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Immobilier: Montréal réclame une taxe sur les investisseurs

Martin Jolicoeur|Édition de la mi‑mars 2019

Valérie Plante continue de réclamer du gouvernement du Québec des mesures pour empêcher que le marché immobilier ...

Valérie Plante continue de réclamer du gouvernement du Québec des mesures pour empêcher que le marché immobilier montréalais ne fasse l’objet de spéculations comme l’ont vécu avant elle les villes de Vancouver et de Toronto.

La mairesse de Montréal s’inquiète qu’une arrivée accrue de spéculateurs ne vienne à créer des distorsions qui rendraient à terme certains quartiers inaccessibles au commun des Montréalais.

Déjà, les derniers travaux de Francis Cortellino, économiste pour le compte de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), indiquent que 30 % des copropriétés du centre-ville sont achetées par des investisseurs, étrangers ou non. Et que, dans les cinq plus grandes tours de copropriétés de ce même quartier, jusqu’à 57 % des appartements se retrouvent entre les mains d’investisseurs.

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Ces derniers achètent avec l’objectif de louer leurs logements pour de courtes (Airbnb, Home Away, etc.) ou de longues périodes (un an ou plus). Ou encore de les revendre à profit, dès que leurs logements acquis sur plan deviennent accessibles à l’habitation, de deux à quatre années plus tard. Selon les données de la SCHL, plus de 7 % des copropriétés du centre-ville sont revendues moins d’un an après leur livraison.

Une taxe aux investisseurs étrangers et aux investisseurs locaux n’habitant pas leur logement, comme celles mises en place par les gouvernements provinciaux de Colombie-Britannique et de l’Ontario, à l’intention des régions de Vancouver (20 %) et de Toronto (15 %), est donc envisagée par Montréal.

Urgence ? Des avis qui s’affrontent

Des discussions à cet effet entre la Ville de Montréal et le nouveau gouvernement au pouvoir du premier ministre François Legault ont été entamées au cours des dernières semaines. Cela même si, pour l’heure, le cabinet du ministre des Finances ne semble pas pressé d’agir, se limitant à suivre de loin l’évolution du phénomène.

«Ce phénomène nous intéresse. Nous gardons un oeil attentif sur la situation, nous a indiqué l’attachée de presse Fanny Beaudry-Campeau, au nom du ministre des Finances du Québec, Éric Girard. Mais, pour le moment, la situation n’est pas jugée problématique.»

Cette réponse est conforme aux dernières analyses de Québec sur la question. Dans sa dernière mise à jour économique, le gouvernement du Québec soutenait que, malgré un intérêt croissant, la part des acheteurs étrangers dans l’ensemble des transactions effectuées sur l’île de Montréal demeurait somme toute «significativement inférieure» aux sommets enregistrés dans les villes de Toronto et de Vancouver.

Un argument qui ne convainc pas à l’hôtel de ville de Montréal. Robert Beaudry, conseiller de l’arrondissement Ville-Marie et responsable du développement économique et commercial au conseil exécutif, fait valoir que même si la surchauffe n’a pas encore atteint les niveaux observés à Toronto et à Vancouver, «des signaux inquiétants» méritent qu’on s’attarde à la question le plus tôt possible. «Il ne faudrait surtout pas attendre la catastrophe ou que la situation se dégrade davantage avant d’agir.»

Le phénomène, explique-t-il, a un impact suffisamment important sur le territoire pour que la Ville tente de le contrer. «Contrairement à tant d’autres métropoles, Montréal est dotée d’un centre-ville à la fois vivant et habité. Nous souhaitons qu’il en reste ainsi et voulons faire en sorte de conserver cette spécificité du mieux que nous le pouvons.»

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Le risque de la spéculation, explique-t-il, est que les logements de ces tours ne soient pas accessibles aux Montréalais. Soit en raison des prix de vente ou de location trop élevés, soit, encore, parce que les logements achetés, essentiellement pour la revente, ne sont ni occupés ni loués en attendant l’heure d’une transaction.

«Une telle pression sur les prix des logements risque de rendre certains quartiers inaccessibles, menaçant son abordabilité ainsi que son attractivité, autant pour les familles, étudiants et professionnels, que pour les entreprises à la recherche d’un milieu de vie sain et abordable pour leurs employés.»

Précaution : une taxe supramontréalaise

Pour éviter que les actions de Montréal ne fassent que déplacer le phénomène et ne profitent au final qu’à ses voisines (villes défusionnées et banlieues), Vincent Shirley, directeur du développement immobilier du Groupe Altus, conseille à la mairesse que les mesures envisagées s’appliquent à l’ensemble de l’île et de sa couronne.

Un peu à la manière de Vancouver et Toronto avant elle. Vancouver a même profité d’une révision à la hausse de sa taxe sur l’investissement spéculatif en 2017 (qui a été accru de 15 % à 20 %) pour élargir de plus belle le territoire d’application de cette taxe.

Joanie Fontaine, économiste en chef de JLR Solutions foncières, n’en pense pas moins. «Si une telle taxe devait être mise en place, il faudrait absolument qu’il y ait une coordination entre Montréal, l’ensemble des villes défusionnées de l’île (Ville-Mont-Royal, Westmount, Côte-Saint-Luc, Pointe-Claire, Dorval, etc.) et les banlieues hors îles rapprochées (comme Longueuil, Brossard, Laval, etc.).»

«Ce sont toutes des questions auxquelles il faudra réfléchir, répond le conseiller de Ville-Marie. Est-ce que des mesures pourraient s’étendre à l’ensemble de l’agglomération de Montréal ou encore plus largement à l’ensemble des villes de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ? Ça reste à voir. Il faudra mesurer l’impact d’une décision ou d’une autre.»

En attendant, les discussions entre Montréal et les cabinets du ministre des Finances et de la ministre Chantale Rouleau, responsable de la Métropole et de la région de Montréal, ont été entreprises. Et on espère du côté de Montréal que des avancées importantes sur la question soient accomplies d’ici le retour de la saison chaude.

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