que c’est le résultat d’un écosystème qui semble (enfin) avoir compris l’importance d’une bonne cohésion pour soutenir positivement les nouvelles entreprises.
En plus de vendre en ligne, Solios a récemment fait son apparition dans les magasins de la chaîne Simons. Peter Simons, qui dirige le populaire détaillant, l’a essayée, et l’a bien aimée. Résultat : les ventes risquent d’être bonifiées par une présence dans les boutiques de la chaîne à Québec, Montréal et Toronto. «Mon prochain défi est de voir Peter Simons porter une de nos montres en permanence», souhaite Samuel Leroux, cofondateur de Solios, qui est passé nous parler de son expérience sur le balado Une tasse de tech.
On parle souvent des misères et des déboires des nouveaux entrepreneurs. À tel point qu’on a parfois l’impression que pour avoir du succès, il faut se battre contre la concurrence, les investisseurs, le gouvernement… Bref, qu’il faut se battre contre le fameux système.
L’exemple de Solios va à l’encontre de cette perception. Et pourtant, le projet était assez ambitieux. Entre autres, le fabricant voulait créer une chaîne d’approvisionnement pouvant acheminer des matières recyclées aux usines produisant ses montres. Déjà, pour un fabricant établi, ça pourrait être tout un casse-tête. Pour une jeune pousse, c’est encore plus ambitieux. Les efforts et le capital nécessaires pour assurer que toute la chaîne se tient peuvent rapidement devenir insoutenables.
«L’aide gouvernementale a tout changé. On a ébauché un plan pour que ce soit possible, et c’est devenu réalité. C’est quand même fou, car on avait une idée, mais on ne savait pas comment faire.»
En fin de compte, concevoir une montre solaire aura pris deux ans à Solios. «La technologie n’avait jamais été intégrée de cette façon. Et une start-up ne sait jamais trop quand arrêter la R-D et se lancer dans la commercialisation», poursuit M. Leroux.
«Heureusement, au Québec, on a beaucoup de ressources pour aider à se lancer en affaires. C’est peut-être difficile à trouver, mais il y en a beaucoup. Les gens ne savent juste pas où les trouver, ou ils craignent que de demander de l’aide nécessite beaucoup de paperasse.
Et dernièrement, le gouvernement a créé des organismes qui font le pont entre les diverses ressources.
L’attrait des produits écolos
La marque Solios a vu le jour quand deux amis ont décidé de se lancer en affaires, promettant un produit «écoresponsable» et lançant une campagne sur le site de financement Kickstarter. Leur concept, une montre solaire dotée d’une pile au lithium assez compacte, mais suffisante pour faire bouger les aiguilles jusqu’à six mois entre deux expositions au soleil, a séduit de nombreux acheteurs au Québec, surtout, et un peu partout ailleurs sur la planète.
Annuellement, il se vend 300 millions de piles de montres dans le monde. Solios aimerait réduire ce volume, avec ses montres. L’entreprise a poussé le concept un peu plus loin en misant sur des matériaux recyclés, recyclables, ou de source renouvelable. Ça vaut notamment pour les bracelets, qui évitent d’utiliser des produits chimiques particulièrement nocifs là où ils sont déversés.
«Quand on visitait les usines en Asie, je me sentais comme dans Blade Runner, avec la pollution dans l’air. Et les rivières sont de la couleur des teintures utilisées pour le tissu et le cuir.»
Même le faux cuir est plus écolo qu’on le pense. Normalement, le cuir synthétique est produit à partir de résines de plastiques. Solios a voulu éviter ce matériau également, réduisant encore d’un brin son empreinte environnementale.
Du côté de l’emballage, Solios a décidé de rapatrier cette partie de sa production au Québec, où il lui a été possible de trouver des matériaux entièrement recyclés. «Ça respecte notre volonté d’être plus responsable», ajoute Samuel Leroux.
La suite pour Solios? Une version un peu plus huppée de sa montre… et peut-être des surprises. «On tripe sur notre technologie solaire. On espère développer d’autres produits, comme des sacs de voyage ou des sacs à dos sont le tissu serait une membrane solaire, et qui chargerait une pile à laquelle on branchera ses appareils portatifs pour les charger à leur tour.»
C’est à suivre. L’apparent succès de la première mise en marché de Solios donne le goût de suggérer aux fondateurs de l’entreprise de songer à faire du mentorat, également. Ce serait une bonne façon de renforcer un écosystème qui semble tourner de plus en plus rond. Comme une horloge. Ou une montre.
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