Québec a nommé un nouveau sous-ministre au CA d’Hydro-Québec
François Normand|Publié le 09 février 2023Le gouvernement de François Legault a nommé M. Bahan par décret au CA de la société d’État. (Photo: La Presse Canadienne)
Sans tambour ni trompette, Québec a nommé un nouveau représentant du gouvernement au conseil d’administration d’Hydro-Québec, un mois avant l’annonce du départ de sa PDG Sophie Brochu.
Il s’agit de David Bahan, qui est depuis 2018 sous-ministre au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, dirigé par Pierre Fitzgibbon. Le gouvernement de François Legault a nommé M. Bahan par décret au CA de la société d’État le 14 décembre.
Son mandat vient à échéance le 1er juin 2026, selon le site internet d’Hydro-Québec.
Économiste de formation, M. Bahan a œuvré auparavant au ministère des Finances de 2002 à 2018. Il y a occupé plusieurs postes, dont ceux de sous-ministre à compter de 2013.
Sans être un spécialiste en énergie, M. Bahan connaît Hydro-Québec.
De 2016 à 2018, lorsque ce dernier était sous-ministre adjoint aux politiques fiscales aux entreprises, au développement économique et aux sociétés d’État au ministère des Finances, il était responsable du producteur d’énergie en ce qui a trait au volet fiscal.
Quatrième changement en deux mois
Depuis le 1er décembre, il s’agit donc du quatrième jeu de chaises musicales à survenir au conseil d’administration et à la direction de la société d’État, et ce, avec les départs annoncés de la présidente du CA Jacinthe Côté, de la PDG Sophie Brochu et du vice-président exécutif Éric Filion.
M. Bahan remplace Marie-Josée Lizotte, qui est actuellement sous-ministre au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Québec avait nommé Mme Lizotte au conseil d’administration d’Hydro-Québec le 19 août 2020. Elle a quitté ses fonctions le 28 novembre, soit après une période de 2 ans et 3 mois.
Or, le 1er juin, le cabinet du premier ministre François Legault avait pourtant renouvelé son mandat de représentante du gouvernement sur le conseil d’Hydro-Québec.
«Mme Marie-Josée Lizotte est nommée de nouveau membre du conseil d’administration de cette société», soulignait le communiqué publié alors par le cabinet du premier ministre François Legault.
Depuis 2020, Mme Lizotte était sous-ministre au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.
Or, récemment, Québec a transféré le portefeuille de l’énergie dans le giron du ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui est devenu le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
Cette décision de les regrouper s’inscrit dans la volonté du gouvernement Legault de faire jouer un plus grand rôle à Hydro-Québec dans le développement économique de la province, en construisant notamment de nouveaux barrages.
Chez Hydro-Québec, on confirme qu’il y a une tradition selon laquelle le représentant du gouvernement au CA de la société d’État soit un sous-ministre de l’Énergie. (Photo: 123RF)
De 2010 à 2020, Mme Lizotte avait aussi occupé différents postes au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, dont celle de sous-ministre adjoint aux évaluations et aux autorisations environnementales.
Joint par Les Affaires, le ministère du Conseil exécutif — le bureau du premier ministre — affirme dans un courriel que Mme Lizotte «a démissionné» dans la foulée de la création du nouveau ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
«Suivant les changements de structure du ministère, Marie‐Josée Lizotte, membre du CA d’Hydro-Québec, a démissionné de ses fonctions le 28 novembre 2022. La pratique veut que ce soit le sous‐ministre responsable de l’énergie qui siège au CA», écrit un porte-parole.
Chez Hydro-Québec, on confirme qu’il y a une tradition selon laquelle le représentant du gouvernement au CA de la société d’État soit un sous-ministre de l’Énergie.
Toutefois, le Conseil exécutif n’a pas été en mesure d’expliquer s’il avait ou non un lien entre la nouvelle nomination de M. Bahan au conseil d’administration d’Hydro-Québec et la mission plus économique assignée désormais à la société d’État.
Les raisons officielles des départs
Hydro-Québec a donc été le théâtre de quatre changements importants depuis un peu plus de deux mois.
Le 1er décembre, Hydro-Québec a publié un communiqué dans lequel elle annonçait que Jacynthe Côté avait informé le gouvernement qu’elle ne solliciterait pas un second mandat à la présidence du CA au terme de celui se terminant en mai.
Pour justifier son départ, Mme Côté a évoqué le fait qu’elle a été nommée présidente du conseil de la Banque Royale.
Le 10 janvier, Sophie Brochu a annoncé qu’elle quitterait ses fonctions le 11 avril. Cette décision avait créé une onde de choc, sur fond de rumeur de relations tendues entre elle et Pierre Fitzgibbon, ministre l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
Mme Brochu a nié à plusieurs reprises que l’annonce de son départ puisse avoir un lien avec la volonté de Québec de s’impliquer davantage dans les affaires de la société d’État.
Toutefois, selon plusieurs sources interviewées par Les Affaires, son départ est le symptôme d’un choc des visions sur l’avenir du développement durable entre la PDG d’Hydro-Québec et Pierre Fiztgibbon, le super ministre de l’Économie.
Enfin, le 31 janvier, c’était au tour d’Éric Filion d’annoncer son départ d’Hydro-Québec. Dans un communiqué, il a indiqué qu’il souhaite entamer un «nouveau chapitre de sa carrière».
Une semaine plus tard, le 6 février, il a annoncé qu’il avait rejoint son ancien patron chez Bombardier, Éric Martel, PDG de l’avionneur québécois, qui a aussi dirigé Hydro-Québec de 2015 à 2020.