Électricité: un gel des tarifs serait une erreur, selon l’IDQ
La Presse Canadienne|Publié le 17 mars 2022Québec ferait une erreur en décrétant un gel des tarifs d’électricité ou en suspendant les taxes sur l’essence, croit la présidente de l’Institut du Québec (IDQ), Mia Homsy. (Photo: 123RF)
Québec ferait une erreur en décrétant un gel des tarifs d’électricité ou en suspendant les taxes sur l’essence, croit la présidente de l’Institut du Québec (IDQ), Mia Homsy. La marge de manœuvre financière du Québec n’est pas aussi grande que le laisse croire l’embellie des finances publiques à court terme, prévient-elle.
Le gouvernement pourrait atteindre l’équilibre budgétaire dès l’exercice 2023-2024, avant les versements au Fonds des générations, selon un rapport publié jeudi par l’IDQ. Cette situation serait toutefois de courte durée puisque le budget québécois pourrait renouer avec l’encre rouge dès 2027-2028 en raison du vieillissement de la population.
«On a de la marge de manœuvre à court terme, mais il ne faut pas, non plus, trop s’emballer, prévient Mme Homsy en entrevue. Il y a des défis qui s’en viennent.»
Le vieillissement de la population va avoir un effet sur les finances publiques, qui serait bien visible dans quelques années. «La démographie, elle joue à deux niveaux, explique la présidente de l’IDQ. Elle limite la croissance du PIB et, donc, la croissance des revenus autonomes. Le vieillissement de la population coûte aussi plus cher, car il met de la pression sur le système de santé.»
Si rien n’est fait pour fouetter la croissance économique, le gouvernement risque d’enregistrer un déficit de 10 milliards $, avant le versement au Fonds des générations, au cours de l’exercice 2032-2033. Si l’on tient compte des versements au Fonds des générations, le déficit atteindrait 15 milliards $ au sens de la Loi sur l’équilibre budgétaire.
Gel de tarif, une «mauvaise idée»
La mise en garde de l’IDQ sur le déficit structurel survient dans un contexte où de nombreux intervenants réclament un soutien gouvernemental pour aider les ménages à composer avec l’inflation, qui érode leur pouvoir d’achat.
De nombreux ménages se trouvent dans une situation précaire en raison de l’inflation, soulignait la porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière de finances publiques, Ruba Ghazal, lundi. «J’ai des gens (…) qui me parlent de la facture de leur épicerie qui explose, de leurs loyers qui augmentent, la facture d’Hydro-Québec. (…) Tout coûte plus cher.»
Le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS) ont demandé un gel des tarifs d’électricité tandis que le Parti québécois (PQ) propose de figer les tarifs de toutes les sociétés d’État. Le Parti conservateur du Québec, pour sa part, réclame une suspension temporaire des taxes sur le carburant.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), Option consommateurs et l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité (AQCIE) ont formé un front commun demandant, eux aussi, un gel des tarifs d’électricité.
Québec devrait aider les ménages autrement, croit Mme Homsy. «Ça prend des mesures ciblées qui vont compenser les revenus pour les personnes à faibles revenus. Il y a des gens qui peuvent se le permettre, de payer plus pour l’essence, temporairement.»
C’est l’approche que semble avoir choisie le gouvernement Legault qui dévoilera son budget le 22 mars prochain.
Mme Homsy reconnaît toutefois que la hausse anticipée des tarifs d’électricité de 4% à 5% en 2023 représente une variation trop brusque. Critiqué par l’opposition pour avoir changé le mécanisme de détermination des prix, le premier ministre François Legault s’est d’ailleurs engagé à ce que la hausse soit moins importante.
La solution n’est pas de geler les tarifs, pour autant, poursuit la présidente de l’IDQ. Les gels de tarifs ont un effet à long terme sur les revenus de l’État, effet difficile à corriger en raison du coût politique de le faire. «Il ne faudrait pas commencer à hypothéquer les prochaines années, sinon le portrait qu’on présente aujourd’hui, bien ça va être pire.»