À l’échelle organisationnelle, cette recherche de circularité pousse à la réflexion : valorisons-nous au maximum nos ressources, dont les plus précieuses, les personnes de nos équipes. (Photo: 123RF)
BILLET. Trois mille milliards de dollars! C’est le poids mondial que représentera l’économie bleue d’ici 2030. Le Québec l’a bien compris et mise sur ses atouts dans ce secteur. Depuis quelques années, l’or bleu est donc au centre de l’attention et de multiples innovations, aux quatre coins du Québec.
Il est intéressant de voir que toute cette effervescence se crée autour de ressources existantes. On ne crée rien de nouveau, on utilise mieux ce qu’on a déjà.
Des entreprises issues d’autres secteurs, aussi bien manufacturier que du commerce de détail, ont également compris tout l’intérêt qu’elles avaient à transformer leur modèle d’affaires pour tendre vers l’économie circulaire. Même si, comme le prouvent Bicycles Quilicot ou Womance, le passage à l’acte est loin d’être un long fleuve tranquille, il est évident que se jeter à l’eau dès à présent leur donnera une longueur d’avance. Je suis convaincue que l’avenir appartient aux entreprises qui sauront concilier innovation et durabilité.
À l’échelle organisationnelle, cette recherche de circularité pousse à la réflexion: valorisons-nous au maximum nos ressources, dont les plus précieuses, les personnes de nos équipes. Pénurie oblige, on déploie beaucoup d’efforts pour dénicher la perle rare. On en met souvent moins par la suite pour permettre à ces mêmes talents de déployer tout leur potentiel. C’est d’autant plus regrettable que, comme nous le rappelle Nathalie Francisci, l’employé de demain souhaite relever des défis inédits et aspire à développer de nouvelles compétences.
Une des meilleures façons de lui permettre de le faire, c’est de lui offrir la possibilité de développer des projets innovants avec des personnes en dehors de son cercle habituel. Un aspect de la future zone d’innovation bleue que je trouve d’ailleurs particulièrement inspirant, c’est son écosystème transversal de collaboration : des centres de recherche, des entreprises et des start-ups innovantes travaillent toutes ensemble vers un même but. On imagine aisément que cela n’a pas été évident, mais le résultat est là!
Ce n’est pas un secret, la meilleure façon de faire émerger des idées vraiment nouvelles, c’est de rassembler des personnes issues de parcours variés afin de confronter des points de vue différents et d’explorer des possibilités autrement négligées. Pourtant, dans les faits, favoriser la collaboration et la création de ponts se révèle particulièrement difficile.
Une clé potentielle pour réussir réside dans une technique reposant sur le « challenge-driven leadership », détaillée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology dans l’article « How to cultivate leadership that is honed to solve problems ». Je vous en livre ici l’essentiel : la première étape, la plus cruciale, est de nommer les bonnes personnes à un projet — ce sont généralement celles qui sont animées par la nouveauté. Il faut ensuite leur transmettre l’envie sincère de relever le défi qui leur est présenté (pas d’ego ou de promotion à la clé). Cela leur permet de travailler ensemble pour le simple plaisir de réussir. Chacun mène tour à tour le projet en fonction de son expertise respective, dans une structure horizontale, sans chef préétabli. Votre rôle est alors simplement de les inspirer en amont pour mieux impulser le changement. Si vous avez un projet que vous aimeriez développer cet automne, je vous mets au défi de l’essayer!
Pour contribuer à bâtir l’organisation de demain, ouvrez-vous aux nouvelles idées et osez briser les silos. Comme le dit si bien Larry Smarr, un des plus grands experts mondiaux en innovation : « Vous ne pouvez pas prédire le futur, mais si vous voulez le créer, vous devez collaborer. »
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
marine.thomas@groupecontex.ca
@marinethomas