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Rio Tinto: un changement d’approche, dit Fitzgibbon

La Presse Canadienne|Publié le 13 juin 2023

Rio Tinto: un changement d’approche, dit Fitzgibbon

Rio Tinto a déjà fait valoir que l’accord simplifierait la structure de propriété de la mine et renforcerait son portefeuille de cuivre. (Photo: 123RF)

Les contrats à partage de risque avec les alumineries ont été payants pour le Québec, défend le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui préconise toutefois une autre approche pour soutenir l’industrie à plus long terme.

La formule de contrat à partage de risque prévoit que le tarif d’électricité payé par les alumineries varie selon le prix de l’aluminium. L’idée était d’offrir un incitatif qui tienne compte de la volatilité du marché mondial de l’aluminium. Ces contrats ont été signés par les précédents gouvernements et non pas par Hydro-Québec.

 

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L’approche a été critiquée tandis que les conditions du marché de l’aluminium ont fait en sorte qu’Hydro-Québec a touché moins que le tarif payé par les autres industries (tarif L) entre 2015 et 2021.

Québec n’est pas un «Dollarama de l’électricité», défend M. Fitzgibbon, qui reprend l’expression qu’il juge injuste d’autant plus qu’elle est péjorative pour le détaillant montréalais qui «est une très bonne compagnie», selon lui.

«Quand on regarde la productivité des alumineries, même selon la modulation antérieure, c’était profitable pour le Québec», répond le ministre, mardi, en marge du dévoilement d’un nouveau baromètre économique conçu par la firme BCF Avocats d’affaires et la firme de conseils Quadra.

«Ceci étant dit, pour être transparent avec la population, que toutes les industries soient tarifées au même taux et qu’on fasse des incitatifs séparés par industrie, je pense que c’est la bonne chose à faire», ajoute-t-il.

L’entente entre Rio Tinto et Québec, dévoilée la veille, ramènera l’entreprise au tarif L à partir de janvier 2026. L’accord pourrait servir d’exemple au moment de renouveler les autres contrats à partage de risque conclus avec les alumineries québécoises, dit le ministre.

«Il y a beaucoup de contrats existants. Alors on va respecter tous les contrats qui ont été signés par les gouvernements précédents, précise-t-il. Il faut y aller de manière progressive, c’est le premier qu’on fait.»

Plutôt que de miser sur la variabilité des prix d’électricité, le gouvernement Legault a accordé à Rio Tinto un prêt pardonnable de 150 millions $ conditionnel à un certain seuil d’emplois dans le cadre d’un investissement de 1,4 milliard de dollars (G$) pour la construction de 96 cuves de la technologie AP60 à Saguenay. «Ça envoie un message», admet le ministre.

«La théorie pour moi, c’est qu’on doit tarifer tout le monde au même taux, qui est un tarif qui est régi par le Régie de l’énergie et que, s’il y a des incitatifs à donner, on les fait à part au ministère de l’Économie. Alors tout est plus transparent.»

Une aide vitale, selon l’industrie

Le contrat de partage de risque de Rio Tinto a une importance relative moindre dans les activités de la société, car elle possède ses propres barrages qui comblent 95% de ses besoins énergétiques au Québec. La situation est différente pour Alcoa et Alouette qui dépendent entièrement des électrons d’Hydro-Québec. Les deux entreprises doivent renouveler des contrats en 2029.

Pour l’industrie, c’est un échéancier rapproché. Les alumineries ont besoin de visibilité à long terme pour estimer la rentabilité de leurs projets, souligne le président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada, Jean Simard, en entrevue plus tard dans la journée. «La production est cinq fois moins coûteuse en Chine», ajoute-t-il.

Le partage de risque à l’aide des tarifs d’électricité «a sauvé la mise» pour l’industrie québécoise de l’aluminium dans un environnement de prix déprécié dans les années 2010, plaide M. Simard. «Une quarantaine d’alumineries ont fermé ailleurs dans le monde.»

M. Simard n’est toutefois pas fermé à l’idée de revoir la façon dont cette aide est déployée, même si la formule de partage de risque a fait ses preuves, selon lui. «Ce qui compte, c’est que ça maintienne la compétitivité. C’est le principe qui est important.»