«Alors que les augmentations de coûts proviennent de tous les niveaux de notre base de fournisseurs, les plus grandes marques mondiales se démarquent.» explique le directeur financier de Loblaw, Richard Dufresne (Photo: 123RF))
Brampton — Les grands fournisseurs mondiaux font grimper les coûts pour les Compagnies Loblaw, a affirmé mercredi la société en publiant des résultats pour le deuxième trimestre qui ont montré des bénéfices en hausse, malgré de plus faibles marges brutes.
«Nous avons reçu des augmentations. C’est pourquoi vous voyez des produits qui sont nettement plus chers qu’ils ne l’étaient il y a quelques années à peine», a expliqué le directeur financier de Loblaw, Richard Dufresne, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
«Alors que les augmentations de coûts proviennent de tous les niveaux de notre base de fournisseurs, les plus grandes marques mondiales se démarquent.»
L’un des plus grands fournisseurs de la société a soumis des augmentations de prix totalisant 50%, soit un quart de milliard de dollars, a poursuivi M. Dufresne. Les prix de la viande, des fruits et des légumes ont augmenté d’environ 5%, tandis que les prix des produits vendus dans les allées ont augmenté d’au moins 10%, a-t-il précisé.
«Le calcul est très simple: les augmentations de coûts des grandes marques étaient bien supérieures à l’inflation des aliments au Canada, et notre marge sur les aliments a diminué, a souligné M. Dufresne. L’idée voulant que les épiciers en profitent ne fonctionne tout simplement pas.»
Les géants de l’épicerie au Canada, dont le plus grand est Loblaw, font l’objet d’une surveillance accrue dans un contexte d’inflation vertigineuse qui a particulièrement touché les prix des aliments. Alors que l’inflation d’ensemble s’est modérée, ayant ralenti à 2,8% en juin, les prix des produits d’épicerie ont continué d’augmenter, progressant de 9,1% le mois dernier.
Les politiciens ont appelé l’industrie de l’épicerie à être plus transparente sur ce qui a généré ses bénéfices, qui se sont démarqués par leur importance même dans un contexte d’augmentation plus large des profits des entreprises.
Le mois dernier, le Bureau de la concurrence a publié une étude dans laquelle il conclut que l’industrie canadienne de l’épicerie a besoin de plus de concurrence pour que les prix des aliments soient maintenus à un bas niveau.
Les plus grands épiciers ont augmenté le montant de leurs ventes de produits alimentaires ces dernières années, a indiqué le Bureau de la concurrence, les trois plus grands épiciers ayant collectivement déclaré environ 3,6 milliards $ de bénéfices l’année dernière. Les marges brutes de l’alimentation ont augmenté «de façon modeste, mais significative», prenant un à deux points de pourcentage au cours des cinq dernières années, selon l’étude.
Profits en hausse au 2e trimestre
La croissance du bénéfice net a été «exceptionnellement élevée» en raison d’une charge de l’année précédente à la Banque le Choix du Président, a expliqué Loblaw dans un communiqué de presse, notant que le profit net ajusté avait augmenté de 10,6%.
La société mère des enseignes Loblaw et Shoppers Drug Mart (Provigo et Pharmaprix au Québec) a précisé que son bénéfice s’élevait à 1,58$ par action pour le trimestre terminé le 17 juin, comparativement à 1,16$ par action au deuxième trimestre précédent.
Les revenus pour la période de 12 semaines ont totalisé 13,7 milliards $, contre 12,8 milliards $ un an plus tôt.
Les ventes des magasins ouverts depuis au moins un an du secteur de l’alimentation ont augmenté de 6,1%, tandis que celles des pharmacies ouvertes depuis au moins un an ont augmenté de 5,7%.
La croissance des ventes au détail de produits alimentaires a été soutenue par un déplacement continu des consommateurs vers les magasins à bas prix, comme ceux de la chaîne Maxi, ainsi que par un intérêt pour les marques maison de la société.
Les enseignes de très bas prix ont continué de surpasser l’ensemble du canal des magasins à bas prix, a souligné M. Dufresne, ajoutant que l’empreinte des enseignes de bas prix de Loblaw au Québec avait augmenté au deuxième trimestre avec la conversion de 10 magasins Provigo à l’enseigne Maxi. Dix autres conversions sont prévues au troisième trimestre.
Cependant, Loblaw a ajouté que la marge brute du commerce de détail avait légèrement diminué dans les catégories des aliments et des médicaments, affirmant qu’elle faisait face à des augmentations de plus de 10% des coûts des fournisseurs qui n’étaient pas entièrement répercutées sur les consommateurs.
Les équipes de Loblaw tendent la main aux fournisseurs et font pression pour que les coûts soient réduits, a assuré M. Dufresne.
Les négociations entre les épiciers et les fournisseurs, normalement peu médiatisées, ont été accentuées dans un contexte d’inflation alimentaire élevée. Au printemps dernier, l’absence de produits Frito-Lay dans les magasins appartenant à Loblaw a rendu public un différend sur les prix entre les deux sociétés. Une fois le problème réglé, les Cheetos, Doritos et autres grignotines ont refait leur apparition sur les tablettes des magasins.
Au dernier trimestre, Loblaw avait également pointé du doigt les grandes multinationales alimentaires, affirmant que les coûts des produits avaient augmenté du double de la norme historique. Cependant, à l’époque, l’un des plus grands groupes de l’industrie des fournisseurs de produits alimentaires au Canada avait déclaré à La Presse Canadienne que les fournisseurs étaient confrontés à leurs propres pressions, qui prenaient la forme d’une augmentation des coûts de fabrication.
De grandes marques alimentaires, dont Coca-Cola, PepsiCo, Kraft Heinz et General Mills, ont signalé une augmentation des prix dans leurs récentes publications de résultats.
Sur une base ajustée, Loblaw a gagné 1,94$ par action au cours du plus récent trimestre, un résultat en hausse par rapport au bénéfice ajusté de 1,69$ par action d’il y a un an.
Les ventes de commerce électronique de l’entreprise ont augmenté de 13,9%.
Loblaw a dit s’attendre à ce que ses activités de vente au détail dégagent une croissance du bénéfice plus élevée que celle du chiffre d’affaires pour l’ensemble de l’exercice.
Elle prévoit en outre accroître ses investissements dans le réseau de magasins et les centres de distribution en investissant un montant net de 1,6 milliard $ en dépenses en immobilisations.